- Salomé apparaît dans un épisode du Nouveau Testament raconté par Marc et Mathieu dans leurs Evangiles (6, 17-29 et 14, 3-12) mais c'est l'historien Flavius-Josèphe, dans ses Antiquités juives (XVIII, 7), à la fin du premier siècle de notre ère, qui la nomme pour la première fois.
- Figure au départ tout à fait anecdotique, elle est récupérée par l'Eglise qui lui donne une dimension plus maléfique, afin de faire écho à l'Eve de l'Ancien Testament, et d'affirmer son discours misogyne et antisexuel.
L'épisode biblique
Salomé est la fille d'Hérodias appelée aussi Hérodiade. Le saint Jean-Baptiste avait critiqué ouvertement le mariage d'Hérodias avec Hérode Antipas [21 av. J.-C. - 39 apr. J.-C.] car elle était sa nièce et auparavant mariée avec le demi-frère de celui-ci, Hérode-Philippe.
Ces critiques irritèrent Hérodias ; Hérode, lui, qui craignait le saint homme et sa popularité, hésitait à le punir. Pour se venger, Hérodias demanda alors à sa fille Salomé de danser devant Hérode et, comme il fut charmé au point de lui accorder ce qu'elle voulait, elle conseilla à sa fille de demander la tête de Jean-Baptiste, ce qu'Hérode ne put refuser. Un garde alla décapiter le prophète en prison et rapporta sa tête sur un plat, donné à Salomé qui l'offrit à sa mère.
[...]
Jean Chrysostome est le premier à donner un âge à Salomé, soit quinze ans, ce qui la rend consciente du crime qui sera perpétré et pas seulement soumise à sa mère. Elle est coupable par sa danse, scandaleuse et obscène, et par l'homicide qui s'ensuit - l'érotisme et la mort sont déjà liés.
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On continue de développer l'épisode, en accentuant la parenté de Salomé avec les puissances obscures, et on tient à lui donner un juste châtiment, soit tuée par le souffle divin de la tête de Jean-Baptiste, soit noyée dans un lac gelé à Saint-Bertrand de Comminges, où elle suivit Hérode et sa mère en exil. C'est sur quoi hésite Jacques de Voragine dans sa Légende dorée (1266) (...)
[...] Ainsi à travers cette figure se pose une question sérieuse mais traitée de manière parfois amusée ou ironique. Enfin, l'opéra avec Strauss et le cinéma s'emparent de cette figure, lui donnant de nouvelles dimensions artistiques. A la lumière de la jeune psychanalyse, au tournant du siècle, les pulsions en jeu à travers cette figure seront analysées. IV. Postérité ambiguë du mythe Représentation de l'opéra de Strauss en 1907 En 1923 En 2011 CONCLUSION Basilique Saint Marc de Venise, mosaïque du XIIIème siècle. [...]
[...] Hérodiade-Salomé : le mythe fixé Salomé dansant devant Hérode de Moreau (1876) Après Banville qui évoque brièvement Hérodiade en 1843 (et y reviendra en 1874-75), Mallarmé est le premier à élever la figure d'Hérodiade à hauteur du mythe. Il l'évoque déjà dans le poème « Les Fleurs » en 1864, et lui consacre une grande œuvre de sa vie, Hérodiade, qu'il travaille de 1864 à 1867, et à laquelle il revient trente ans plus tard. Ce travail acharné provoque chez lui une profonde crise spirituelle. « La plus belle page de mon œuvre sera celle qui ne contiendra que ce nom divin Hérodiade. [...]
[...] Eglise Saint Romain à Sèvres Eglise Saint-Séverin à Paris Eglise Saint Jeanne d'Arc à Rouen : Plusieurs chapiteaux de Notre-Dame de Lescar se rapportent à l'épisode du festin d'Hérode : On continue de développer l'épisode, en accentuant la parenté de Salomé avec les puissances obscures, et on tient à lui donner un juste châtiment, soit tuée par le souffle divin de la tête de Jean-Baptiste, soit noyée dans un lac gelé à Saint-Bertrand de Comminges, où elle suivit Hérode et sa mère en exil. C'est sur quoi hésite Jacques de Voragine dans sa Légende dorée (1266). La danse de Salomé prend une importance de plus en plus grande dans l'imaginaire. [...]
[...] Au XIXème : Le Romantisme, en s'inspirant du Moyen-Age, retrouve la figure de Salomé : le poète allemand Heine écrit ainsi Atta Troll (traduit en 1847) qui fait redécouvrir la figure d'Hérodiade. L'orientalisme continue de se développer, et les voyages en Orient se multiplient (Nerval, Flaubert, etc.). La déroute du Second Empire de Napoléon III marque les esprits qui y voient une décadence du pouvoir. Tout au long du siècle se précise une certaine émancipation de la femme, qui vient renforcer la figure de la femme dangereuse, voire castratrice. Baudelaire et Flaubert vont avoir une influence déterminante dans la construction de la figure fascinante de la femme. [...]
[...] Les Mystères en font une danse macabre. L'association entre érotisme et mort déjà pressentie chez Augustin se renforce ; la danse est le moyen de la séductrice de conduire à la mort les hommes, même les plus justes. Il ne faut donc succomber ni à la femme, ni aux appels du corps. Hans Memling, Décapitation de Saint Jean-Baptiste (1479) A partir de là, les peintres s'emparent de l'épisode biblique , mais en insistant sur la décollation de Jean-Baptiste, sans faire de la danse un thème autonome. [...]
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