Dans ce poème « Dom Juan aux Enfers » tiré de son recueil Les Fleurs du Mal publié en 1861, Baudelaire écrit une suite directe de la pièce de Molière Dom Juan jouée pour la première fois deux-cents ans plus tôt.
Il présente en effet Don Juan arrivant aux enfers après avoir reçu le châtiment divin dans l'acte final de l'œuvre de Molière puisque « l'endurcissement au péché traîne une mort funeste » (V, 6). Nous verrons que dans ce poème, Baudelaire donne plus d'importance à certains aspects du Dom Juan de Molière qu'à d'autres…
[...] Dom Juan s'enferme alors dans une grande solitude avec pour seul compagnon Sganarelle, voyageant tous deux à travers des décors qui mettent en avant à la fois l'isolement du personnage, mais également sa confrontation avec le Ciel que Bluwal nous montre à plusieurs reprises, un ciel tourmenté et sombre. Le téléfilm illustre également bien le caractère baroque de Dom Juan qui accomplit son avancé vers la mort à dos de cheval, constamment en mouvement jusqu'à son sacrifice final. Dans une interview, Bluwal parle même de suicide et d'une montée vers le commandeur. [...]
[...] Déstabilisant certes, mais le comique remet également la morale chrétienne en cause puisque Sganarelle la discrédite presque lorsqu'il dit avec simplicité Voilà par sa mort chacun satisfait et finit par mentionner ses intérêts : Mes gages, mes gages Ensuite, cette ambiguïté qui règne au sein du texte de Molière pousse obligatoirement les metteurs en scène à l'interprétation personnelle, à l'appropriation du texte. Il faut en effet adapter le mythe selon ses exigences. Quelque part, les choix que fait le metteur en scène pour Dom Juan peuvent être perçus comme une réécriture, une réappropriation du texte qui apportent des modifications ou des clarifications sur les personnages en mettant tel trait de caractère en valeur plutôt que l'autre. [...]
[...] Dom Juan reste ainsi fidèle à lui-même puisqu'il reste complètement indifférent face à ce qui lui arrive et continue à défendre la raison en croyant que quatre et quatre sont huit et nous pouvons penser qu'il refuse toujours d'accepter le surnaturel de sa situation. Baudelaire utilise des adjectifs comme calme ou audacieux pour illustrer le caractère presque impénétrable du personnage. Il se sent supérieur à la religion, au châtiment divin que l'on retrouve avec le grand homme de pierre qui représentait déjà le châtiment divin dans Dom Juan. [...]
[...] Ce poème de Baudelaire intensifie le mythe de Dom Juan, dépeignant un héros qui s'en tient à ses convictions libertines face à la mort, refusant obstinément sa punition, éternel contestataire de l'autorité religieuse. Ensuite, Dom Juan est un mythe grâce à son côté intemporel. Pour illustrer cela, nous pouvons citer une réactualisation plus récente du mythe de Dom Juan, le film Broken Flowers réalisé en 2005 par Jim Jarmusch, récompensé par le Grand Prix du Jury au Festival de Cannes. [...]
[...] Ici, Baudelaire propose une suite directe de la pièce de Molière. Reprenant les mêmes personnages que ceux de Molière (Dom Juan, Don Elvire, Sganarelle, Don Luis ainsi que la Statue du Commandeur) Baudelaire tente d'illustrer la sombre arrivée de Dom Juan aux enfers. De nombreux traits du personnage de Molière sont alors identifiables dans Dom Juan aux Enfers. Avant tout son indifférence pour le terrible châtiment qui lui a été infligé puisque Baudelaire le qualifie de calme héros rappelant bien le caractère indifférent et imperturbable du personnage d'origine. [...]
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