Dans son Contrat social, Jean-Jacques Rousseau affirme que la raison du plus fort est toujours la meilleure. Si en employant le terme « meilleure » Rousseau entend signifier « efficace » alors cette affirmation est sans appel. Mais la force n'en est pas pour autant légitime, l'imposer à autrui la rapproche intimement à l'injustice.
Le droit, composé des règles établies par les hommes et pour les hommes, est ce qui est légitime, par opposition au fait, au réel. Ainsi, le droit positif suppose une convention, il doit avoir été énoncé et promulgué. Régler les usages de cette manière est utile pour le plus grand intérêt de chacun. C'est pourquoi la notion de droit présuppose celle de communauté : il a pour but d'assurer la coexistence de libertés particulières. Mais il pourtant possible que la loi ne soit pas respectée, malgré le fait qu'elle serve à chacun. On parle alors d'injustice, terme qui peu être définit comme le caractère de ce qui est contraire au droit. Ainsi la force, et l'idée d'un droit du plus fort voudraient faire accroire leur légitimité pour ne pas paraître injustice. Cette prétention n'abuse personne, l'antinomie du droit et de la force semblant évidente.
[...] Ce que connotent l'idée de droit et celle de devoir. Ainsi se comprend le rôle des propagandes, la toute-puissance de la parole dans la politique. C'est le discours qui confère le prestige et la validité morale sans laquelle la force la plus forte est ridiculement faible. La transformation en droit n'est donc pas l'impossible changement de sa nature (une force est un pouvoir physique, d'une autre nature qu'un pouvoir moral) mais le mécanisme de tromperie par lequel l'imaginaire donne une consistance morale à ce qui est étranger à la morale. [...]
[...] C'est pourquoi la force ne peut s'exercer que dans l'actualité de sa puissance. Au moindre relâchement, le dominé reprendrait le dessus sur le dominant. La menace du renversement perpétuel est donc une denrée inhérente au rapport de force. Celui-ci pas la stabilité du rapport politique, ni son efficacité. En effet, l'expérience montre que le déploiement de la force n'est pas nécessaire au rapport politique pour qu'il se maintienne et se perpétue. Ainsi Rousseau, dans le livre 1 de son contrat social montre que la force est politiquement faible. [...]
[...] Mais la nature et les hommes changent également avec le temps. Ainsi les mœurs du pays, et la date à laquelle la loi est établie sont des données déterminantes pour la réflexion des législateurs. D'un pays à l' autre, la notion de justice et son contenu différent. Pascal est ici à l'encontre de la pensée de Kant qui veut qu' il n' existe qu'une morale universelle, donc qu'une seule loi qui soit universelle. Si l'idée du bien et du mal est certainement commune à tous les hommes, il faut étudier la justice selon des cas particuliers. [...]
[...] La loi oblige l'individu libre à obéir. Dans ce cas l'obéissance est synonyme d' adhésion mentale. Mais la raison n'est pas à la source de cette adhésion ou alors un subterfuge est employé pour subvertir la raison. Un homme n'obéit pas à la loi, il obéit par respect pour la loi, pour la représentation qu'il s'en fait. L' état de nature imaginé par les philosophes contractuels étant une fiction, l'homme vit depuis toujours en société. Or la société est synonyme de politique et donc de droit. [...]
[...] Après avoir revêtu l'aspect du droit nous croyons que la force est morale mais en réalité elle reste injuste. Ainsi le droit qui se veut objectivement juste ne l'est pas totalement. Il est attaché de l'influence de la force. Reste que le grand problème politique est au fond le problème physiologique de la puissance des illusions, des apparences, des faux semblants et des opinions mises en scène par Platon dans l'allégorie la caverne. Apprendre à penser, à s'affranchir des apparences, c'est peut-être commencer à frayer la voie du droit. [...]
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