Que de légendes et de rumeurs ont suscitées l'enfant prodige Mozart et l'artiste bafoué Salieri ! Depuis leurs décès respectifs, leur relation a alimenté un foyer continu de polémiques et de bruits tous aussi surprenants les uns que les autres. Les historiens, spécialistes et biographes n'ont cessé de se quereller à propos d'une vérité a priori insaisissable. Mais c'est sans doute le grand public qui possède l'image la plus controversée de cette apparente rivalité entre les deux compositeurs, notamment à cause de la dernière oeuvre l'ayant mise en scène, le célèbre Amadeus de Milos Forman. En effet, dans l'esprit du commun des mortels, Mozart est le génie musical fantaisiste de la fin du XVIIIe siècle, indiscipliné, orgueilleux, vulgaire, se délectant de scatologie et de jeux de mots, et doué d'un rire tout à fait insupportable. De l'autre côté, nous avons l'image d'un Salieri jaloux et dépourvu de vrai talent, se consacrant entièrement à Dieu par sa musique, mais pourvu d'une aigreur et d'une gravité extrême. Ces portraits sont donc connus par la majorité des personnes en ce monde.
Mais, au-delà de cette vision de leurs personnalités, c'est celle de leur propre relation qui subit le plus durement les conséquences du film de Forman. Entre un Salieri que l'envie compulsive envers Mozart pousse à renier Dieu, et un Mozart qui n'hésite pas à venir sangloter dans les bras de son rival pour obtenir un poste à la cour, la fiction et la réalité ont trouvé un motif de rupture. Pourtant, cette rivalité n'est pas née ex nihilo. Il a bien fallu qu'à un moment ou un autre, les deux musiciens entrent en conflit, car une telle image n'a pu se construire seule. En explorant l'Histoire et la vie de ces deux hommes, nous avons pu reconstituer un semblant de vérité quant à leurs rapports réels et leurs différentes rencontres. Il est tout à fait intéressant d'apprécier à quel point la fiction a pu se détacher de la réalité historique, tout en puisant en elle les éléments d'une rivalité dramatique (...)
[...] cit., p Annie PARADIS, Mozart, l'opéra réenchanté, Fayard p Jean-Victor HOCQUARD, Mozart musique de vérité, Archimbaud, Les Belles Lettres p Ibid., p Ibid., p Ibid., p Mildred CLARY, op. cit., p Jean-Victor HOCQUARD, op. cit., p Ibid., p Volkmar BRAUNBEHRENS, op. cit., p Ibid., p Ibid., p Ibid., p Ibid., p Ibid., p Ibid. Jean-Victor HOCQUARD, op. cit., p Ibid. Jean-Victor HOCQUARD, Mozart, Seuil, Solfèges p J.-V. HOCQUARD, Mozart musique de vérité, p Ibid., p Ibid., p Ibid., p Mildred CLARY, op. cit., p Ibid., p. 310-311. [...]
[...] Tous deux ont dit que c'est un opéra digne d'être représenté dans les plus grandes festivités et devant les plus grands monarques, et qu'ils viendraient certainement souvent le voir, car ils n'avaient jamais vu de spectacle plus beau et plus agréable. Il a écouté et regardé avec toute son attention depuis l'ouverture jusqu'au chœur final. Il n'est pas un morceau qui ne lui ait arraché un bravo ! ou un bello ! et ils n'en finissaient pas de me remercier pour ce plaisir. On ressent parfaitement l'émotion de Mozart qui semble lui-même surpris de l'enthousiasme de Salieri. [...]
[...] Il en est de même pour la musique, car elle véhicule une telle multitude de sensations que les mots ne peuvent suffire à fixer son pouvoir. Pouchkine l'a bien compris et nous en fait la démonstration dans son drame. Ainsi, lorsque Mozart tente d'expliquer sa musique, le langage semble se buter à l'émotion qu'il tente de véhiculer. En effet, il a recours à des phrases simples, assez maladroites : Représente-toi qui donc ? Eh bien, moi, un peu plus jeune, amoureux ni trop, ni trop peu en compagnie d'une jolie femme, ou d'un ami, toi, par exemple. [...]
[...] [212] Michel CIMENT, art.cité, p [213] AMAS, p [214] Catherine DAVID, art.cité, p [215] Henry-Louis DE LA GRANGE, Le porte-plume de Dieu Le Nouvel Observateur p [216] AMAS, p et 117. [217] Michel CIMENT, art cité, p [218] AMAS, p et 70. [219] Bertrand DERMONCOURT, art.cité, p [220] AMAS, p [221] MSP, p [222] Ibid., p et 23. [223] Hélène ROL-TANGUY, op. cit., p [224] Michel DRAGUET, art.cité, p [225] J-L BACKES, op. cit., p [226] Henri TROYAT, Pouchkine : biographie, Plon p [227] MSP, p [228] MSP, p [229] Ibid. [...]
[...] L'opéra, un peu bâclé malgré tout, est représenté à Prague le 6 septembre 1791 et reçoit un accueil plutôt mitigé. L'œuvre disparaît de l'affiche dès la fin du mois. L'état général du compositeur est alors au plus bas. Il emploie toutes ses forces à ses compositions et s'acharne tant à la tâche que son état de santé en pâtit fortement. À peine revenu à Vienne, il s'attelle à terminer La Flûte enchantée, tout en composant le Requiem sous la pression constante du messager. A la première représentation de l'opéra, le 30 septembre, Mozart est au comble de l'anxiété. [...]
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