Je propose dans ce travail d'examiner les conceptions freudiennes et lacaniennes des concepts de refoulement originaire et secondaire à partir de deux textes. Celui de Freud sur le refoulement dans « Métapsychologie » paru en 1915 et celui de Lacan sur « La signification du Phallus » paru dans les « Ecrits » en 1996.
[...] Ainsi la dimension de l'affect est à distinguer de la représentation au sein du représentant psychique pulsionnel. En effet, il s'agit au cours de la cure psychanalytique de procéder au retour de l'événement traumatisant refoulé afin de soigner le patient car « l'origine du symptôme hystérique est cherchée dans un événement traumatique auquel n'a pas pu correspondre une décharge adéquate (un affect coincé) il est donc l'expression qualitative de la quantité d'énergie pulsionnelle et de ses variations » 3. Pour préciser aussi la notion de représentation et la distinguer de l'affect qui lui est associé il faut faire un rappel à la lettre 52 que Freud adresse à Fliess, le 06 décembre 1896, dans laquelle il précise que l'appareil psychique s'élabore à partir de différentes traces mnésiques qui sont de « trois types : la trace mnésique perceptive qui correspond à une forme d'enregistrement « brut » de l'expérience subjective, la trace mnésique de représentation qui correspond à une première mise en forme de l'expérience et à une inscription représentative et conceptuelle de celle-ci mais qui reste inconsciente, enfin la trace préconsciente, proche du souvenir 4». [...]
[...] Plus le refoulement est important plus la tension est exacerbée. Devant la digue du refoulement, la poussé du désir est contrainte d'emprunter simultanément deux voies opposées : la voie de la décharge (libération et dissipation de l'énergie sous la forme de dépenses d'énergie qui accompagne chacune des manifestations de l'inconscient) et de la rétention (conservation et accumulation de l'énergie à l'intérieur de l'appareil psychique qui rend érogène les zones du corps. Quand Freud parle d'un plaisir sexuel absolu jamais obtenu, on peut alors imaginer un troisième destin idéal et mythique qui serait celle d'une décharge totale de l'énergie psychique sans qu'il soit entravé par le refoulement. [...]
[...] Ce rapprochement terme à terme entre Freud et Lacan montre que le terme Lacanien de jouissance peut être considéré comme un renouvèlement fécond de la métapsychologie de Freud. Lacan tout en respectant la découverte Freudienne de la dynamique de l'Energie psychique (Energie conservée, déchargée et but idéal impossible) se démarque grâce à son concept de jouissance de l'explication mécanique du psychisme de Freud. Avec le concept de jouissance Lacan introduit d'une part le « phallus », faisant fonction de limite ouvrant et fermant l'accès à la décharge sexuelle et d'autre part le « non rapport sexuel », faisant référence au mirage de l'absolu. [...]
[...] Cette jouissance s'appelle phallique car Lacan présente le phallus comme une écluse qui régule la part de jouissance qui sort à l'extérieur (c'est-à-dire, l'ensemble des productions de l'extérieur de l'inconscient) ou celle qui reste dans le système inconscient. Freud aurait dit le refoulement. Le plus de jouir correspondrait à la jouissance qui est retenue à l'entrée du système psychique et dont le phallus empêche la sortie. L'adverbe « plus » signale la part d'énergie non déchargée. La jouissance résiduelle est un surplus qui accroit et intensifie les tensions internes et particulièrement sur les zones érogènes et orificielles du corps. [...]
[...] Naissance de la psychanalyse, PUF p157 Pour revenir au texte, Freud va donc décomposer le représentant pulsionnel en deux éléments distincts qui se composent, on vient de le voir, de différentes traces mnésiques : - De représentation et qu'il reprend ici sous le terme générique de représentation et - Perceptives qu'il regroupe sous le terme de quantum d'affect (p55) - énergie psychique (libidinale pourrions-nous dire) - à propos duquel il dira : « si la pulsion n'apparaissait pas sous forme d'affect nous ne pourrions rien savoir d'elle », elle resterait inconsciente, « elle correspond donc à la traduction subjective de la quantité d'énergie pulsionnelle 6 ». Alors Freud s'interroge sur ce qu'il advient avec le refoulement de ces deux éléments désormais distincts, que sont la représentation (Verstellung) et l'énergie pulsionnelle (Triebenergie) qui lui est associée. [...]
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