Le diplôme est l'ennemi mortel de la Culture, Paul Valéry
Le contexte de crise économique dans lequel nous évoluons actuellement suscite bon nombre de réactions quant à la régulation d'un système qui a perdu tout sens, toute logique et qui a vidé les institutions et les modèles économiques de leur substance.
Il en va de même aujourd'hui dans le domaine de l'éducation. De la titrisation de la dette à la titrisation des individus, de la spéculation financière à la spéculation culturelle et de l'instrumentalisation des chiffres à celles des compétence il n'y a qu'un pas.
Cette dérive de l'éducation est matérialisée par un bout de papier aussi insignifiant qu'un billet de banque mais qui tire, comme lui, son importance de ce qu'il représente: le diplôme.
Le diplôme est, au sens le plus simple du terme, un titre, un grade, délivré par une autorité qui atteste un niveau d'enseignement, un degré d'aptitudes et de connaissances. Cependant il est nécessaire de rappeler que le diplôme ne vaut que présomption et non preuve de compétence. La toute puissance donnée à cette validation formelle et officielle des capacités d'un individu mène évidemment à des dérives.
Censé être gage de connaissances dont l'agrégation forme la culture, le diplôme semble dorénavant se suffire à lui même.
Le diplôme est en effet tout puissant, mais la dévaluation ne lui pend elle pas au nez?
En quoi peut on affirmer que le diplôme, censé la représenter, a vidé la culture de sa substance et a conduit, ou du moins participé à la Crise de la Culture que décrit H. Arendt dans son ouvrage du même nom?
[...] En effet, si auparavant, peu de gens pouvaient se vanter d'être titulaires du baccalauréat, ce dernier n'était pas forcément nécessaire, comme il l'est aujourd'hui, pour entrer sur le marché de l'emploi. En effet, on peut affirmer ici que la culture a été réduite à des objectifs essentiellement portés sur l'emploi, tandis que le fléau du chômage s'abat sur nos sociétés modernes depuis plusieurs décennies. Le diplôme et la culture sont aujourd'hui des clés essentielles pour entrer sur le marché du travail. [...]
[...] Il en va de même aujourd'hui dans le domaine de l'éducation. De la titrisation de la dette à la titrisation des individus, de la spéculation financière à la spéculation culturelle et de l'instrumentalisation des chiffres à celles des compétence il n'y a qu'un pas. Cette dérive de l'éducation est matérialisée par un bout de papier aussi insignifiant qu'un billet de banque mais qui tire, comme lui, son importance de ce qu'il représente: le diplôme. Le diplôme est, au sens le plus simple du terme, un titre, un grade, délivré par une autorité qui atteste un niveau d'enseignement, un degré d'aptitudes et de connaissances. [...]
[...] Des auteurs tels que D. Pennac ou J. Prévert s'amusent à démonter les a priori et les préjugés sur la culture, l'éducation et l'attestation finale de compétences, parfois factices. A travers des ouvrages tels que Chagrin d'école, ou Le Cancre, ces deux auteurs, du haut de leur condition d'écrivain, de poète ou d'intellectuel, font l'éloge du cancre, du mauvais élève et de l'école buissonnière. En Effet, dans Chagrin d'école, D. Pennac aborde la question de l'école du point de vue de l'élève, et en l'occurrence du mauvais élève. [...]
[...] Le phénomène de dégradation du niveau des grandes écoles n'est pas le seul à participer à la dévaluation de la Culture elle même. En effet, la démocratisation de l'éducation et notamment du baccalauréat ont conduit les autorités à dévaluer la qualité de ce diplôme, à défaut de parvenir à améliorer le niveau de ses candidats. On peut citer pour exemple l'initiative du « collège unique », mis en place par R. Haby, ministre de l'éducation, en 1977. Ce collège reposait sur un principe simple dont le but affiché était de démocatiser l'accès aux diplômes en dispensant à tous les élèves d'une classe d'age le même enseignement, au même rythme et de la même façon. [...]
[...] La sacralisation du diplôme est une véritable dérive. Son importance sociale lui confère, comme nous avons pu le voir, le statut de représentant du niveau de culture d'un individu, tandis que ce niveau n'est attesté que par un examen subjectif et réducteur. "On nous veut avec les stigmates des grandes écoles, je le veux avec les stigmates de la vie. savoir s'il est agrégé en soleil. s'il a ses grades en désespoir" J. Giono." La systématisation de la référence aux diplômes et aux écoles qui les délivrent comme un label a vidé ces institutions de tout sens, ainsi que ce qu'elles représentent, abusivement, à savoir la culture. [...]
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