Édouard Glissant, imaginaire des langues, source aliénation, rapport aux langues, Soleil de la conscience, Le Discours antillais, poétique de la relation, Introduction à une Poétique du Divers, colonisation, Tour de Babel, folklorisme, Nouveau Monde, universalisme, caractère absolu de la littérature, Traité du Tout-Monde, cultures orales, Lise Gauvin, problème de la diglossie, langue véhiculaire, fétichisme de la langue, standardisation de la langue, langue-empreinte, pouvoir poétique des langues, multilinguisme, rôle de l'écrivain, totalité-langue, Gaston Miron
Pour Glissant, la langue seule peut être source d'aliénation. Afin de dépasser cette limite, il pose comme nécessaire la recherche d'un imaginaire des langues qui mènerait à une poétique de la relation. En effet, la question de la langue semble être la première marche vers une conception plus grande, plus complexe du monde que nous propose l'auteur antillais. Nous pouvons donc nous demander en quoi cet imaginaire des langues induit une révolution des mentalités et un nouvel ordre mondial. Plaçant le rapport aux langues et langages au centre de sa réflexion, Glissant nous invite à repenser le monde et son fonctionnement dans une logique de relation égalitaire à l'autre et à la différence, dont la littérature serait le moteur principal.
[...] C'est ce que nous nous attacherons à comprendre au cours de notre réflexion. Pour cela, nous nous bornerons à deux de ses essais les plus prolixes sur le sujet : Introduction à une Poétique du Divers (1996) et Le Discours antillais (1997). Dans Le Discours antillais, Edouard Glissant évoque la nécessité de revenir à la langue créole, ou plus exactement, à une voix française créolisée. De là se tisse un jeu d'échos avec son Introduction à une Poétique du Divers où s'élabore une poétique de la relation, articulée autour du concept de « Tout-Monde ». [...]
[...] Le grand danger de notre monde, pour Glissant, est la standardisation : l'abolition de toutes différences, diversités et donc richesses. Il cherche à lutter contre l'américanisation du monde, et plus particulièrement de la langue. L'anglo-américain devient de plus en plus prépondérant dans le monde, imposant de plus en plus sa présence, comme une nouvelle forme d'aliénation. Si l'on continue ainsi à donner de la valeur à cette langue au détriment des autres, Glissant estime que « la langue anglaise cesserait d'être une langue avec ses obscurités, ses faiblesses, ses triomphes, ses élans, ses vigueurs, ses reculs et ses diversités [ . [...]
[...] Il ne conçoit pas l'opacité de la langue comme un facteur de distanciation avec l'autre qui justement pourrait nous paraître « trop étranger », mais plutôt comme un motif d'ouverture à l'autre, à ce que l'on ne connaît pas. Aussi, l'autre ne vient pas à nous par la littérature, c'est à nous de venir à l'autre à partir de la littérature. L'opacité (ou les opacités) de la langue est donc un des fondements de la « Relation » selon Glissant. [...]
[...] Edouard Glissant s'inscrit dans une société en pleine révolution qui, redéfinissant la littérature, tend à rendre ses lettres de noblesse à l'oralité jusqu'ici laissée dans l'ombre et à remettre à sa juste place l'écriture, jusqu'ici considérée à tort comme absolue. Les différents rapports de langues Il est aujourd'hui impossible d'envisager l'écriture de manière monolingue, au vu des interconnexions culturelles entre les différentes régions du monde. L'écriture se définit alors comme le choix d'une langue, matériau à travers lequel toutes les langues du monde font entendre leur écho. [...]
[...] Il ouvre au monde entier les différents imaginaires du monde et les place tous au même niveau. Consentir à la pluralité du monde, c'est pour lui, Antillais, marquer une rupture avec l'hégémonie indo-européenne de la période de colonisation. Pour lui, la période où la conception indo-européenne du monde était considérée comme l'unique et l'absolue vérité est terminée. Il prône une réelle égalité entre les langues, les cultures et les imaginaires du monde. Aucune langue, aucune culture et aucun imaginaire n'est supérieur à l'autre. [...]
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