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Au XVIIe siècle, le conflit des Anciens et des Modernes pose une question fondamentale : la poésie doit-elle se nourrir d'imitation ou d'innovation ? La Fontaine, défenseur des Anciens mais coqueluche des Modernes, incarne la complexité de ce problème.
Dans son Esthétique, Hegel distingue la poésie lyrique – celle de Pindare, l'expression d'un moi – de la poésie épique – celle d'Homère, un chant objectif – et voit dans la poésie dramatique – celle de Sophocle – la réconciliation des deux. Or, au XIXe siècle, la distinction est moins nette. La poésie lyrique ne se limite pas à la voix du poète : à travers elle s'exprime aussi la voix de son lecteur, voire d'une vérité universelle. Cette ambivalence du lyrisme au XIXe siècle correspond à une tension entre expression personnelle et impersonnalité.
[...] L'ambivalence du lyrisme au XIXe siècle Dans son Esthétique, Hegel distingue la poésie lyrique - celle de Pindare, l'expression d'un moi - de la poésie épique - celle d'Homère, un chant objectif - et voit dans la poésie dramatique - celle de Sophocle - la réconciliation des deux. Or, au XIXe siècle, la distinction est moins nette. La poésie lyrique ne se limite pas à la voix du poète : à travers elle s'exprime aussi la voix de son lecteur, voire d'une vérité universelle. Cette ambivalence du lyrisme au XIXe siècle correspond à une tension entre expression personnelle et impersonnalité. [...]
[...] Ainsi, la transgression devient elle-même une tradition. C'est ce que suggère l'analyse de Stendhal dans Racine et Shakespeare. Il définit le romantisme comme la capacité d'adapter sa poétique à l'époque, et finit par qualifier Racine de romantique. Les romantiques du XIXe siècle seraient donc les héritiers de romantiques antérieurs. En outre, la poésie se nourrit nécessairement de la tradition dont elle cherche à s'affranchir. Par exemple, l'image du « poète tondu, sans aile » qu'utilise Corbière dans le « Crapaud » est un détournement de celle de l'albatros chez Baudelaire. [...]
[...] Ainsi, l'« Ariette oubliée n°7 » de Verlaine présente le dialogue d'un moi morcelé en deux entités : le « cœur » et l'« âme ». Et mon cœur, mon coeur trop sensible Dit à mon âme : « Est-il possible ? Est-il possible, le fut-il, Ce fier exil, ce triste exil ? » Mon âme dit à mon cœur : « Sais-je Moi-même que nous vaut ce piège [ . ] ? » Par ce dédoublement, le « je » est mis en tension avec lui-même, voire dépossédé de lui-même, puisqu'il est « exilé ». [...]
[...] La poésie et le lyrisme au XIXe siècle La poésie doit-elle se nourrir d'imitation ou d'innovation ? Au XVIIe siècle, le conflit des Anciens et des Modernes pose une question fondamentale : la poésie doit-elle se nourrir d'imitation ou d'innovation ? La Fontaine, défenseur des Anciens mais coqueluche des Modernes, incarne la complexité de ce problème. Si la poésie tend à s'inspirer de ce qui la précède, elle cherche aussi à s'en affranchir. Toutefois, même dans la transgression radicale, la poésie se nourrit d'une tradition antérieure. [...]
[...] Cette tension va jusqu'à la mise en danger du moi. De fait, il se dissout complètement dans le sujet lyrique, qui n'incarne ni tout à fait le poète ni tout à fait le lecteur. « Je » n'est qu'un pronom désincarné, un masque attendant d'être investi d'une identité. C'est d'ailleurs le sens littéral de l'expression persona lyrica (le masque, l'artifice où le moi se dissout). Avec les Cent mille milliards de poèmes de Queneau, où le lecteur doit tourner des languettes pour créer des sonnets, la voix du poète disparaît complètement, puisqu'elle ne préside même plus à la création poétique. [...]
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