Arthur Rimbaud, Une saison en enfer, Poésies, représentation poétique, je, lyrisme, subjectivité, éléments autobiographiques, fabulation, moi poétique, rythme, émotions, mythe personnel, Victor Hugo, Baudelaire
« Je sens à travers ma diversité une constance et cette constance est toujours moi. ». Par ces mots, l'écrivain et chef de file du mouvement surréaliste André Gide explore la diversité de l'indenté chez l'individu comme une matérialisation de sa façon d'appréhender le monde et soi-même. En d'autres termes, je serait un autre. C'est, de cette identité malheureuse et tourmentée reprise par tous les auteurs du XXe siècle en France, de Gide à Derrida en passant par Sartre et Camus, Yourcenar et de Beauvoir, une façon de s'interroger sur sa propre condition en la bousculant dans le plus profond de son existence : elle n'est pas unique. Pourtant, cette manière d'appréhender le réel en utilisant l'écriture n'est pas consubstantielle aux écrivains du XXe siècle, on pourrait même appréhender la paternité de cette philosophie au poète français Arthur Rimbaud, dont les poèmes, et plus généralement l'écriture, ont entraîné une mutation dans la manière d'appréhender le soi, voire le genre autobiographique.
[...] Enfin, il faudra préciser que notre représentation actuelle de la vie de Rimbaud a été fortement construite par un processus de mythe, co-créé par la critique et par Rimbaud lui-même. Le lyrisme comme expression transposée d'une subjectivité Les éléments autobiographiques du sujet lyrique Si nous mettons en parallèle la biographie d'Arthur Rimbaud avec son œuvre, nous pouvons aisément tisser des liens entre l'une et l'autre. En 1870, le premier poème publié par Rimbaud, « les Etrennes des orphelins », n'est pas sans rappeler la situation familiale de Rimbaud, dont le père est absent et la mère l'élève avec froideur : « Plus de mère au logis - et le père est bien loin . [...]
[...] Ainsi, dans ses premiers poèmes, Rimbaud s'attache à saisir les sensations fugaces causées par la nature qu'il parcourt lors de ses excursions de bohémien. Même lorsqu'il semble ne faire que décrire sobrement et prosaïquement ce qui est vécu sans se laisser aller à aucune envolée lyrique, comme dans « Au cabaret vert », tout semble amplifié : la serveuse a des « tétons énormes » la chope est « immense » (v. tout est très coloré, avec la table « verte » (v. [...]
[...] Selon un poète contemporain, Bernard Noël, cette nouvelle vie était en effet annoncée dans le caractère même de son œuvre : Changer la vie, disait Rimbaud le poète et il est certain que par « l'alchimie du verbe » il réussit à changer la vie à l'intérieur de lui, mais l'autre vie à l'extérieur continuait sans que la vie nouvelle trouvât à s'y insérer. [ . ] Rimbaud-le-négociant fut peut-être le fou de Rimbaud-le-poète, quand « l'intérieur » eut été consumé. [...]
[...] Il se sent étranger à tout ça, comme étranger à lui-même, paresseux, incapable d'utiliser son corps, comme s'il n'en avait pas : « ma vie n'est pas assez pesante, elle s'envole et flotte loin au-dessus de l'action ». Comme le christianisme et le travail ne le peuvent pas, le corps semble pourtant être tout ce qui peut encore le sauver. C'est plus loin, dans « Adieu », qu'il verbalisera avec le plus de clarté l'échec du voyant : « Moi qui me suis dit mage ou ange, je suis rendu au sol, avec un devoir à chercher, et la réalité rugueuse à étreindre Paysan ». [...]
[...] Soit par le tiret, comme le « - Je m'y habituerai. » que nous venons de citer, probablement parce que c'est la phrase qu'il s'imagine pouvoir dire oralement, parce qu'il en est convaincu ou parce qu'il veut s'en convaincre, face à autrui, comme pour justifier le fait qu'on peut le sortir d'enfer, bien qu'il ne soit pas un bon chrétien ni un bon français, il saura faire semblant. D'autres fois, avec des guillemets, comme ici : « Prêtres, professeurs, maîtres, vous vous trompez en me livrant à la justice. [...]
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