Le chapitre V du "Contrat social " assure la transition entre le premier mouvement de recherche négative et critique, et le deuxième, d'analyse et de détermination positives : il tire ainsi la conséquence des impasses successives analysées et la phase négative du premier livre s'achève. Le titre de ce chapitre indique une nécessité : pourquoi faut-il toujours remonter à une première convention ?
Précisément parce que la société fait peser une contrainte sur l'individu (par exemple, le vote impose à une minorité la loi de la majorité) et ne peut être pleinement acceptée que si chaque individu a souscrit préalablement à ses principes fondamentaux. Entrer en société, c'est donc toujours adopter une convention qui rend légitime et acceptable une telle « entrée » (comprise ici comme soumission de la volonté particulière à la volonté générale). Le problème central qui est ici examiné est celui de l'unité du « corps » social.
[...] La liberté n'est donc pas recherche de son plus grand intérêt particulier, mais obéissance à la loi de l'intérêt commun qu'on s'est soi-même prescrite. Avec cette phrase par conséquent, Rousseau ne fait que rappeler la nécessaire conjonction entre l'obéissance due aux lois par les sujets et la souveraineté des citoyens pris en corps. Celle-ci est le seul fondement de l'obéissance des sujets ; de celle-ci dépend la consistance et l'unité de la souveraineté. [...]
[...] "Du Contrat social", Jean-Jacques Rousseau - livre chapitre V "Qu'il faut toujours remonter à une première convention" Ce chapitre est à la fois un prolongement de ce qui précède et une annonce du développement du concept de souveraineté qui sera amplement thématisé au livre II. Rousseau y explicite un premier effet du pacte qui n'est autre que la constitution du Souverain. Plus précisément, en contractant, le particulier se remet entièrement au tout dont il fait partie (paragraphe autrement dit les individus contractent un engagement réciproque avec un corps dont ils vont devenir membres. [...]
[...] Mais une telle obligation, bien loin de détruire ou de restreindre la liberté, en est la condition, car l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté 8). On comprend davantage la nature du pacte qui lie les contractants sans les assujettir à personne (Lettres écrites de la montagne. Lettre VI). Tout se passe donc comme si le contrat ne se passait pas tant avec les autres qu'avec soi-même, compris comme être rationnel et non plus comme individu animé d'intérêts particuliers. Par cet acte, l'individu se fait citoyen, c'est-à-dire aussi membre libre d'une communauté où règne l'égalité. [...]
[...] Se trouve ainsi et en même temps défini la nature du rapport de chacun à l'égard du souverain : un rapport de subordination entière. De fait, les individus contractent librement et établissent entre eux un état en vertu duquel chacun ne doit se soumettre entièrement, sans restriction aucune, dans le triple mesure où : cet acte est le plus volontaire du monde ; cet acte est un engagement de l'homme à l'égard de lui-même ; cet acte est apte à garantir sa liberté. [...]
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