peinture, Jean-Baptiste Greuze, sentiments, morale humaine, histoire de l'art, réalisme
Si l'art a toujours eu une place importante dans la société, au XVIIIe siècle, avec le développement des Salons, il attire un public toujours plus considérable et intéresse vivement les critiques d'art.
L'esthétique de Greuze, peintre de ce siècle, habitué aux scènes de genre, a beaucoup été commentée de son vivant, mais également après sa mort. Les quatre textes qui nous sont proposés lui sont postérieurs :
- Étude sur Jean-Baptiste Greuze - Jules Renouvier (1863)
- L'Art du XVIIIe siècle - Frères Goncourt (1967)
- L'Art du XVIIIe siècle - Michel Levey (1993)
- Greuze - Jacques Guillermé (1970)
[...] En outre, la visée morale affichée n'est peut-être pas ce qui touche le plus le spectateur. Greuze est considéré comme le grand peintre réaliste du XVIIIe, "le véritable porte-parole du milieu du siècle" (Michael Levey). En effet, il ne s'intéresse pas aux grands sujets historiques ou mythologiques, aux scènes idéalisées, mais plutôt à des tableaux familiers et populaires : par exemple à travers ses figures de jeunes filles humbles (Jules Renouvier). Ce réalisme s'exprime également par la peinture des émotions des personnages, qui peuvent exprimer une "intense vérité psychologique" (Michael Levey), le peintre sachant mieux que personne représenter la gestuelle, les expressions du visage, qui donnent ainsi lieu à une scène "réelle et saisissante" (Michael Levey). [...]
[...] Conclusion L'esthétique de Greuze divise ainsi les critiques. Alors que certains le voient incontestablement comme le grand peintre du XVIIIe siècle (Renouvier), d'autres remettent en question son hégémonie (les Goncourt). Si traditionnellement, Greuze est considéré comme un peintre réaliste et moraliste, fameux pour ses scènes de genre populaires, d'autres voient chez lui une peinture théâtrale (Guillermé), sensuelle (les Goncourt), à sensation (Michael Levey). Chardin, autre peintre de scène de genre, est tantôt représenté comme étant plus touchant que Greuze (les Goncourt), tantôt comme étant moins expressif (Michael Levey). [...]
[...] Cet art extrêmement moral peut virer à quelque chose d'un peu trop moralisateur (les Goncourt). Pourtant, la morale n'est peut-être pas ce qui nous touche le plus dans ces peintures. N'est-ce pas plutôt la puissance des émotions que le peintre met en scène, l'expression des "corps pâmés" ? (Jacques Guillermé) Ainsi, paradoxalement, ses figures dégagent une grande sensualité (de Goncourt), qui tranche complètement avec l'apparente visée morale. Greuze n'est en réalité pas un véritable peintre moral, mais plutôt un "peintre à sensation" (Michael Levey) qui a avant tout pour but de toucher le spectateur. [...]
[...] On trouve deux textes du XIXe et deux textes du XXe siècle, qui projettent un regard contrasté sur le peintre, allant d'un texte d'historien de l'art franchement élogieux (Jules Renouvier), à des textes plus critiques, qui remettent en question l'image traditionnelle de Greuze (Michael Levey et Jacques Guillermé), jusqu'à un texte franchement polémique, attaquant l'esthétique du peintre (les Goncourt). Alors que Jules Renouvier défend l'image d'un grand peintre réaliste et moraliste, les Goncourt dénoncent l'artificialité et la sensualité de sa peinture, et Guillermé rejette sa valeur sociale. Peut-on ainsi remettre en question l'esthétique traditionnelle de Greuze du grand peintre réaliste et moraliste du siècle ? Une peinture des sentiments Si les sujets des peintures de Greuze semblent réalistes, leur dimension de théâtralité est évidente. [...]
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