"Le Songe, la pièce de Strinberg en forme de jeu de rêve présente l'être humain et sa condition temporelle. En jouant avec le temps du rêve où la hiérarchie entre les images, les mouvements, et les mots n'existe plus, l'auteur quitte le temps continu, donc illusionniste tout en sortant de la perception occidentale et il ne donne plus d'indications qui pourraient préciser le déroulement linéaire des actions. De fait, le rêve permet de rendre compte de ces deux temps que j'ai nommé subjectif et objectif. Le temps objectif devient le temps global de la pièce, lié à sa construction, constituant sa macrostructure tandis que le temps subjectif constitue sa microstructure. L'usage des deux implique la répétition qui est au centre de la construction de la pièce".
Il s'agit donc dans ce travail de montrer comment le temps structure notre conscience et construit ainsi l'individu tout en le juxtaposant au temps commun dans lequel tout s'inscrit. Comment intégrer ce questionnement philosophique dans la structure même de la pièce?
[...] Il recourt au rêve qui justifie la non-hiérarchie, ce que la dramaturgie contemporaine n'est plus obligée de pratiquer. Les pièces de Beckett dans les années 50 ou celles de Sarah Kane dans les années 90 partent vers l'abstrait sans explication. Ces écritures- là abordent aussi la problématique existentielle de telle sorte que l'on peut dire que Le Songe annonce l'avenir. Bibliographie BARTHES Roland, Fragments d'un discours amoureux, Seuil HEIDEGGER Martin, Le principe de la raison, Gallimard, col.Classiques de la Philosophie KIERKEGAARD Soren, Crainte et tremblement, éd. [...]
[...] Dans la scène XI, le même personnage se trouve en classe en tant qu'élève. Cette construction permet de mêler le passé et le présent, de sortir du réel et bouleverser ainsi les points de repère temporels. Le dialogue entre Agnès et le Poète, dans la scène XIV(à nouveau dans le passage de l'Opéra), fonctionne sur le même mode Le Poète : Il me semble avoir déjà vécu ce moment / Agnès : Moi aussi ! / P : Peut-être l'ai je rêvé ? / A : Ou bien l'as-tu inventé dans un poème. [...]
[...] Il ne leur suffit donc pas de proposer une nouvelle représentation du mouvement ; la représentation est déjà médiation. Il s'agit au contraire de produire dans l'œuvre un mouvement capable d'émouvoir l'esprit hors de toute représentation. Et plus loin : l'essence et l'infériorité du mouvement, c'est la répétition[2]. Rappelons que Nietzsche et Strindberg ont entretenu une correspondance, et qu'ils étaient contemporains. Il n'est donc pas innocent que Deleuze relève une relation étroite entre la métaphysique et la mise en scène. [...]
[...] Il se balance sur la chaise et frappe sur la table avec son sabre. A droite, un paravent. L'entrée dans la scène se passe ainsi sans interruption (nous regardons la suite d'un événement), bien que cette entrée soit abrupte car elle semble ne pas avoir de liaison avec la scène précédente ce qui est souvent renforcé par les fondu - enchaînés (VI,VII, X). Les changements à vu III,IV, Vl, XIV) soulignent ce manque d'interruption. Comme les tableaux sont autonomes, ils ont leur temps propre. [...]
[...] Est-il vraiment possible de le cerner dans la notion de la durée continue ? En premier lieu on pourrait préciser que le temps structure notre conscience et que le moi est donc temporel. Personne ne peut profiter de l'épaisseur de mon expérience et de mon histoire, de sorte qu'il n'est pas possible d'envisager l'individu sans son inscription dans le temps. Pourtant, mis à part ce temps subjectif, il existe aussi un autre temps : un temps dans lequel tout s'inscrit, qui peut servir de mesure commune, un temps que l'on pourrait nommer objectif (bien que la notion ne soit pas précise et qu'elle puisse produire des malentendus, elle est utilisée ici par opposition au temps subjectif afin de rendre compte de ce qui est commun) car c'est un temps de la vie, de la naissance à la mort auquel tout être animé est soumis. [...]
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