Au cours de notre étude du mythe de Psyché en France au XVIIe siècle, nous avions fait remarquer que ce que l'on appelait « mythe » pouvait aussi être apparenté au conte, tant par ses personnages que par sa morale ou son merveilleux. On avait aussi constaté que le mythe de Psyché avait inspiré certains contes, ainsi que le motif du fiancé-animal. Mais l'on pourrait aller plus loin en affirmant que le mythe de Psyché a donné naissance à un personnage caractéristique des contes de fées : la belle-mère hostile, souvent appelée la marâtre. En effet, l'histoire de Psyché, dans sa deuxième partie, repose presque entièrement sur un personnage, celui de Vénus, qui persécute sa belle-fille (ou future belle-fille) Psyché en lui imposant de multiples épreuves. Cet aspect du mythe le rend aussi proche du conte, car la belle-mère hostile compte parmi les topoï des contes de fées les plus répandus. Il n'est sans doute pas inspiré uniquement par le mythe de Psyché, mais on ne peut nier les similitudes qui existent entre cette histoire et de nombreux contes qui vont être publiés dans les siècles suivants.
[...] Ces épreuves sont le symbole du passage de l'enfance à un état de plus grande maturité. Cette dimension initiatique est présente dans les contes où la belle-mère est la mère du mari, mais c'est le cas également dans des contes faisant intervenir une belle-mère deuxième femme du père. On a déjà cité Tourbillon, où le prince Nirée doit réaliser plusieurs épreuves, des combats, et une sorte de descente aux Enfers. Pendant ce temps, Pretintin, comme de nombreuses héroïnes, doit subir l'épreuve de l'attente, et donc apprendre la patience. [...]
[...] Tout d'abord, on pourrait se demander pourquoi les belles- mères hostiles sont si nombreuses dans les contes de cette époque. En effet, c'est un personnage qui n'est pas forcément nécessaire à l'intrigue, puisque comme je l'ai déjà fait remarquer Madame de Murat ne l'utilise pas, et pourtant elle a écrit de nombreux contes. Il semblerait logique de répondre à cette interrogation que les contes littéraires que nous étudions sont pour partie inspirés de contes populaires, et que ces contes comprennent de nombreuses belles-mères hostiles. [...]
[...] En cela, il se rapproche de Fénelon, dont la belle-mère hostile est elle aussi une femme proche de l'ordinaire, mais dont la haine pour sa belle-fille ne semble pas justifiée, ainsi que des auteurs Alphinge ou le Singe Vert et de Oiseau de vérité. Ces conteurs mettent la plupart du temps en avant l'aspect ordinaire des belles-mères, dans le but de servir la morale du conte, comme on le verra par la suite. A l'inverse, certaines conteuses comme Mademoiselle de la Force ou Mademoiselle de Lubert veulent faire de leurs belles-mères des monstres ou des femmes fatales, en tout cas des femmes hors du commun propres à susciter le rêve et la féerie. [...]
[...] Ce monde de perfection, mais aussi d'égoïsme et de narcissisme, est bouleversé par l'arrivée de la belle-mère hostile, qui porte un coup à l'orgueil de la jeune fille ou du jeune homme en rabaissant ses prétentions. Il s'agit donc bien de faire passer l'enfant à l'âge adulte, et d'ailleurs la plupart des belles-filles et beaux-fils de nos contes ont une quinzaine d'années à l'arrivée de leur belle-mère, ou du moins c'est à cette période que se déclenche réellement le conflit. [...]
[...] HF, p . HF, p . HF, p . p . p . EE, p. 172-173. . [...]
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