En 1807, alors que Berlin est occupé par les troupes napoléoniennes au nom de l'universalisme de la Révolution française, Fichte donne à l'université de Berlin 14 leçons qui seront rassemblées sous le nom de discours à la nation allemande. Fichte, qui avait été un partisan de la République française issue de la Révolution, change d'opinion politique après avoir constaté que l'occupation française n'apporte pas la liberté, mais la tyrannie, et il développe une conception de la nation distincte de celle française, basée non pas sur un universalisme abstrait, mais sur des éléments tangibles comme la langue et la culture.
Dans ces "Discours à la nation allemande", Fichte cherche à tracer les contours d'une nation selon sa propre conception, à rechercher ce qui différencie la nation de l'état et à définir par quels moyens peut survivre une nation et quel doivent être son but, sa raison d'être, sa vocation.
[...] L'individu ne peut être libre que dans son sacrifice personnel pour le salut de la nation La finalité de la nation étant sa gloire et son indépendance, et non pas la survie matérielle de l'État, et la véritable liberté des citoyens de cette nation étant de réaliser le but supérieur de leur patrie, mourir pour la nation est donc pour ces individus une forme de liberté. Pour Fichte, la raison d'être d'un Allemand ne réside pas dans son bien- être, mais dans la perpétuation de sa culture et la transmission de son indépendance à ses descendants ; un véritable Allemand ne peut souhaiter vivre que pour être et demeurer allemand et former les siens à être tels La véritable liberté et le bonheur pour les Allemands n'est pas d'atteindre le bien-être matériel ou la réussite personnelle, mais d'être et de rester allemand. [...]
[...] En Allemagne, malgré l'absence d'État unificateur, l'Allemagne étant divisée en royaumes et principautés, la nation allemande, que nous avons vue définie par la langue, a toujours existé. La langue qui a formé le peuple, sa culture, son mode de vie, son identité, constitue une nation allemande qui vit dans tous les cœurs des Allemands, quel que soit son état. L'égoïsme des princes, refusant de s'unir sous un empire allemand qui fusionnerait les principes d'État et de Nation, n'a jamais réussi à effacer totalement la nation allemande, et de sorte le citoyen allemand a toujours été doublement citoyen : citoyen de sa principauté, royaume ou ville, et citoyen de la nation allemande non institutionnalisée. [...]
[...] La nation ainsi définie doit avoir pour raison d'être raison d'être l'indépendance et la gloire. Afin de réaliser cet idéal, l'État doit être conduit selon les principes patriotiques et non selon la seule pérennité de l'État, et les membres de la nation doivent être prêts à mettre de côté leur individualisme égoïste au nom de la totalité que forme le peuple leur dévouement à la cause commune devant pouvoir les conduire si nécessaire au sacrifice pour la patrie qui est la seule véritable liberté. [...]
[...] Non seulement l'État et la nation ne sont pas pour Fichte synonymes, mais tous les deux ont une finalité différente, l'État n'étant qu'un moyen dont la Nation doit user pour atteindre son but final, la grandeur et l'indépendance. Fichte décrit le peuple et la patrie, c'est-à-dire la nation, comme des supports et gages de l'éternité terrestre comme la seule chose qui ici bas peut être éternelle Fichte donne donc une mission supérieure à la nation, et celle-ci dépasse donc de loin l'État, car son contour est bien plus large que celui d'une institution maintenant l'ordre social. [...]
[...] Les "Discours à la nation allemande" de Johann Fichte : la langue, la nation et le sacrifice de l'individu En 1807, alors que Berlin est occupé par les troupes napoléoniennes au nom de l'universalisme de la Révolution française, Fichte donne à l'université de Berlin 14 leçons qui seront rassemblées sous le nom de discours à la nation allemande. Fichte, qui avait été un partisan de la République française issue de la Révolution, change d'opinion politique après avoir constaté que l'occupation française n'apporte pas la liberté, mais la tyrannie, et il développe une conception de la nation distincte de celle française, basée non pas sur un universalisme abstrait, mais sur des éléments tangibles comme la langue et la culture. [...]
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