Le texte que nous allons étudier est un extrait du fragment 56 des Pensées de Blaise Pascal.
Blaise Pascal est un mathématicien, physicien, théologien et philosophe français, né en 1623 et mort en 1662. Après un entretien avec M. de Sacy en 1655, Pascal entreprend d'écrire une Apologie de la religion chrétienne, dont les fragments épars nous sont connus sous le titre de Pensées, mais qu'il ne peut achever avant sa mort. Cette œuvre n'est pas destinée au peuple, mais aux lettrés et aux savants. Pascal y vise en effet les 'libertins', penseurs et moralistes érudits et savants sur lesquels la religion chrétienne n'a plus de prise. Le but de Pascal est donc de les persuader en s'adaptant à leur esprit par la subtilité de son argumentation.
L'extrait que nous allons étudier provient de la liasse intitulée 'Misère' et qui comprend 24 fragments (53 à 76). Deux thèmes y sont principalement développés : l'injustice humaine et l'inconstance de l'homme. Cette liasse constitue une sorte de série de réflexions sur le comportement politique de l'homme, sur son incapacité à organiser la société de manière stable. Plus précisément, Pascal critique ici les lois établies injustement par les hommes et qui ne répondent pas à la 'justice véritable'.
La réflexion de Pascal dans ce texte repose sur la question suivante : la condition de l'homme lui permet-elle d'organiser de manière durable une société basée sur des lois justes ?
[...] La suite de ses propos souligne l'existence d'un élan général du peuple dans le processus de remise en cause des lois établies, c'est-à-dire que le peuple prête aisément l'oreille à ces discours Cependant, il se presse d'ajouter que le peuple ne peut être gagnant de manière durable, car les lois nouvellement instaurées ne répondant pas à la véritable justice, il en résulte qu'elles sont amenées à disparaître. Dès lors, les grands en profitent Ainsi, la misère de l'homme fait que la recherche d'un bien ne va pas sans conduire aussi un mal contraire. Par conséquent, il convient, selon Pascal, de piper le peuple pour le bien des hommes c'est-à-dire pour qu'ils n'instaurent pas une justice encore plus mauvaise. [...]
[...] L'homme déchu est dominé par la sensualité, la curiosité et l'orgueil (fragments 67 et 72) et berné par ces puissances trompeuses que sont l'imagination, la coutume et l'amour-propre (fragments 23 et 41). C'est donc dans cette condition misérable de l'homme que Pascal trouve sa justification de la démarche de tromper le peuple pour son bien. Il faut cacher au peuple la vérité de l'usurpation cette usurpation étant le fait d'avoir basé la justice sur la coutume, sur la raison humaine. Cette justice s'est alors établie comme une norme et il paraît dangereux de la remettre en cause. [...]
[...] Il est possible de partager ce texte en trois temps et notre étude respectera cette division pour commenter les propos de Pascal. En premier lieu, de la ligne 1 à la ligne Pascal critique les lois basées sur la coutume et dénonce les limites de la raison humaine. Ensuite, de la ligne 8 à la ligne 13, il s'intéresse à la remise en cause de ces lois et aux conséquences sur la stabilité de la société. Enfin, de la ligne 13 à la fin, il expose l'attitude qu'il faut avoir vis-à-vis du peuple pour maintenir un certain ordre même si celui-ci est basé sur des lois fausses. [...]
[...] Elle ne se résume donc pas à l'homme, elle préside également aux institutions, aux coutumes, et aux rapports sociaux. L'auteur des Pensées en vient donc à affirmer que si l'on cherche à sortir de cette situation misérable en recourant aux lois fondamentales et primitives de l'État qu'une coutume injuste a abolies on se précipite dans un malheur encore pire : c'est un jeu sûr pour tout perdre Cet art de fronder se révèle donc être le moyen le plus sûr de provoquer des guerres civiles, l'anarchie, et le débordement de la violence, c'est-à- dire que rien ne sera juste à cette balance La misère est à ce point consubstantielle à la condition humaine que l'on n'a pas le choix entre un bien et un mal, mais entre deux maux dont il convient de choisir le moindre. [...]
[...] Cependant, Pascal craint les conséquences de la remise en cause de l'ordre établi même s'il le juge sans fondement valable. En effet, le fait de vouloir recourir aux lois fondamentales et primitives de l'État qu'une coutume injuste a abolies correspond à la vanité de l'homme qui est, selon Pascal, une autre caractéristique de sa condition. La vanité réside dans le jugement où plutôt dans l'impossibilité de bien juger. Elle consiste à attacher beaucoup de valeur à ce qui en a peu ou plus radicalement, à attacher de la valeur à ce qui n'en a pas. [...]
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