Analyse des formes d'engagement de François Mauriac et d'Albert Camus, "un témoin engagé" et "l'homme révolté" afin de modifier les caractéristiques étudiées des intellectuels.
[...] Mauriac est ici doublement prédicatif : non seulement il prêche une lucidité et une honnêteté intellectuelle, mais encore le rétablissement d'une sorte de justice littéraire, la nécessité d'écrire des nécrologies-hagiographies pour tirer sens de cet épisode, dans une perspective qui est celle du Salut. Le texte se ferme ainsi sur la crainte d'une méprise du peuple espagnol, qui, très chrétien, ne ferait pas la différence entre l'Eglise et l'Eglise de Franco, et ne pourrait racheter son âme : « Combien d'années, de siècles, faudra-t-il à l'Église d'Espagne pour se dégager de l'effroyable équivoque, et pour que les fils des femmes assassinées à Guernica, à Durango, à Barcelone et dans toute l'Espagne apprennent à ne plus confondre la cause de leur Dieu crucifié avec celle du général Franco ? [...]
[...] Le titre de l'article-même - et l'on sait combien mauriac prend soin des titres de ses articles - est une référence aucontenu du discours de Malraux. Cette référence est volontiers obscure, et peu lisible : Mauriac joue avec la perplexité du lecteur qui est en droit de se demander qui est ce « milicien », à un moment où l'Europe connaît bon nombre de « miliciens » aux bords politiques parfois farouchement opposés. La clé de lecture de ce titre est donnée dans l'article : « Dès que Malraux ouvre la bouche, son magnétisme faiblit. [...]
[...] François Mauriac et Albert Camus ont sans doute éprouvé l'un pour l'autre cette haine particulière et fructueuse, du point de vue de la littérature. Ainsi, en 1944, la scène littéraire française est agitée par un débat véhément entre les deux écrivains autour de la notion de justice. Ce débat se fait par médias interposés : Camus écrit dans Combat, et Mauriac répond dans le Figaro. Le moment de l'après-guerre est en effet marqué par une vague d'exactions répressive à l'encontre des collaborateurs du régime de Vichy et des nazis, que l'on désignait alors sous l'expression « épuration ». [...]
[...] Pour Thierry Fabre, il en va un peu de même pour le style de vie méditerranéen, fait de la rencontre entre plusieurs rivages et tout autant d'histoires. Dans la mesure où l'on a montré que l'ethos reveniqué par Camus était celui d'un méditérrabéen intellectuel, c'est peut-être aussi ce qui séduit Camus en Méditerranée comme dans la forme du recueil. En effet, les essais que regroupe le recueil de Camus ne forment pas non plus un système très homogène, et revêtent plusieurs tonalités plus ou moins philosophiques. [...]
[...] L'écrivain, et le journaliste en particulier, a la possibilité de garder le silence, et ce silence est une résistance. René Char, poète et ami d'Albert Calus, choisira ainsi de ne rien publier pendant la guerre : les Feuillets d'Hypnos, journal de résistant, ne seront publiés qu'après la guerre. En somme, le commandement de « lucidité » renvoie le journaliste à une double misson : celle de la connaissance et de la transmission de l'Histoire. Le journaliste fait ici sienne les observations de l'historien Marc Bloch, appartenant au courrant des Annales, qui montre dans L'Etrange défaite à la fois comment la connaissance des guerres précédentes auraient permis d'éviter le conflit, mais aussi comment l'armée française a toujours rejoué les guerres précédentes, sans adapter ses techniques à l'état de l'avancement des techniques militaires maitrisées par l'ennemi : c'est l'usage grotesque et folklorique de la cavalerie durant la Première Guerre mondiale. [...]
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