D'après Gaston Bachelard (1884-1962), « Tout mythe est un drame humain condensé. Et c'est pourquoi tout mythe peut si facilement servir de symbole pour une situation dramatique actuelle ». Ce philosophe français met ainsi en évidence la facilité avec laquelle un mythe peut être actualisé et réinterprété au regard d'enjeux contemporains. Le mot « mythe » vient du grec « muthos », qui signifie « parole » ou « récit », et désigne un récit populaire ou littéraire, de portée allégorique, qui met en scène des êtres surhumains (héros, divinités), incarnant sous une forme symbolique des forces de la nature ou des aspects de la condition humaine, et des actions imaginaires, et donne une dimension sacrée aux événements. Dans ce récit à caractère légendaire, transmis par la tradition, sont transposés des événements historiques, réels ou souhaités, ou bien se projettent certains complexes individuels ou certaines structures sous-jacentes des rapports familiaux et sociaux.
Lorsque le récit ou le personnage mythique, qui en sont à l'origine, sont repris dans un texte qui l'enrichit de significations nouvelles, propres à la sensibilité de son époque, on parle alors de « mythe littéraire ». André Siganos, dans Le Minotaure et son mythe (1993), distingue mythe littérarisé et mythe littéraire. Le mythe littérarisé «reprend les éléments d'un récit archaïque sans doute bien antérieur à l'actualisation qu'il en présente, que cette actualisation soit simplement textuelle ou littéraire.» Le mythe littéraire, lui, «se constitue par les reprises individuelles successives d'un texte fondateur individuellement conçu». À l'inverse du mythe littérarisé qui prend sa source dans un mythe ethno-religieux dont la version originale est introuvable, le mythe littéraire est détaché de la dimension collective et présente donc une origine assignable et interne à la littérature.
Mais, d'autre part, Siganos reprend dans sa définition les caractéristiques communes au mythe ethno-religieux et au mythe littéraire. «Le mythe littéraire, comme le mythe littérarisé, est un récit fermement structuré, symboliquement surdéterminé, d'inspiration métaphysique (voire sacrée) reprenant le syntagme de base d'un ou plusieurs textes fondateurs.» Dans cette perspective il semblerait que tout récit présentant ces particularités de structure et de contenu serait à même de constituer un mythe littéraire.
Pourtant, «Mythe littérarisé et mythe littéraire ne seront reconnus comme tels que s'ils fondent, non la réalité, comme le mythe qui était tenu pour vrai, mais une lignée littéraire.» En fait, si le terme de mythe littéraire tend à s'imposer, c'est peut être justement parce que le récit a acquis, en sortant du champ littéraire, une dimension collective qui déborde du cadre individuel de la reprise. Le mythe littéraire rejoint ainsi le statut de réponse du mythe ethno-religieux. La réponse mythique est chaque fois mise en jeu par de nouvelles questions, dans une structure de question/réponse qui définirait au final le caractère mythique d'un récit.
La plupart des mythes sont attachés à la tradition gréco-romaine, on les regroupe souvent sous le terme de « mythes antiques ». Le mythe gréco-romain, dans la littérature française, a connu deux « âges d'or » : le XVII° siècle et le début du XX° siècle. Des dramaturges du XX° siècle, tels que Cocteau, Giraudoux, Anouilh ou Sartre, ont ainsi repris des mythes qui avaient fait l'objet de tragédies dans l'Antiquité. Dans quelle mesure les mythes antiques ont-ils inspiré ces dramaturges de la première moitié du XX°s ? S'il s'avère que la matière mythique inspire aussi bien les tragédiens antiques que les auteurs du XX° siècle, cette reprise des mythes gréco-romains par les dramaturges du XX°s, au delà de la matière commune, est marquée par l'originalité.
[...] Conformément au protocole, Œdipe reçoit la visite de Tirésias, qui l'avertit de présages funestes. Il l'interroge et Œdipe avoue aimer Jocaste d'un amour presque filial. Jocaste découvre ensuite les trous aux chevilles d'Œdipe, ce qui lui rappelle les circonstances dans lesquelles elle a jadis abandonné son fils. L'acte IV s'intitule "Œdipe Roi" et précise "Dix-sept ans après". La peste s'est abattue sur Thèbes, et on cherche quel est le criminel caché qui en serait responsable. Cet acte est une mini-tragédie, qui reprend un moment crucial d'Œdipe Roi : la mise en lumière de l'accomplissement du destin d'Œdipe, mais avec quelques variantes par rapport à celle de Sophocle. [...]
[...] Créon incarne la raison d'Etat, le devoir politique envers les citoyens. Il explique à Antigone que la vie est faite de compromis, et qu'il est difficile pour un roi de conserver l'ordre et la paix sans faire de politique. La décision concernant Polynice n'est qu'une question de politique : pour ramener les esprits à la raison, il lui fallait un double exemple : celui du bon et du méchant, il a décidé que Polynice incarnerait le méchant. Antigone, elle, refuse de se compromettre avec les bassesses de la vie et préfère mourir. [...]
[...] Il invite tous ceux qui ont des informations sur ces événements à les dévoiler. C'est ainsi que, grâce aux témoignages successifs de Tirésias, un devin aveugle, de Jocaste mais aussi d'un messager venu de Corinthe et d'un vieux berger qui l'a jadis recueilli enfant, Oedipe découvre progressivement la vérité, à savoir qu'il a tué son véritable père, le roi Laïos et épousé sa propre mère, la reine Jocaste. Œdipe se précipite alors à l'intérieur du palais, découvre que Jocaste s'est pendue, et se crève les yeux avec sa broche. [...]
[...] Mais le mythe d'Oedipe et le tragique destin de sa fille furent également, au siècle, une source d'inspiration renouvelée pour les dramaturges Jean Cocteau et Jean Anouilh, qui livrèrent une version originale du mythe. Après Sophocle dans Œdipe roi, Cocteau met en scène Oedipe victime de La machine infernale. Le mythe d'Oedipe reste sans doute un des plus célèbres, en particulier parce qu'il fut rattaché au complexe psychanalytique du même nom. Sophocle composa une pièce intitulée Œdipe Roi, qui fut représentée pour la première fois vers 430 av JC, et qui demeure la plus célèbre et la plus admirée des tragédies antiques. [...]
[...] En effet, Electre vit dans le deuil incessant de son père Agamemnon et ne manque pas une occasion d'exprimer sa haine envers Clytemnestre, dont elle jalouse la féminité. Ainsi, dans la scène 4 de l'acte le conflit entre la mère et la fille éclate et Electre manifeste de façon explicite l'attachement excessif à son père : Egisthe- Crois-tu vraiment qu'il se plaise à te voir le pleurer, non comme une fille, mais comme une épouse ? Electre- Je suis la veuve de mon père, à défaut d'autres. [...]
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