Henri Bosco est né en Avignon le 16 novembre 1888 et meurt le 4 mai 1976 à Nice.
Sa véritable carrière littéraire débute en 1932 avec Le Sanglier. Or, c'est dans les années 40 que Bosco conquiert la célébrité avec L'Ane Culotte dès 1937, Hyacinthe en 1940, et surtout Le Mas Théotime, en 1945 pour lequel il obtient le prix Renaudot , puis Malicroix en 1948 .
La carrière romanesque de Bosco se poursuivra, aussi riche que régulière, jusqu'à la fin des années 60, avec L'Antiquaire en 1954, le cycle des Balesta de 57 à 62, et jusqu'au Récif en 1971 , pour ne rien dire ici des " œuvres pour la jeunesse " de Bosco qui ont tant fait pour son paradoxal succès (L'Enfant et la rivière, 1945, Le Renard dans l'île, 1956…).
Les paysages de la Provence et sa fascination pour la nature sont au centre de l'oeuvre d' Henri Bosco : il est inspiré par le Rhône , la Durance, le Luberon...Il perçoit les effluves qui émanent du sol, entend le message de l'eau, de l'air, du feu et de la terre. Ainsi, La Provence occupe une place prépondérante dans ses oeuvres, et offre à ses yeux et à sa plume d'écrivain, le magnifique tableau de ses paysages provençaux.
Le Mas Théotime est un roman aux réalités paysannes. Il s'agit ici d'un pays chaud où les personnages évoluent sous un climat redoutable . La peinture du domaine est très voisine de la réalité : les travaux dans les champs, le cycle des saisons, les fermes, les bergeries, les mas en déshérence isolés dans la campagne, les plantes et les arbres fruitiers, les récoltes fructueuses, le blé et la vigne, les odeurs florales et fruitées, le doux chant des oiseaux, la source aux reflets argentés, la lavande...font partie de ce monde boscien . De la même façon , il en révèle les dures réalités .
Ainsi , il dénonce les mesquineries tracassières de la vie des champs qui tiennent aussi une place importante . Les rivalités de voisinage s'expriment à travers les habituelles vexations : canaux mis à sec, fumée dans le vent, abus du droit de passage constituent les divers épisodes de la guerre des nerfs qui met sans cesse aux prises les propriétaires ennemis. Mais ces manifestations hostiles alternent avec les gestes les plus émouvants de fidélité aux vieilles traditions terriennes. Et c'est ce monde si rempli de paradoxes qu' Henri Bosco a aimé et peint et cet univers se dévoilera à la fois fascinant , envoûtant et cruel .
[...] De fait, cette association pernicieuse va inspirer chez Geneviève (la cousine du narrateur) terreur et angoisse et provoquer vertige, malaise voire évanouissement, p 60 : " J'entraînais sans le vouloir, Geneviève à la source . tout à coup, elle se tut et je fus frappé de son silence. Son visage était très blanc, elle regardait avec une singulière frayeur, dans l'eau calme de la source. Elle avait les yeux égarés, et je crus qu'elle allait tomber dans l'eau". Ainsi, l'image que l'eau renvoie à l'homme est celle d'une nature diabolique et maléfique aux odeurs infectieuses et intoxicantes ; l'homme n'a pas cette fois-ci d'emprise sur la Nature et ces confrontations nocturnes l'affaiblissent. [...]
[...] Or, la nature se met du côté de Pascal car la terre qui entoure Théotime est fertile, belle et ordonnée, p 44 : " Quant à moi, qui veillais, en leur compagnie, à la fécondité modeste de ce territoire de céréales, de vignes et arbres fruitiers, j'avais pour mes loisirs, introduit dans cette existence déjà calme , ce goût des plantes et des herbes qui réclament des soins et une discipline, elle aussi, en accord avec les saisons" alors que chez Clodius, la terre est stérile, mauvaise et en désordre, p 132 : " Jamais je n'avais visité les abords de cette demeure ennemie. Le sol en était bossué, moussu. Cà et là des ferrailles : un soc, une houe, un débris de râteau. L'air sentait le vieux fer, le bois citronné, l'argile humide et cette navrante odeur de suint mort et de maigre litière qu'exhalent les bergeries depuis longtemps abandonnées". [...]
[...] Etude du Mas Théotime d'Henri Bosco Alors que Cézanne peint la Provence, Bosco écrit la Provence. A travers Le mas Théotime, Henri Bosco chante la Provence, compose un hymne en son honneur et toute une palette de couleurs chaudes où dominent le rouge - qui représente à la perfection les baies rouges, l'argile rouge brûlante - le jaune, associé au blé, à l'orge, au miel, aux céréales, au soleil ardent et -le vert à travers les plantes, les herbes, le feuillage , se dégagent de son œuvre et l'égayent afin d'en faire une œuvre-peinture. [...]
[...] Georges Poulet dit à propos de l'élément liquide dans Le réel et l'imagination dans l'œuvre de Henri Bosco que : " l'eau monte des profondeurs souterraines. L'esprit de la terre, l'esprit des ténèbres, est en elle C'est donc, sous l'emprise de la nuit, que les essences de la nuit sont elles aussi contaminées : la terre et les arbres élèvent une odeur amère, puissante et néfaste qui engourdissent et empoisonnent l'oxygène des hommes car l'air stagnant concentre les odeurs au ras du sol avec l'aide de la chaleur emmagasinée toute la journée; p 132 : " L'air sentait le fer, l'argile humide et cette navrante odeur de suint mort et de maigre litière". [...]
[...] Et c'est ce monde si rempli de paradoxes qu' Henri Bosco a aimé et peint et cet univers se dévoilera à la fois fascinant , envoûtant et cruel . François Bonjean, fidèle ami de l'écrivain résume parfaitement par ces mots le roman : " Magnifique poème campagnard et provençal, doué d'un étrange pouvoir d'envoûtement - comme tout ce que vous faites ailleurs, ô Enchanteur ! . En somme, œuvre grandiose, encore chaude, palpitante, à laisser refroidir, à clarifier, élaguer.» * Résumé de l'œuvre Héritier du domaine agricole de Théotime à Puyloubiers qu'il tient de son oncle, Pascal Dérivat, le narrateur y vit en solitaire. [...]
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