Yvain ou le Chevalier au lion, Chrétien de Troyes, traduction, André Eskénazi, littérature médiévale
Le document est une comparaison de deux traductions d'un extrait d'Yvain ou le Chevalier au Lion, de Chrétien de Troyes, établies par le même traducteur, André Eskénazi.
[...] En conclusion, nous pouvons dire que le premier Eshkénazi fournit une traduction plus respectueuse du littéral que du littéraire, d'une teneur assez académique. Avec vingt années d'expérience supplémentaires, il offre un second texte plus audacieux, moins déférent, affranchi de la littéralité, mais littérairement plus dense et plus proche du fond du texte. Plus proche aussi de la conception médiévale de l'écrivain comme « trouveur », celui qui ne crée pas, mais trouve les mots qu'il faut pour transmettre le « san » contenu dans les contes. [...]
[...] Mais la suite de la phrase est, en termes de construction syntaxique, la même en tous points - à ceci près que deux compléments circonstanciels de manière voient leur place échangée. La deuxième traduction n'offre rien de comparable : Eskénazi s'y est complètement affranchi des structures syntaxiques du texte médiéval. Pour reprendre notre premier exemple, la proposition principale s'est transformée en une phrase simple, la proposition incise complément circonstanciel s'est changée en complément d'objet. Le verbe advenir a disparu, laissant place à l'auxiliaire d'état être. La proposition subordonnée conjonctive est quant à elle devenue proposition principale de la phrase suivante. [...]
[...] Yvain ou le Chevalier au lion - Chrétien de Troyes (1176) - Étude comparative Comparez les deux traductions proposées de cet extrait du Chevalier au Lion de Chrétien de Troyes par le même traducteur, A. Eskénazi, du début de l'extrait jusqu'au mot « Brocéliande » au vers 187. Traduction de 1970 Traduction de 1990 Les deux traductions que propose A. Eskénazi pour le même texte ne laissent pas de présenter un grand nombre de différences, qui témoignent d'au moins deux choses : non seulement, d'un changement dans la démarche de traduction, mais aussi d'un progrès dans les compétences du traducteur. [...]
[...] On trouve ce même procédé dans la traduction de « molt [ . ] felenesse » par « malaisé », adjectif attribut qui n'est plus accompagné d'un adverbe de degré, et qui est d'une intensité assez faible. Le v est, quant à lui, traduit littéralement et mot à mot par « plein de ronces et d'épines ». Mais dans la seconde traduction, Eskénazi s'autorise une certaine forme d'indépendance - indépendance paradoxale puisque, comme on va le voir, elle ne s'éloigne de la lettre du texte que pour se rapprocher de son esprit. [...]
[...] 180-183 : « Molt i ot voie felenesse / de ronces et d'espines plainnes / a quelque ennui, a quelque painne / ting cele voie et ce santier ». Dans la première traduction, la litote, courante dans la littérature médiévale, est conservée : « Ce ne fut pas sans peine ni difficulté que je m'y engageais et poursuivis ma route ». Ici, Eskénazi reproduit ce qu'il y a de mesure et d'atténuation dans le style de Chrétien de Troyes, mais sans rendre compte de la valeur profonde de la litote, qui est de laisser entendre bien plus que ce qui est dit. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture