La fenêtre est chez Flaubert un élément essentiel autour duquel s'expriment un certain nombre de thèmes récurrents. Elle révèle une conception singulière de la littérature et une approche originale du monde. Dans Madame Bovary, le narrateur écrit « la fenêtre, en province, remplace les théâtres et la promenade ».
Nous tenterons donc de montrer les particularités de l'utilisation de la fenêtre chez Flaubert en analysant les deux fonctions induites par la phrase de l'auteur, et nous tenterons ensuite de saisir la valeur symbolique exprimée par ce motif...
[...] A partir de ce moment, Emma va de mal en pis, elle «suffoquait, ouvrait les fenêtres, s'habillait en robe légère. Les descriptions qui s'ensuivent indiquent que la névrose de madame Bovary prend forme lentement ; et tous les éléments, les symptômes que rapporte Flaubert sont d'après de nombreux critiques psychologiquement et médicalement vrais. Il lui faut changer d'air, l'ouverture des fenêtres ne suffit plus : C'était une maladie nerveuse : on devait la changer d'air Flaubert, Madame Bovary, Paris, éd. [...]
[...] Yvan Leclerc note d'ailleurs : Mais cet envahissement par la chose contemplée, plutôt qu'il annule l'action, la déplace au niveau de la matière par un curieux échange entre l'animé et l'inanimé. D'une part, les personnages se réifient : frédéric se végétalise, s'endurcit avant de se métamorphoser en objet à la fois pathétique et dérisoire : un banc que Madame Arnoux appelle le banc Frédéric Ainsi, chez Flaubert, nous pouvons relever l'incessant va et vient entre l'objet et sa signification : ce qu'il représente pour les personnages et le décalage avec ce que nous donne à voir le narrateur. [...]
[...] entrait par la fenêtre, comme une ombre mouvante. C'était un vieillard en froc de bure, avec un chapelet au côté, une besace sur l'épaule, toute l'apparence d'un ermite. Il s'approcha de son chevet et lui dit, sans desserrer les lèvres : réjouis-toi ô mère ton fils sera un saint Cette première prophétie, (il doit y en avoir trois dans toute histoire se référant au merveilleux chrétien), cette vision d'un être surnaturel lui révélant l'avenir, a lieu à travers une fenêtre (c'est par la fenêtre que risque de surgir le Horla, le surnaturel). [...]
[...] Les voisins se mirent aux fenêtres pour voir la nouvelle femme de leur médecin. Et pour finir l'enterrement d'Emma : On se tenait aux fenêtres pour voir passer le cortège. Charles, en avant, se cambrait la taille. Il affectait un air brave et saluait d'un signe ceux qui, débouchant des ruelles ou des portes, se rangeaient dans la foule. L'ensemble des figurants qui constituent un fond de décor et à la fin le chœur (est - ce l'aveugle : Tirésias résume de façon obscène la vie misérable d'Emma au moment où elle succombe : Souvent la chaleur d'un beau jour Fait rêver fillette à l'amour Pour amasser diligemment Les épis que la faux moissonne Ma manette va s'inclinant Vers le sillon qui nous les donne Il souffla bien fort, ce jour là, Et le jupon court s'envola ! [...]
[...] L'Education Sentimentale p 159 SOURCE ICONOGRAPHIQUE Dans Un cœur simple, Félicité admire dans l'église de pont-l'évêque, que Flaubert connaissait bien, un vitrail montrant la vierge genoux devant l'enfant Jésus_ et derrière le tabernacle, un groupe de bois représentant Saint Michel terrassant le dragon Le groupe existe réellement, et un vitrail de cette église représente la nativité. Ainsi Flaubert est un artiste visuel puisque son décor peut se reporter à des choses vues et vues depuis longtemps. Ce vitrail fascine Flaubert et Félicité, l'auteur et son personnage. Ce pouvoir de fascination, cette capacité de provoquer l'émerveillement et de susciter l'idée de sacré, est sans doute la plus importante fonction du vitrail médiéval. Théophile, moine du XIIème siècle parle de la magnificence de certains vitraux qui forcent la créature à louer Dieu son créateur. [...]
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