« Nous ne voulons pas initier nos lecteurs à l'érudition historique, mais leur montrer simplement comment on peut étudier l'histoire dans les divers domaines de la vie spirituelle » écrit Jacob Burckhardt dans une œuvre publiée en 1905 et qui s'intitule Considérations sur l'Histoire universelle (traduction française de Weltbetrachtungen). Jacob Burckhardt (1818-1897) est considéré comme un historien de l'art, puisque ses recherches et son enseignement ont porté essentiellement sur la Renaissance italienne et la Grèce antique (un de ses grands ouvrages, La civilisation de l'Italie au temps de la Renaissance, fut publié en 1860).
Son approche de l'histoire est originale, dans la mesure où ce n'est ni une histoire appliquée à des contenus extérieurs, puisque la « vie spirituelle » est l'objet de son approche historique ni une « philosophie de l'histoire » (en ce sens Burckhardt est anti-hégélien). Elle se situe entre la philosophie et l'histoire et participe en filigrane d'une critique de la modernité dans ses valeurs constitutives que sont le progrès et la raison. C'est pourquoi Jacob Burckhardt fait partie de ce mouvement qui foisonne entre le XIXe siècle et l'après-guerre en Allemagne et qui est la Kulturkritik. Historiquement, la Kulturkritik désigne un moment de l'histoire des idées allemandes, une époque, contemporaine de la sociologie (Burckhardt cherche une nouvelle conception de l'histoire animée par la critique culturelle) et qui est charnière entre le romantisme et le Kulturpessimismus.
[...] Cornelius CASTORIADIS, Les Carrefours du labyrinthe IV, éditions du Seuil, mars 1996, p.182. Ibid., p.182. Jacob BURCKHARDT, Op.cit, p.188. Jacob BURCKHARDT, Op.cit., p.160. Ibid., p.163. Ibid., p.166. Ibid., p.169. Ibid., p.173. [...]
[...] Elles animent fondamentalement le processus de l'histoire universelle. Il n'existe pas deux forces séparées, une destructrice et une autre constructrice, qui seraient associées dialectiquement au sein du processus historique ; on a plutôt une logique des forces à l'œuvre, qui se saisit dans une dynamique de destruction et de construction. Il se peut que les forces de destruction dissolvent au préalable les assises d'une société pour pouvoir les refonder, mais dans la diversité des situations réelles, ces forces se mobilisent rarement dans ce sens, Burckhardt se refusant à dresser un schéma réducteur de leur organisation. [...]
[...] Burckhardt est un lecteur de Renan, mais il a une vue très différente sur le monde grec. Il remarque que les dieux grecs sont façonnés par les hommes, ils reflètent l'image que les hommes se donnent d'eux-mêmes. C'est ainsi qu'Homère et Phidias ont créé les dieux de la Grèce La vie grecque s'anime ainsi à travers le lien solidaire entre société, Etat et religion. Les politiciens, les poètes et autres artistes ont un public : les orateurs et les auteurs dramatiques pouvaient compter sur un public tel qu'on n'en revit plus jamais de pareil. [...]
[...] Ces forces créatrices ne sont pas extrasociales, elles désignent la capacité humaine à inventer en permanence une manière de vivre ensemble. Première partie : les caractéristiques d'une démarche historique novatrice Burckhardt ne souhaite pas fonder une nouvelle science historique qui aurait pour but de déterminer un autre rapport aux faits passés. Il insiste plutôt sur le besoin d'avoir recours à une multiplicité de points de vue pour comprendre le développement des sociétés humaines. Toute méthode est d'ailleurs discutable, et aucune n'a jamais une valeur absolue. [...]
[...] Une société repliée sur ses institutions peut très vite devenir stérile et provoquer le malheur des individus. Cette mécanisation prend les traits d'une bureaucratie, c'est-à-dire d'un contrôle de la vie par l'Etat : Il y a eu et il y a encore des dynasties, des bureaucraties et des castes militaires qui sont fermement décidées à rédiger elles-mêmes leurs programmes et à ne se le laisser imposer par personne La société peut s'organiser d'une façon bureaucratique en décidant de contrôler l'ensemble des significations sociales de l'existence humaine : les dynasties représentent des oligarchies dominantes qui tentent d'imposer à l'ensemble des concitoyens leurs propres visions, et elles ont besoin d'une armée forte. [...]
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