L'obéissance n'est pas la servitude de même qu'être gouverné ce n'est pas être tyrannisé. La Boétie ne fait pas une critique radicale ni de la servitude, ni du Gouvernement. On ne trouve pas une critique de l'obéissance et du Gouvernement chez La Boétie. Ce qu'il interroge ce n'est pas pourquoi les gens obéissent mais pourquoi ils servent et pourquoi ils sont tyrannisés. Etant donné que ce que nous appelons obéir dans certaines sociétés sera appelé servir dans d'autres. Il y a dans ces notions une certaine relativité.
[...] C'est le sens de la relativité : les sociétés changent dans le temps. La connaissance historique vise l'avenir et cette conscience nous amène à relativiser toutes les croyances. Prévost-Paradol est au cœur même de ce basculement de la connaissance historique. Les limites entre obéissance et servitude sont variables dans le tps et dans l'espace. Cette limite qui sépare l'obéissance nécessaire et légitime de la servitude est variable selon les lieux et les temps, selon l'état des sociétés qui ont besoin de plus ou moins de discipline pour se soutenir, selon des âmes qui peuvent accorder plus ou moins d'obéissance sans s'abaisser. [...]
[...] Il y a tout sauf de l'intégrité. Or entre méchants, c'est un complot et non une société. Ils ne s'aiment pas mais se craignent, ils ne sont pas amis mais complices. Ici, il y a par exemple de la cruauté, de la déloyauté, il n'y a pas de confiance mais de la crainte. LB décrit l'incertitude et l'insécurité qui détermine l'Etat de nature chez l'homme. Ils se sont jamais sûrs de rien. S'il y a une communication, elle est verticale. [...]
[...] Cela peut constituer le premier cas vers la servitude. Si on ne nie pas cette humiliation, on peut se rendre compte que ce que l'on exige de nous va trop loin (blessure inacceptable). Il fait de l'humiliation quelque chose comme un sentiment moral, c'est-à-dire que c'est quelque chose qui vient de l'intérieur, du for intérieur, mais qui n'est pas réductible à cette simple intériorité car les gens qui l'éprouvent peuvent argumenter. Le sentiment d'injustice est un sentiment. Mais ce qui fait qu'il se distingue de l'injustice, de l'envie. [...]
[...] Le consul portugais est mort dans la misère (contrairement à Papon). Ces gens autant les 2 consuls se présentent comme sujet de leur action (ils ne se sont pas plain de leur sort) alors que les autres dans leur procès ils ont toujours dit qu'ils n'étaient pas un sujet mais un rouage, un objet (ils devaient obéir aux ordres) Difficulté introduite aux débuts de la réflexion sur LB : difficulté de distinguer l'obéissance et la servitude. Au fond la question est de savoir cmt on acquiert la conviction que l'on a franchi la limite de l'obéissance pour entrer dans la servitude et que le gouvernement a basculé en tyrannie. [...]
[...] Pour La Boétie, ces hommes qui n'ont plus la force de désirer la liberté apparaissent dénaturés parce que l'anthropologie de La Boétie est une anthropologie dans laquelle ce qui est naturel est la liberté. Le plus difficile est de penser à la place d'autrui. Cette notion d'aliénation contourne cette notion d'empathie. Incontestablement, pour la Boétie, ces hommes qui n'ont plus la force de désirer la liberté sont dénaturés car ce qui est naturel est la liberté. Nous ne sommes plus dans l'anthropologie des anciens qui considéraient l'esclavage comme naturel. N'y a-t-il pas un désir de soumission ? [...]
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