En France, Jacques Bénigne Bossuet (1627-1704) parvient à construire l'édifice théorique le plus riche et le plus abouti du droit divin. Evêque de Condom, précepteur du Dauphin, puis évêque de Meaux, il s'impose comme l'une des figures ecclésiastiques les plus influentes du « Grand siècle ». Il devient le véritable chef de l'Eglise de France dans les années 1680 et, sur le plan doctrinal, le principal inspirateur de la théologie de gouvernement sous le règne du Roi-Soleil.
Théologien, philosophe et historien, il est d'abord l'un des pères de la tradition « gallicane ». Cette attitude refusant les ingérences pontificales dans les affaires du royaume est déjà ancienne. Ses promoteurs défendent l'autonomie de l'Eglise de France, mais aussi l'indépendance du pouvoir monarchique à l'égard du pape. A la jonction des XVIe et XVIIe siècles, le gallicanisme devient l'un des principaux soutiens de la pensée absolutiste. On doit en rechercher l'origine dans les écrits de Pierre Pithou (Libertés de l'Eglise gallicane, 1594) et Jean Savaron (De la souveraineté du roi et de son royaume, 1615). Selon eux, l'autonomie et l'unité religieuse de l'Eglise de France exigent que le roi n'ait aucun compte à rendre à l'autorité de Rome et qu'il exerce un pouvoir absolu en son royaume. Durant le XVIIe siècle, le clergé français se rallie à ces thèses. Celles-ci deviennent la doctrine officielle du royaume sous Louis XIV, en grande partie grâce à Bossuet qui rédige, pour la circonstance, la solennelle Déclaration des quatre articles (1682). En un siècle, L'Eglise de France est devenue le puissant auxiliaire de la monarchie absolue.
Bossuet n'entend pas simplement apporter l'appui de l'Eglise institutionnelle à la couronne de France. Par sa doctrine, il érige la royauté en véritable institution religieuse. Sa Politique tirée des propres paroles de l'Ecriture sainte (posthume 1709) constitue une justification systématique des fondements divins de la monarchie. Persuadé que les concaténations de l'histoire restent soumises aux décrets de la Providence divine, il rattache les secrets de la politique aux vérités délivrées par la Bible.
[...] Étude de la théologie de Bossuet sur l'état et ses chefs : les dépositaires de la souveraineté Introduction En France, Jacques Bénigne Bossuet (1627-1704) parvient à construire l'édifice théorique le plus riche et le plus abouti du droit divin. Évêque de Condom, précepteur du Dauphin, puis évêque de Meaux, il s'impose comme l'une des figures ecclésiastiques les plus influentes du Grand siècle Il devient le véritable chef de l'Église de France dans les années 1680 et, sur le plan doctrinal, le principal inspirateur de la théologie de gouvernement sous le règne du Roi-Soleil. [...]
[...] De même, c'est la faiblesse de Pilate qui conduisit le Christ à la mort. IXe proposition : La fermeté est un caractère essentiel à la royauté La condition de l'exercice du pouvoir royal est la fermeté. Non seulement le roi ne peut gouverner effectivement s'il n'attache à ses décisions le poids de la fermeté, mais encore, c'est un devoir du prince qui fait appliquer les lois divines. Il en va ainsi de Josué qui guide le peuple juif au-delà du Jourdain, en vertu des décrets divins. [...]
[...] Persuadé que les concaténations de l'histoire restent soumises aux décrets de la Providence divine, il rattache les secrets de la politique aux vérités délivrées par la Bible. I. L'autorité royale est absolue (Article Premier) Ire proposition : Le prince ne doit rendre compte à personne de ce qu'il ordonne L'autorité royale est au service du Bien. L'autorité est la condition de l'exercice du Bien et de la sanction du Mal : elle ne peut être contestée. Comme l'exprime St Paul, les sujets n'ont pas à la craindre tant qu'ils servent le Bien. [...]
[...] La contradiction centrale est la suivante : le Prince est-il au dessus de la Loi ou au dessous de la Loi ? Il en découle une antinomie entre les 2 maximes: princeps legibus solutus (au dessus des lois) et princeps legibus alligatus (au dessous de la loi). C'est St Thomas d'Aquin qui surmonta la contradiction : le prince est legibus solutus au regard de la vis coactiva la puissance coercitive de la loi positive qui reçoit sa puissance du prince lui-même ; mais le Prince est lié par la vis directiva la puissance directive de la loi naturelle à laquelle il doit se soumettre volontairement. [...]
[...] En étant follement ferme contre la Justice, le prince sape les fondements mêmes de sa royauté. IIIe proposition : Le prince doit commencer par soi-même à commander avec fermeté, et se rendre maître de ses passions Pour éviter ces deux écueils que sont paresse et fausse fermeté, Bossuet explique que la fermeté du prince doit d'abord s'exercer à son propre égard. Le premier de tous les empires est celui que l'on a sur ses désirs En effet, quel homme pourrait prétendre commander autrui alors qu'il est incapable de se gouverner soi-même ? [...]
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