D'un côté, les dictatures qui oppressent sans hésitations leurs administrés, de l'autre, la démocratie dans laquelle la liberté règne en maître. C'est toute la question posée par Alexis de Tocqueville, figure historique du libéralisme, dans son ouvrage « De la Démocratie en Amérique » (1835) que d'analyser la pertinence de cette image manichéenne. Et si les démocraties, en dépit de leurs bonnes intentions affichées, ne pouvaient pas réduire l'homme à l'état de servitude ?
[...] Ce pouvoir se veut absolu, détaillé, régulier : une thématique chère Tocqueville, adversaire de toutes les formes d'absolutisme, et critiquant déjà la centralisation en France dans un autre de ses ouvrages, L'Ancien Régime et la Révolution Ce pouvoir, il est aussi prévoyant et doux : les formes démocratiques seront préservées. Point d'autoritarisme de la part du pouvoir démocratique : il faut que les hommes isolés qu'il gouverne aient l'impression de l'avoir choisi. Ce pouvoir ne leur donnant justement pas d'ordre direct, il lui est indispensable de s'assurer par un autre moyen de leur obéissance et de leur soumission : les infantiliser en est un. [...]
[...] Au terme de cette analyse, ce sont les dangers et les imperfections de la démocratie qui apparaissent sous la plume de Tocqueville. Son raisonnement est logique et structuré : les hommes, pétris d'individualisme, perdent leur conscience d'appartenir à une même communauté de citoyens. Fort de cette absence de conscience sociale, le pouvoir démocratique prétend assurer à leur place leurs responsabilités et décider pour eux de ce qui fera leur bonheur. De cette manière, l'usage du libre arbitre se perd par l'action même d'un régime dont le fondement était de le protéger. [...]
[...] "De la démocratie en Amérique", Tocqueville (1835) L'image semble s'être définitivement fixée dans une grande partie du monde occidental d'aujourd'hui : alors qu'un peu partout sévissent des dictatures souvent barbares et cruelles où la liberté a été rayée du vocabulaire courant. Des démocraties sont là, qui assurent les libertés individuelles et collectives, protègent l'égalité entre les hommes et rendent possible leur épanouissement. En somme, le Paradis Un mythe par ailleurs facile à manier par la propagande. Déjà, Jules Ferry, à la fin du XIXe siècle, réclamait à l'Assemblée nationale les crédits pour réaliser la colonisation en invoquant la mission civilisatrice des démocraties censées anéantir la barbarie des cultures exotiques ; plus récemment, on pourrait prendre l'exemple de la seconde guerre des Etats Unis en Irak, en 2003, où là encore, la plus grande démocratie du monde se devait d'apporter aux Irakiens Pain, Paix et Prospérité par la démocratie qui rendra libre D'un côté, donc, les dictatures qui oppressent sans hésitations leurs administrés, de l'autre, la démocratie dans laquelle la liberté règne en maître. [...]
[...] Pourtant, n'est-ce pas Winston Churchill lui-même qui n'hésitait pas à dire que la démocratie n'était toujours que le moins mauvais des régimes ? [...]
[...] Ces hommes, nous dit-il, ont pour vocation de se procurer de petits et vulgaires plaisirs nous y reviendrons dans notre prochain paragraphe. Surtout, ils vivent dans un isolement social complet : chacun d'eux, retiré à l'écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres C'est l'anéantissement de la conscience sociale : l'individu ne se sent plus appartenir à une communauté de citoyens, il est un être seul, égocentrique dans la mesure où il se situe au centre de son univers mental, dans lequel l'entourent seuls ses proches. [...]
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