Le Mesnagier de Paris, Moyen-âge, vieux français, langage médiéval, art culinaire, gastronomie médiévale, culture alimentaire, lexicologie, master Lettres modernes
« Si veut le Roi, veut la Loi ». Cette assertion, visant à renforcer l'autorité royale sur le peuple du Moyen Âge, démontre, surtout, l'un des fonctionnements clés de la période où les seigneuries constituent de véritables foyers aptes à diffuser et étendre leur influence sur de vastes territoires.
Dans ce contexte, Le Mesnagier de Paris est un texte médiéval édité en français et datant du XIVe siècle, conservé dans quatre manuscrits. Cet ouvrage, qui se présente comme un guide domestique, offrant des conseils pratiques sur la gestion d'un ménage, couvre une gamme de sujets variés, allant de la cuisine à la conduite à adopter en société.
Ce manuscrit est attribué à un bourgeois parisien anonyme qui rédige des conseils pour son épouse, une jeune mariée. Il est composé de trois parties principales : une section sur la gestion du ménage, une section décrivant les devoirs religieux, et une section sur la cuisine. Cette dernière partie, souvent la plus étudiée, contient des recettes de cuisine, des instructions détaillées sur la préparation des aliments, et offre un aperçu précieux de la vie quotidienne et des goûts culinaires de l'époque.
[...] Comprendre dans quel contexte, les recettes ou les compositions de la période ont été élaborées, permet, en effet, de mieux comprendre et conscientiser les usages et les coutumes présentées, afin de leur donner un sens et une portée holistiques. Ainsi, en dépit de quelques études documentées telle que celle de Jean Louis Flandrin en 1983, au sein de la revue Médiévales26 et pour laquelle, une analyse de près de 134 recettes françaises, anglaises, italiennes et catalanes fut menée, mettant en évidence notamment, le rôle clé joué par le brouet ou potage au sein de l'appareil de cuisine médiéval, peu sont les études à avoir, paradoxalement, travaillé sur le seul matériau français. [...]
[...] Venant principalement des menus « gras », ces traditions semblent constituer la richesse gastronomique des menus de la fin du Moyen Age où la diversité des propositions semble renvoyer à une appétence et une curiosité grandissante pour des mets abondants et variés38. D'autre part, une autre mention nous parait notable. Il s'agit des mets d'influence étrangère, très souvent, européenne, lorsqu'il s'agit de légumineux ou de viandes. En effet, il est ainsi fait état de « pois d'Espagne » p.558) ou bien encore de « brouet de viande à la mode d'Allemagne » p.558), mettant ici en avant les échanges renouvelés avec les pays limitrophes mais aussi la volonté de s'acculturer en prenant appui sur des composantes étrangères. [...]
[...] Par exemple, « quand la loche est frite, on la mange en potage à l'ail vert la loche cuite à l'eau se mange à la moutarde » p.693). Il en est, ainsi, par exemple, du descriptif opératoire de l' « omelette en tarte » pour laquelle, par exemple, « comme le dessous, c'est-à-dire la pâte qui fait le fond serait cuit avant que le dessus soit seulement chaud, il faut prendre une deuxième poêle dont le fond doit être bien chauffé, essuyé, nettoyé » p.719). Il en résulte, ainsi une grande astuce, née de l'usage quotidien, et portant à un certain perfectionnement, l'acte culinaire. [...]
[...] - Greimas, Algirdas Julien, Dictionnaire de l'ancien français : Le Moyen âge, Larousse, 1994. - Matoré, Georges. Le vocabulaire et la société médiévale. Presses Universitaires de France, 1985. - Matsumura, Takeshi, Dictionnaire du français médiéval, En français et en ancien et moyen francais, Les Belles Lettres, 2015. - Von Wartburg, Walther, Französisches Etymologisches Wörterbuch 1992. - Dictionnaire de l'ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle, Frédéric Godefroy, 1880-1895. [...]
[...] Il apparaît ainsi préciser, au sujet de la composition d'un repas, qu' « une chopine pour deux personnes est excessif, une chopine pour trois suffit ; ainsi il y en a assez pour les suivants également » p.571). Les portions apparaissent ainsi, souvent, pensées et calculées au plus juste ; on nous précise, par exemple, qu' « une écuelle revient à 8 deniers » ou bien encore que le marchand « avra 6 deniers pour écuelle, et servira chacune escuelle de 8 oublees supplications et 4 estriers » p.574). [...]
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