Le pain dans son ensemble crée l'effroi par sa croûte irrégulière et sauvage : rien ne la dompte, rien ne l'administre. Il faut pour le manger le rompre en se piquant : sa dure écorce écorche nos mains et blesse nos phalanges. Comme un parterre de ronces plates, le pain pétri peine à nous plaire. C'est tout un monde d'irrégularités forgées dans la fournaises d'une cuisson infernale.
[...] Comme un parterre de ronces plates, le pain pétri peine à nous plaire. C'est tout un monde d'irrégularités forgées dans la fournaises d'une cuisson infernale. A vrai dire le pain fait à table sensation parce qu'il nous rassasie. Mais gare qui ne mâche pas bien son interminable mie : tantôt la toux surgit et nous étrangle tous, tantôt elle s'absente et le pain nous absout. C'est le contraste du dur sur le mou qui donne au pain son arrogance. Le couper, c'est embrasser le risque de d'émietter son enveloppe sur une nappe blanche. [...]
[...] Car le pain d'aujourd'hui vaut bien le pain d'hier : son ventre arrondi fleurit sous nos palais. Mais les fleurs sont amères, et heurtent nos gencives. En outre l'odeur du pain rappelle souvent un grenier de souffrances. Trop souvent le pain perd sa géographie douteuse : sous le poids du couteau seul traitement qui lui vaille il s'amollit et renonce à résister, offrant sa morte mie à nos appétits las. Mais son assiduité à nos assiettes n'excuse pas le pain de ses coupables traitrises. [...]
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