C'est sur L'Emile ou De l'éducation qu'il nous faut revenir rapidement, puisqu'en est extrait ce texte. Ce traité est particulièrement inédit et original sur plusieurs points et a durablement marqué les esprits sur la question éducative ; d'aucuns ont ironisé sur la capacité de Rousseau en matière d'éducation, lui qui avait abandonné ses cinq enfants, quand d'autres ont salué cette initiative et l'ont vu comme une tentative de rédemption justement motivée par la honte de cet abandon. L'ouvrage suit un personnage fictif, Emile, dans le développement de sa vie et surtout dans l'éducation idéale à lui donner ; les livres I et II (de 0 à 12 ans) s'intéressent à « l'âge de nature », ce qu'il convient d'appeler l'enfance ; le livre III (de 12 à 15 ans) à « l'âge de la force », le livre IV à la puberté ou « âge de raison et des passions » et enfin le dernier livre traite de l'âge adulte par le biais de l'amour, du mariage et de la famille.
Cet extrait appartient au premier livre, et la question sur laquelle nous allons nous interroger est la suivante : en quoi ce texte préfigure-t-il déjà la théorie contractualiste dont Rousseau est l'un des plus illustres penseurs ? Une telle problématique peut sembler incongrue au premier abord dans un ouvrage qui se veut avant tout éducatif, mais nous allons-nous attacher à montrer pourquoi ce texte fait largement écho au contrat social rousseauiste qui, il faut le rappeler, fut publié la même année que l'Emile (1762).
[...] Pour résumer l'homme au sein de l'état de nature, on pourrait donc employer ces deux termes : individualisme et égoïsme. C'est l'état du moi absolu, dans lequel chaque individu se regarde comme un tout. A la lumière d'une telle définition de l'homme naturel, la définition que fait Rousseau de l'homme civil, donc du citoyen, apparaît comme l'exact opposé : l'homme civil n'est qu'une unité fractionnaire qui tient au dénominateur, et dont la valeur est dans son rapport avec l'entier, qui est le corps social C'est donc tout le contraire de l'homme naturel : l'homme dans l'état de société, au lieu de former un tout qui en fait ne serait que lui-même, fait partie d'un tout, d'un semble bien plus vaste qui le dépasse mais qui dans le même temps assure sa force. [...]
[...] L'homme naturel rejoint ainsi la société, une communauté humaine qui est en charge de son propre bien-être. C'est cette notion d'intérêt général qui est la valeur prédominante du pacte de Rousseau, et on la retrouve dans le texte : lorsqu'il est fait référence au corps social ou à l'unité commune il faut bien évidemment entendre société, mais société au sens de l'intérêt général partagé par tous, qui lie les hommes entre eux. C'est encore et toujours cet intérêt général qui va mettre fin l'existence absolue de l'homme, son égoïsme et son individualisme, pour le plonger dans un corps social, une communauté dont il n'est qu'une infime partie, mais dont il partage la même chose, le même objectif que tous ses semblables. [...]
[...] Cet inconvénient est inévitable, mais il est faible. L'essentiel est d'être bon aux gens avec qui l'on vit Le citoyen patriote serait-il l'ennemi des étrangers ? Cela reviendrait à dire que peu de chemin aurait été parcouru grâce au contrat social : à l'état de nature, chaque homme ne s'attachait qu'à lui seul et dénigrait ses semblables ; à l'état de société, les hommes formant une communauté partagent un patriotisme commun et un intérêt général mais sont remplis de méfiance et se gardent bien de traiter avec les autres hommes. [...]
[...] On peut même suggérer que certains de ses propos, comme la première phrase, sont volontairement exagérés et ce afin de susciter la polémique. Il ne faut pas oublier les contradictions de Rousseau, auteur polémiste et à contre- courant au cœur des Lumières, dont la pensée a connu des revirements et est à manier avec précaution. Plus que les propos de l'auteur en eux-mêmes, le réel danger est d'être induit en erreur voire de détourner leur sens, par exemple à des fins politiques. [...]
[...] C'est sur ce dernier ouvrage qu'il nous faut revenir rapidement, puisqu'en est extrait ce texte. Ce traité est particulièrement inédit et original sur plusieurs points et a durablement marqué les esprits sur la question éducative ; d'aucuns ont ironisé sur la capacité de Rousseau en matière d'éducation, lui qui avait abandonné ses cinq enfants, quand d'autres ont salué cette initiative et l'ont vu comme une tentative de rédemption justement motivée par la honte de cet abandon. L'ouvrage suit un personnage fictif, Emile, dans le développement de sa vie et surtout dans l'éducation idéale à lui donner ; les livres I et II (de 0 à 12 ans) s'intéressent à l'âge de nature ce qu'il convient d'appeler l'enfance ; le livre III (de 12 à 15 ans) à l'âge de la force le livre IV à la puberté ou âge de raison et des passions et enfin le dernier livre traite de l'âge adulte par le biais de l'amour, du mariage et de la famille. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture