Discours de la servitude volontaire, La Boétie, tyran, servitude, esclavagisme, rapport de force, liberté
En 1576, paraît l'ouvrage Discours de la servitude volontaire ou le Contr'un, rédigé par Etienne de La Boétie. Essai philosophique ? Discours rhétorique ? D'une cinquantaine de pages s'interrogeant sur les raisons qui rendent le peuple aussi servile face au tyran qui en vient à détenir tous les biens matériels et le droit de vie et de morts du peuple, alors qu'il est né libre. Jean-Jacques Rousseau développe cette contradiction dans Du contrat social « l'homme est né libre et partout il est dans les fers ». La Boétie critique la tyrannie, non pas du point de vue du tyran, non pas de celui qui exerce la tyrannie, mais du point de vue de ceux qui la subisse, de point de vue du peuple.
[...] Car combattre le pouvoir, c'est le nourrir, c'est le légitimé comme pouvoir. En définitif, le Discours de la servitude volontaire est un œuvre précurseur qui permet au lecteur d'avoir une autre vision des rapports de domination, de son pouvoir d'action et des mécanismes sous-jacents à cela. Finalement, selon La Boétie, la clé de la liberté est de ne plus servir. Pierre Victurnien Vergniaud, avocat, homme politique et révolutionnaire français, disait « Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux ». [...]
[...] Pour La Boétie, le seul moyen de sortir de la servitude et devenir des êtres libres, c'est de cesser d'obéir. Il ne définit alors pas l'acquisition de la liberté comme un combat, comme le fait habituellement le soumis, mais plutôt comme une éthique quotidienne où l'on arrêterait d'obéir. Il faut donc sortir de l'habitude pour sortir de cette domination. Cependant, selon l'auteur, nous comprenons mal ce que veut dire cesser d'obéir car nous sommes tellement accoutumés à notre servitude que nous imaginons que pour être plus libre que nous ne le sommes, nous devrions nous battre. [...]
[...] Il fut également récupéré au XIXe siècle par les Républicains pour critiquer le roi Louis-Philippe 1[er] puis Napoléon III. Par les communards ensuite, et même au XXe siècle par les Alliés contre les puissances de l'Axe. Enfin, par les soixante-huitards, pour ne citer que les principales lectures partisanes de l'œuvre. Aussi, comment La Boétie explique-t-il que des peuples entiers puissent se soumettre à quelques tyrans ? Etienne de La Boétie établit dans un premier temps l'origine de la constitution des rapports de dominations dans la société. Ensuite, il explicite les mécanismes d'aliénation qui rendent le peuple servile. [...]
[...] La servitude devient alors une condition naturelle, une seconde nature, pourtant contraire à l'état de nature de l'homme qui est l'indépendance. Cependant, cela n'exclut pas la possibilité de rébellion de quelques hommes, qui s'élève contre le tyran et cette habitude est du fait qu'ils sont moins sensibles au poids du joug. Cela met en évidence l'existence certaine d'un mécanisme de pensée chez le peuple, celui du conditionnement, pour qu'il accepte la servitude. Sinon, la logique du rapport de force s'exercerait et abolirait le système de domination. [...]
[...] L'un des fondements du discours est de renverser la vision existante, et de nous questionner sur nos leviers d'actions en tant que sujet à l'époque, mais de nos jours toujours en tant que citoyen. Pour éclaircir notre argumentation, c'est le principe majeur de la philosophie stoïcienne. Agissons sur ce qui dépend de nous, adoptons une éthique de l'action qui prend le penchant à une éthique contestataire qui reste servile puisqu'elle remet le pouvoir entre les mains des dominants. Ce que La Boétie met en exergue, c'est qu'avec un rapport de 1 contre 1 millions, le rapport de domination ne peut-être que le fruit de l'accord de la masse. [...]
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