Master Littérature, La Gynandre, saphisme décadent, Jean de Palacio, Joséphin de Péladan, Paris, aristocratie, Tammuz, dandy, roman, genre poétique
La figure de Péladan nourrit un imaginaire à la fois commun à celui de ses contemporains, mais aussi fortement divergent : son écriture ne se construit qu'à l'aune d'une crainte de l'inversion sexuelle qui est vue comme danger permanent pour la société. Son oeuvre majeure, La Décadence latine, porte bien son nom : il s'agit d'étudier un mouvement fondamentalement descendant qui fait sentir à l'homme le poids de ses vices. Ceux-ci sont fascinants en ce qu'ils dérogent à la norme morale et corporelle du XIXe siècle, mais ils inquiètent aussi. Cette profonde dichotomie qui travaille l'auteur se retrouve avec force dans le roman La Gynandre, paru en 1891.
[...] Classe d'élection, sa dégénérescence en est d'autant plus violente. Un tel postulat se voit confirmé en ce qui concerne le traitement de la femme saphique. En effet, Louise et Marcelle, les deux héroïnes du roman de Rachilde Madame Adonis, bien que résidant à la campagne, appartiennent à une bourgeoisie lasse et bien installée. Et si la Sophor de Catulle Mendès a des origines quelques peu troubles, son statut social de naissance reste celui d'une petite aristocrate élevée dans un cadre moral strict. [...]
[...] Fort de son appartenance à un tel groupe d'hommes, Tammuz s'il ne répond pourtant pas tout à fait à ces codes, les utilise pour pénétrer plus facilement au sein du sérail. Lorsque les femmes l'interrogeront à leur tour, il leur brossera un nouveau portrait de lui-même : « Je suis un artiste paresseux ; je vis au soleil de Bordighera, sous les palmes ; quand j'ai eu un peu d'or, je voyage ; j'étais à Rome l'an dernier, avant à Nuremberg ; je ne fais rien, je vis d'amour, d'idées, de musique et d'art comme les autres aliments et de vanités. Je ne tends à rien, je ne suis rien. [...]
[...] En effet, aucune des femmes saphiques du corpus décadent ne crée. Tout au plus, elles se modèlent un personnage mais jamais de vers ou de prose ne sortiront de leur bouche. Seule exception, la Bilitis de Pierre Louÿs qui joue avec les vers et les sexes ; l'auteur la place cependant dans un cadre antique, de fait, tout se passe comme si la création saphique n'appartenait qu'à un âge d'or déjà disparu. La Gynandre n'échappe pas à cette neurasthénie des esprits poétiques : malgré leurs noms évocateurs, aucune femme du sérail ne se risque à l'entreprise littéraire. [...]
[...] Pourtant, le héros de Péladan est convaincu de l'existence possible d'une thérapeutique. Si cette pensée semble loin des préoccupations décadentes, la magie qui opèrera dans la scène finale a tout de cette nouvelle tradition. Péladan offre ainsi une nouvelle réflexion sur l'inversion où la poésie est rendue à l'homme « avec un devoir à chercher et la réalité rugueuse à éteindre, saphiques ». Bibliographie Corpus littéraire BAUDELAIRE Charles, Les Fleurs du mal, Paris, Le livre de poche s LOUŸS Pierre, Les Chansons de Bilitis, illustré par Gilles Marie, Paris : Livre club du libraire MENDES Catulle, Méphistophéla, Paris, Hachette PELADAN Joséphin La Gynandre, Genève, Slatkine RACHILDE, Madame Adonis [1888], Paris, J. [...]
[...] Tammuz conduit, à l'instar des nouveaux psychiatres, des séances de questions / réponses dont nous pouvons au moins donner un exemple : « Confidentielle et de la voix basse un peu traînante du souvenir, elle disait son enfance dans un château où, dénicheuse de nids, garçonnière, et les jupes toujours déchirées, elle affolait les institutrices, jusqu'à cette dix-septième année où elle épousa un gentillâtre pour venir à Paris. Maintenant veuve depuis quatre ans. " Vous n'avez pas souhaité d'enfants ? Oh s'exclama-t-elle avec une sincère horreur. L'idée d'engendrer la terrorisait à peine émise. Votre première nuit de noces vous a sans doute détournée du normal. [...]
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