C'est la Nouvelle Critique dont on peut considérer que le chef de file est Roland Barthes qui va initier cette notion de « mort de l'auteur » à la fin des années 60, en parallèle avec Mai 68 et la remise en cause d'une certaine manière de toutes les formes d'autorité.
[...] Contester la notion d'auteur. La notion d'auteur est moderne. Dans les sociétés ethnographiques, certains textes n'avaient pas d'auteur. Barthes réfère cela à la naissance de l'époque moderne. Ce que l'on peut rappeler est l'expérience des surréalistes., modèle d'une écriture associative, le sens se créé à partir du langage. C'est le principe du cadavre exquis. On a une des formes du fonctionnement du langage. Il s'agit bien d'un processus de désacralisation de l'auteur. La Nouvelle Critique s'est notamment inspiré des travaux de linguistes tels Émile Benvéniste par exemple qui expliquait que les pronoms personnels étaient des catégories vides grammaticalement. [...]
[...] L'impersonnel oblige l'écrivain à s'ouvrir à quelque chose de nouveau. Il s'agit, par un travail méthodique et organisé de remettre en cause le « je ». C'est ce que l'on peut voir dans la trilogie romanesque de Hilbig. La notion même de sujet est remise en cause car l'histoire est un en quelque sorte un pièce. Le sujet s'émancipe de son auteur en quelque sorte et remet en cause les principes traditionnels du roman. L'auteur propose une façon de transformer le « je » en quelque chose d'impersonnel. [...]
[...] Paul Valéry dira ensuite dans une citation qui restera célèbre qu'il ne consentira à écrire un roman que lorsqu'il disposera d'un secrétaire qui écrira pour lui « la marquise sorti à cinq heures ». Le théoricien de la littérature Gérard Genette est un disciple de Roland Barthes en même temps qu'il se revendique de Paul Valéry. Il va s'intéresser aux structures, sur les structures littéraires, ces « grandes formes vides » qui constituent le récit. Il va constituer des études narratologiques. Figures III en est un exemple manifeste. Il étudiera ensuite la différence entre fiction et diction. Il va effectivement passer son temps à faire des catégories. [...]
[...] C'est toute une nouvelle façon de « produire » la littérature qui est proposée par l'auteur. Une littérature qui a pleinement assimilé la philosophie déconstructionniste de la seconde moitié du vingtième siècle. Se rendre disponible à l'émotion de l'impersonnalité, dans le poésie, le roman, le théâtre, c'est aller à la rencontre sans aucun a priori. En littérature, il ne s'agit pas d'établir une stratégie d'écriture, à rebours de Zola et de ses fameux « dossiers ». Ainsi, nous avons pu voir à travers ces différents exemples la façon dont cette notion de « mort de l'auteur » s'est construite dans la critique littéraire de la deuxième moitié du vingtième siècle, une critique littéraire qui continue à avoir son influence aujourd'hui. [...]
[...] Pour Flaubert, le livre est comme une sorte d'objet extérieur, parallèle à son auteur. Rimbaud s'inscrivait également déjà dans cette impersonnalité à travers son célèbre « je est un autre ». par « un long et raisonné dérèglement des sens » tel qu'il le préconise, il s'agit en quelque sorte de se défaire du vieux moi occidental cartésien « maître et possesseur de la nature ». Pour l'auteur d'Une saison en enfer, on peut même avoir le sentiment d'ailleurs que cela l'a conduit à la la folie, « la vraie, celle qu'on enferme », lui qui donnera une couleur aux voyelles dans le célèbre poème va conférer une puissance presque magique aux langages au détriment du poète qui se sacrifie à la poésie et à la puissance alchimique du langage qu'elle détient. [...]
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