Qu'est-ce que la philosophie politique ? chapitre III, Léo Strauss, 1992, vie politique, habileté politique, rhétorique, rôle du législateur, Jean-Jacques Rousseau, risque de guerre civile, Hobbes, aristocratie, vertu politique
La philosophie politique classique était branchée sur la vie politique, et s'en nourrissait de manière directe. Ses problèmes sont ceux de la vie politique, les termes dans lesquels elle les pose sont ceux de la vie politique. La philosophie politique moderne rompt avec cette tradition, perd cette liaison directe avec la vie politique, et notamment ce qui était le problème fondamental de l'ancienne philosophie, et en un sens aussi celui de la vie politique : la question du meilleur ordre politique. Elle veut résoudre les problèmes que pose la vie politique en se servant des distinctions de la vie politique elle-même et sa méthode, en quelque sorte celle de la vie politique, de même que dans la vie politique des partis, oppose et élève des prétentions opposées au nom de la justice.
Elle oppose également des prétentions opposées au nom du bien de la communauté qu'un arbitre doit rendre à chacune des parties ce qu'elle mérite. C'est la fonction du bon citoyen de faire parvenir les partis civiles opposés à un accord, et le philosophe politique est celui qui entreprend d'être cet arbitre, au meilleur degré. Pour remplir cette mission, bien sûr il doit poser des questions qui ne font jamais objet de débat dans la vie politique, mais c'est toujours pour répondre et revenir aux problèmes et questions que celles-ci lui posent.
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[...] C'est une question qui convoque la philosophie devant le tribunal de la communauté politique, et rend la philosophie politiquement responsable : La République de Platon est une ainsi d'une certaine façon la tentative de donner une justification politique de la philosophie en montrant que le bien-être de la communauté dépend de l'étude de la philosophie, et donc la justifier dans les termes propres à la communauté politique c'est-à-dire d'une argumentation s'adressant à des citoyens, partir d'opinions généralement acceptées, de manière dialectique donc ; dès lors, dire philosophie politique ne désigne pas tant un sujet qu'une façon de traiter le sujet : la philosophie politique désigne non pas seulement le traitement philosophique de la politique, mais le traitement politique ou populaire de la philosophie, l'introduction politique à la philosophie pour fils de citoyens bien doués, vers un éloge de la vie philosophique. [...]
[...] Rousseau semble avoir beaucoup de rapports avec cette vision de la philosophie politique, car son projet de chercher une règle d'administration légitime et sure qu'est-ce sinon résoudre un problème direct de la vie politique ? Cependant, un des problèmes essentiels de la philosophie classique, le risque d'une guerre civile potentielle, repris chez Hobbes, est différemment appréhendé, en témoigne sa déclaration, I : Si le peuple peut renverser son régime illégitime, tant mieux. IV - Qui doit gouverner ? La question du meilleur régime Donc dans la vie politique, des partis opposés, des groupes d'hommes opposés luttent pour le pouvoir à l'intérieur de la communauté, la question philosophique comme arbitrage est alors qui doit gouverner ? [...]
[...] II - Naissance de la science politique Dès lors que le lien à la vie politique se perd, la question de la méthode devient fondamentale c'est-à-dire la question de comment se rapporter aux choses politiques pour les comprendre ? La science politique qu'un homme possède n'est pas une doctrine enseignable mais une habileté propre, une sagesse pratique, une faculté de bien diriger la communauté politique, n'importe quelle communauté politique : Thémistocle est admiré à Athènes comme chez les Barbares, car il possède cette habileté et peut donner de bons conseils en politique à n'importe quelle communauté. [...]
[...] Or le législateur légifère d'abord pour sa propre communauté mais doit soulever certaines questions qui intéressent toute législation, questions qui sont celles de la science politique la plus architectonique : la science qui permet à un homme d'enseigner à des législateurs. Le philosophe politique qui a atteint son but est le maitre de législateurs Or le fondement de la législation porte sur le type d'hommes qui doivent gouverner la communauté. Elle ne s'intéresse pas à des questions concernant les relations extérieures de la communauté politique mais s'intéresse premièrement à la structure intérieure de la communauté politique, parce que cette structure intérieure est essentiellement le sujet d'une controverse politique enveloppant essentiellement le risque de la guerre civile. [...]
[...] Sur la philosophie politique classique Léo Strauss Chapitre III de Qu'est-ce que la philosophie politique ? I - La philosophie politique classique, par différence avec la philosophie politique moderne La philosophie politique classique était branchée sur la vie politique, et s'en nourrissait de manière directe. Ses problèmes sont ceux de la vie politique, les termes dans lesquels elle les pose sont ceux de la vie politique. La philosophie politique moderne rompt avec cette tradition, perd cette liaison directe avec la vie politique, et notamment ce qui était le problème fondamental de l'ancienne philosophie, et en un sens aussi celui de la vie politique : la question du meilleur ordre politique. [...]
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