Le libéralisme, qui se développe en France essentiellement entre 1818 et 1840, prend le contre-pied de la position réactionnaire - incarnée par Burke, Maistre et Bonald -, en cela qu'il défend explicitement les valeurs et institutions issues de la Révolution française. Loin de se confondre avec sa forme économique, le libéralisme est une doctrine d'ensemble qui magnifie les droits de l'homme en tant qu'individu, où la seule tâche de l'Etat doit être de garantir ces droits individuels.
L'aristocrate Alexis de Tocqueville peut être inclus dans ce mouvement individualiste. Mais Tocqueville est avant tout un théoricien de la démocratie. Lorsqu'il évoque la démocratie, il veut démontrer l'existence d'un mouvement historique inéluctable qui produit l'égalisation des conditions au sein de la société : le régime démocratique se fonde sur le principe d'égalité.
[...] Ce despotisme de la majorité s'exercerait sur les trois pouvoirs, exécutif, législatif et judiciaire : Aux Etats-Unis, l'omnipotence de la majorité, en même temps qu'elle favorise le despotisme légal du législateur, favorise aussi l'arbitraire du magistrat.[6] La tyrannie d'une majorité est par ailleurs bien plus importante que celle d'un roi absolutiste, puisqu'elle peut réprimer aussi bien la liberté de pensée que la liberté d'agir : un roi d'ailleurs n'a qu'une puissance matérielle qui agit sur les actions et ne saurait atteindre les volontés ; mais la majorité est revêtue d'une force tout à la fois matérielle et morale. ( . ) La majorité trace un cercle formidable autour de la pensée[7]. ( . ) Il n'y a pas de liberté d'esprit en Amérique[8]. La démocratie, dit encore Tocqueville, tend à généraliser l'esprit de cour, pourtant caractéristique du régime monarchique : Les Républiques démocratiques mettent l'esprit de cour à la portée du grand nombre et le font pénétrer dans toutes les classes à la fois[9]. [...]
[...] Son parcours avait habituellement contribué à le ranger parmi les penseurs politiques libéraux du XIXe siècle. Aux Etats-Unis, Tocqueville faisait déjà office de référence en science politique et en science sociale depuis longtemps. Mais l'importation de cet auteur, dans son pays d'origine, ne prend forme qu'à partir des années 1960, à l'initiative de Raymond Aron. Les tenants de l'individualisme méthodologique lui accordèrent alors un grand intérêt. Page 388 de notre extrait. Page 375. Page 376. Page 377. [...]
[...] Page 378. Page 380. Page 381. Page 383. Page 385. Page 386. Page 388-389. [...]
[...] Finalement, pour Tocqueville, la seule raison pour laquelle la liberté se perdra aux Etats-Unis sera due à la quasi-absence de contre-pouvoirs, face à l'omnipotence de la majorité qui aura porté les minorités au désespoir et les aura forcées de faire un appel à la force matérielle. ( . ) La tyrannie des législateurs est actuellement, et sera pendant bien des années encore, le danger le plus redoutable[11]. Alexis de Tocqueville n'est considéré comme faisant partie du patrimoine sociologique, en France, que depuis peu. [...]
[...] Alexis de Tocqueville - De la démocratie en Amérique, tome Folio Histoire, Gallimard, Paris pages 375-389 Le libéralisme, qui se développe en France essentiellement entre 1818 et 1840, prend le contre-pied de la position réactionnaire - incarnée par Burke, Maistre et Bonald en cela qu'il défend explicitement les valeurs et institutions issues de la Révolution française. Loin de se confondre avec sa forme économique, le libéralisme est une doctrine d'ensemble qui magnifie les droits de l'homme en tant qu'individu, où la seule tâche de l'Etat doit être de garantir ces droits individuels. [...]
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