Jocaste, également appelée Epicaste chez les Grecs est le nom qui désigne la femme et la mère d'Œdipe. Fille du Thébain Menoecée et sœur d'Hipponomé et de Créon, elle épouse en premier Laïos. De cette union naît Œdipe. Sans même reconnaître son fils, elle se marie avec celui-ci, de cette union naîtront quatre enfants. Lorsqu'elle apprend l'horreur de cet inceste, elle se pendit. Mais une autre tradition raconte que Jocaste a eu deux enfants seulement avec Œdipe : Phrastor et Laonytos. Après la mort de Jocaste, Œdipe aurait épousé Euryganie.
L'inceste est un thème qui est latent dans la littérature de la littérature antique aux contemporains. Dans la mythologie, l'inceste est quelque chose de plus généralisé et un thème plus exploité encore, car même s'il s'agit d'une faute lourde lorsqu'elle est commise entre êtres humains, c'est quelque chose de tout à fait normal et permis lorsqu'elle est provoquée par les dieux. Ainsi, Zeus féconde ses tantes telles que Métis, Thémis ou Hera. Dans cette optique, le lien sexuel entre frère et sœur semble renvoyer plus à la règle, à la norme qu'au tabou.
Mais l'inceste a souvent pour conséquences la destruction d'un cosmos, d'un univers chaotique. Dans la mythologie, l'inceste permet de justifier des pratiques au sein même de familles royales. En effet, pour conserver le caractère sacré d'une lignée royale, elle serait ainsi le seul recours possible.
L'inceste mère fils qui nous intéresse tout particulièrement ici, est considérée comme la forme de l'inceste la plus ancienne, la plus taboue et la plus rare. Est-ce parce que les relations hommes femmes marquées par une grande liberté et de nombreux enfants dont la femme ne pouvait pas toujours savoir qui en était le père, que la seule relation de couple stable est celle mère-fils ?
En effet, l'intensité des relations mère fils peut conduire à une psychose schizophrénique, car cet inceste représente une impossibilité de dichotomie entre soi-même et autrui.
Tout au long de cette analyse, nous étudierons les différentes facettes de ce personnage mythique lorsqu'il est adapté à la littérature avec l'étude de la figure de Jocaste dans l'Œdipe-Roi de Sophocle, Sénèque, Corneille, Anouilh, La machine infernale de Jean Cocteau, mais également à travers l'art pictural de l'antiquité aux contemporains avec David Byers Brown. Nous tenterons également de mettre en place une comparaison entre Jocaste et la figure mythique d'Eve et de Pandore.
[...] Elle est loin de réaliser l'acte contre nature total de ce qu'elle a fait. Ici l'inceste est donc perçu comme si horrible mais tellement présent de façon sous jacente que celle qui l'a commise n'arrive pas à y croire même lorsqu'on lui dit en face. On note ici une différence d'avec Sophocle, où, très rapidement les personnages croient les informations que leur donnent les oracles et Jocaste est une des premières à être au courant de cet inceste, c'est même elle qui en informe Œdipe. [...]
[...] " La femme vit que le fruit de l'arbre était bon à manger, agréable à la vue et désirable pour acquérir l'intelligence; elle prit de son fruit et en mangea; elle en donna aussi à son mari qui était avec elle, et il en mangea. Leurs yeux à tous deux s'ouvrirent et ils connurent qu'ils étaient nus; et, ayant cousu des feuilles de figuier, ils s'en firent des ceintures. C'est bien entendu Eve, la femme qui provoque les malheurs de l'Homme. Nous sommes ici aux sources du péché originel. [...]
[...] Une réplique illustre très bien l'image de Jocaste en tant qu'épouse présente chez Anouilh mais aussi chez Corneille. Jocaste est la femme par laquelle l'horreur se concrétise en acte mais également par laquelle la révélation de ce dernier est effectuée chez Œdipe. Jocaste est prise entre ces révélations qu'elle fait de façon innocente, malgré elle et la peur de voir ce qu'elle dit avoir un impact chez Œdipe : c'est un personnage qui, même si c'est grâce à elle qu'Œdipe se rend compte de ce qu'il a fait, sent les choses venir et le piège se refermer sur elle : La crainte me paralyse, mais demande, je te répondrai. [...]
[...] En effet, Jocaste est la mère et l'épouse d'Œdipe et c'est en tant qu'épouse qu'elle se comporte comme une mère vis-à-vis de son mari. Nous allons maintenant à travers un extrait de la Genèse, chapitre dans lequel apparaît Adam et Eve ainsi que par un poème de Jacques Chessex, Eve issu de Poésie III, comparer les figures d'Eve et Pandore comme femmes par lesquelles les malheurs s'abattent sur la race humaine à la figure mythique de Jocaste afin de voir ce que d'Eve ou Pandore le comportement de Jocaste est construit. [...]
[...] Néanmoins, malgré cette force qui lui attribue une dimension davantage maternelle, elle marque la volonté de se montrer comme une femme aimante en partageant les angoisses de son époux dont elle en est la confidente. Dans le dénouement de la tragédie, Jocaste est la femme par laquelle les malheurs arrivent. Ainsi, telle Pandore qui ouvre la boîte contenant tous les maux de la race humaine, c'est par elle que la révélation de l'inceste se fait. La fin du mythe de Jocaste est marquée également par une grande douleur, une grande souffrance dans cette mort qu'elle s'inflige elle-même, à la hauteur de l'horreur de l'acte qui en est la cause. [...]
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