L'unité du livre IV est souvent mal perçue, notamment parce que deux des chapitres qui le composent (chap. IV, « Des comices » et chap. VIII, « De la religion civile ») en sont, pour des raisons différentes, isolés. Les indications de la table sont précieuses : « Où continuant d'examiner les lois politiques on examine les moyens d'affermir la constitution de l'Etat. » Il y a continuité avec le livre III, il s'agit toujours des lois politiques, mais aussi distinction : après avoir formé l'Etat, il s'agit de le renforcer. Ce renforcement pourra être assuré par deux séries de moyens, articulées mais distinctes. La première ressort de « machine » politique. Il s'agit de procédures nécessaires à la vie du corps politique (suffrages, élections, comices) et d'instances qui, sans être des parties constitutives de l'Etat, donc sans former la constitution, peuvent aider à son équilibre (tribunat, dictature, censure). La seconde série relève de l'opinion et des mœurs, du « cœur des hommes » : c'est la question envisagée dans le premier chapitre puis dans les deux derniers. Le chapitre sur la censure appartient aux deux séries et démontre que la seconde est le soubassement de la première. Nous avons affaire très précisément à ce dont Rousseau nous avait dit au terme du livre deux que le législateur s'occupait sans cesse au secret. Le livre IV nous apparaît alors comme lieu d'émergence de ce qui pourrait bien être le secret du Contrat Social.
[...] La nécessité politique de la religion Le pacte social a pour fondement l'utilité publique. C'est une œuvre de la raison qui n'a rien de religieux. Mais l'idée même de contrat exclut la possibilité de ne pas le respecter, en abusant de son pouvoir personnel par exemple. Dans le Discours sur l'origine de l'inégalité, Rousseau a déjà souligné cette difficulté : le gouvernement humain avait besoin d'une base plus solide que la seule raison. S'il n'existe pas d'autorité supérieure qui serve d'arbitre, les contractants risquent d'entrer dans des querelles interminables. [...]
[...] Dans la société régie par le contrat social, il accède à une liberté supérieure, car il est lui-même la source de la loi. C'est donc avec liberté qu'il se soumet aux lois : l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté Le tribunat permet à la machine politique de tenir ensemble en faisant une liaison ou un moyen terme IV, entre le souverain, le prince et le peuple. Son extériorité est justement ce qui lui permet de mieux modérer la machine, au moins tant que la destruction de l'État n'est pas commencée. [...]
[...] IV, note de Rousseau). Ces étymologies fausses correspondent à l'idée que Rousseau se fait d'une république forte et vertueuse. En réalité Rome est un nom étrusque, et nono signifie pureté Les sources de Rousseau sur l'histoire de Rome est de ses institutions sont l'Histoire Romaine de Tite-Live, les Discours sur la première décade de Tite-Live de Machiavel et le d'antique jure civium romanorum de Sigonius, un historien italien de l'Antiquité. L'étude de Rome a pour objectif de montrer la possibilité pratique de la cité du contrat social. [...]
[...] Le pacte social ne peut subsister durablement que si chaque citoyen le respecte. Chacun a donc le devoir moral de ne pas enfreindre le pacte. Or, pour faire son devoir de citoyen et ne pas être tenté de suivre son intérêt particulier, il faut aimer ce devoir : c'est la religion qui nous le fait aimer : [ ] il importe bien à l'État que chaque citoyen ait une religion qui lui fasse aimer ses devoirs. IV, La religion a donc sa place dans la religion politique. [...]
[...] Religion civile et religion naturelle Il y a donc un accord entre la profession de foi civile et la profession de foi du Vicaire savoyard exposée au livre IV de l'Emile. Les dogmes de la religion civile sont repris de la religion naturelle. Toutefois, il y a une différence de points de vue entre ces deux professions de foi : la religion du Vicaire concerne l'homme, la religion civile le citoyen. Le législateur, en établissant la religion civile, garde toujours un point de vue politique, il cherche avant tout l'utilité publique. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture