Conférence Qu’est-ce qu’une nation, Ernest Renan, Sorbonne, 1882, Alsace Moselle, identité nationale
Ernest Renan, né en 1823 à Tréguier en Bretagne et décédé en 1892 à Paris, est un écrivain, philosophe, philologue et historien. En 1941, Ernest Renan entre au grand séminaire de Saint-Sulpice, où, avide de savoir, il étudie la philosophie, la théologie, l'allemand et l'hébreu. Cependant, les progrès de la science du milieu du XIXe siècle, qui le fascinent, entrent en contradiction avec sa formation religieuse, et il quitte donc le séminaire quatre ans plus tard, afin de devenir un homme de science. Ce sont donc ces deux sujets qui sont au centre de l'œuvre de Renan, et que l'on retrouve à travers de nombreux écrits tels que dans les sept volumes de Histoire des origines et du christianisme (1863-1881), parmi lesquels le fameux Vie de Jésus (1863), ou dans L'Avenir de la science, pensées de 1848 (1890). Enfin, rappelons qu'en 1878, Ernest Renan devient membre de l'Académie française, et qu'en 1883, il est nommé administrateur du Collège de France.
[...] Dans ces lettres cependant, Renan va s'opposer à son homologue allemand sur la question de l'Alsace Moselle. De l'autre côté du Rhin, il paraissait légitime de revendiquer ces territoires : les arguments étaient qu'ils avaient appartenu à l'Allemagne, et qu'ils étaient germaniques par la langue et par la race. A ces idées, Renan opposait et c'est là le message de Qu'est-ce qu'une nation que la nation était un principe spirituel, et que ces considérations matérielles ne suffisaient pas, mais que l'élément clé de la nation était le désir qu'ont les hommes se s'agréer afin de former une nation, et l'adhésion de ces hommes à cette nation (Renan objectait donc aux philosophes allemands que les Alsaciens et les Mosellans souhaitaient être français). [...]
[...] Enfin, pour Ernest Gellner, les intérêts peuvent être à l'origine d'une nation : il affirme que si des individus d'une même origine, au sein d'un même espace, ont face au groupe majoritaire, un inégal accès aux ressources, il peut être nécessaire pour eux de se mobiliser pour la création d'un État qui leur est propre. IV Recueil de citations 1. L'oubli, et je dirais même l'erreur historique, est un facteur essentiel de la création d'une nation, et c'est ainsi que le progrès des études historiques est souvent pour la nationalité un danger P En parlant de l'idée selon laquelle la nation serait fondée sur la race : C'est là une très grande erreur, qui si elle devenait dominante, perdrait la civilisation européenne. [...]
[...] On remarque cependant que l'étude d'Ernest Renan est centrée sur la question de la nation au sein d'états déjà établis. Sa théorie connaît donc une limite lorsque l'on s'intéresse à la question de la nation chez les peuples en diaspora. La nation juive est souvent considérée comme l'exemple d'un peuple en diaspora parmi lequel la nation préexistait à l'État. Les peuples en diaspora partagent la même religion, partagent des liens qu'ils considèrent comme primordiaux, au regard de mythes religieux tels que celui des douze tribus d'Israël de la Bible hébraïque, et ont une langue commune, qui est souvent la langue de la liturgie. [...]
[...] Renan s'interroge alors Mais qu'est-ce donc qu'une nation ? Renan refuse d'abord la théorie selon laquelle la nation serait fondée sur la race. Il considère que cette théorie substitue au principe de nation, celui de l'ethnologie, et que cette erreur est un danger pour les nations européennes. En effet, les nations ne sont pas qu'une extension d'une famille ou d'une dynastie originelle, comme ce pouvait être le cas à dans les cités antiques d'Athènes ou de Spartes. Il affirme qu'il n'existe aucune race pure et que les plus grandes nations ont le sang le plus mêlé. [...]
[...] Cependant, il qualifie de funeste et d'arbitraire l'idée selon laquelle une nation a le droit de céder à la violence pour arrondir les contours de sa carte, bénéficier d'une rivière qu'elle considère sienne, ou atteindre des montagnes qu'elle considère comme une frontière naturelle. Il est clair que Renan fait ici référence à l'Allemagne, qui récupéra avec la défaite française de 1871, les territoires de l'Alsace et de la Moselle, situés à l'Ouest du Rhin. Enfin, Ernest Renan conclut par ce qu'il considère être une nation. Selon lui, deux conceptions sont importantes : un riche leg de souvenirs, et le consentement actuel, le désir de vivre ensemble. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture