Étienne de la Boétie est né en 1530. C'est donc très jeune qu'il rédigea ce Discours de la servitude volontaire, vers 1548, entre 18 et 24 ans selon les différentes sources. Ce discours est l'œuvre principal de la Boétie, et lui valut d'être repéré par Montaigne, dont il sera proche toute sa vie. L'auteur s'inscrit globalement dans la période de la Renaissance, ce qui se traduit dans l'extrait par de nombreuses références à l'Antiquité, en particulier à l'Antiquité romaine.
Le thème abordé dans l'ensemble du discours est un terme général, qui tend vers l'élaboration d'un modèle limité ni à une période ni à un espace. Ce discours s'intéresse à la question de légitimité de la domination d'un homme sur une population. La Boétie y apporte une réponse originale et moderne, qui pourrait être résumée par une phrase extraite du discours : « Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux ».
Dans cet extrait, il ne se concentre non pas seulement sur la figure du tyran, mais surtout sur le comportement des agents du système tyrannique, et sur le comportement d'obéissance et de soumission en général.
[...] Car dans les faits, ce n'est pas la violence du tyran qui fonde sa domination et contraint le peuple à se soumettre Les agents de la tyrannie et le fondement d'une hiérarchie tyrannique C'est en fait l'entourage direct du tyran qui fonde la solidité et la pérennité du système tyrannique. Ainsi, quelque soit l'époque, mais de façon plus évidente pendant le règne des grands empereurs romains, le tyran ne règne pas seul. Il s'entoure d'un petit comité, cinq ou six hommes selon La Boétie. Ces quelques hommes entourant le tyran parviennent à des positions stratégiques, à proximité du centre directeur du pouvoir, soit pas eux-mêmes, soit parce que le tyran les a conduits à ses côtés. Leur rôle est fondamental. [...]
[...] Au-delà même de voir leur liberté aliénée, les agents du tyran sont en fait privé de toute possibilité de vivre heureux. Car ils ne s'éloignent pas seulement de la liberté, mais surtout de la nature même de l'homme. Dans un tel système, n'importe quel homme, si bon soit-il par nature, ne peut que devenir mauvais au contact de la corruption et du vice. S'ils veulent demeurer bons, ils se verront inévitablement rejeté du système, jusqu'à redescendre au bas de la pyramide. Nulle ascension sociale n'est envisageable dans un système tyrannique pour celui qui espère conserver ses vertus et son intégrité. [...]
[...] "Discours de la servitude volontaire", Étienne de la Boétie (1548) - le système tyrannique Etienne de la Boétie est né en 1530. C'est donc très jeune qu'il rédigeât ce Discours de la servitude volontaire, vers 1548, entre 18 et 24 ans selon les différentes sources. Ce discours est l'œuvre principale de la Boétie, et lui valut d'être repéré par Montaigne, dont il sera proche toute sa vie. L'auteur s'inscrit globalement dans la période de la Renaissance, ce qui se traduit dans l'extrait par de nombreuses références à l'Antiquité, en en particulier à l'Antiquité romaine. [...]
[...] Ainsi, nulle amitié n'est possible. C'est en cela que les agents tyranniques sont plus méprisables que les voleurs et les truands, car au moins eux acceptent l'égalité entre membres du même clan, et le partage du recel, s'il n'est égalitaire, est du moins équitable. [...]
[...] Ainsi, ce n'est pas la personne du tyran qui fonde à elle seule le système de domination. Il ne s'agit donc pas de la domination charismatique que décrit Max Weber dans Le Savant et le Politique, mais plutôt la domination traditionnelle, coutumière, issue de la monarchie absolue et de la soumission des sujets qu'elle instaure. Il n'y a donc pas domination d'un seul homme sur la population, mais véritablement domination d'un système. De même, ce n'est pas tant le caractère tyrannique du chef qui explique la soumission du peuple. [...]
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