Etudier le surnaturel dans l'oeuvre d'Emile Zola pourrait paraître une gageure aujourd'hui.
Néanmoins, les premiers écrits de Zola sont à l'opposé de ce qui a fait et fait encore sa gloire. En effet, la renommée de l'écrivain est bâtie sur Les Rougon-Macquart et sur leur principale caractéristique : le naturalisme. Cette notion abstraite, parfois difficile à définir car elle est proche d'autres concepts, vient à la suite du réalisme. Ce dernier consiste à reproduire la réalité telle qu'elle est, sans rien omettre et donc les auteurs réalistes décrivaient aussi bien les aspects positifs que les éléments répugnants et immoraux de la société. Dans le naturalisme, on ajoute l'idée que le milieu social, politique, économique et culturel dans lequel vit le protagoniste a une influence sur lui. De ce fait, Zola prônait l'utilisation de sciences naturelles, et c'est ce qui, selon lui, permettait de parvenir au réalisme.
[...] Ce qui intrigue Zola dans l'écriture naturaliste, c'est que le doute permet à l'action de se développer. Contrairement aux réalistes qui décrivent la réalité, les naturalistes s'efforcent de la comprendre et surtout d'éclairer ce qui semble devoir rester dans l'ombre.
Ainsi, le surnaturel, semblant être à l'opposé de cette notion de naturalisme, dont Zola est perçu comme chef de file, se rapproche subtilement de ce que notre auteur peut entendre en évoquant « des vérités mal connues ».
[...] Le surnaturel revient donc à étudier ce qui est présenté comme extraordinaire, mystérieux et incroyable dans le monde dans lequel nous vivons. Les lois qui composent notre monde réel ne peuvent expliquer et saisir les phénomènes qualifiés de surnaturels, c'est-à-dire ceux qui sont en marge de notre monde. Le surnaturel correspond à ce qui transgresse les éléments du monde dans lequel nous vivons : il n'est donc pas notre monde, mais un autre monde. Zola, par le naturalisme, cherche donc à comprendre et à expliquer de façon rationnelle ce « doute » et cet événement improbable. Cette approche et cette tentative d'explication du surnaturel par la raison est originale, car elle permet d'assimiler ces péripéties hors norme et de rassurer les lecteurs face à la vacuité de la vie, mais elle pose aussi problème car le propre du surnaturel est d'échapper à la raison : ce dernier ne peut être expliqué, sinon, il n'existe plus (...)
[...] A. La critique du pouvoir et de la domination. La domination patriarcale et sentimentale. La critique du monde militaire et du pouvoir politique. B. Une critique de l'humanité associée à la volonté de prise de conscience des hommes du XIXe siècle. Cupidité et avarice. Déshumanisation et rumeurs : l'homme inhumain. La prise de conscience de la fragilité de la vie. [...]
[...] Le surnaturel, et principalement le fantastique, se développe sous la pression du doute, de l'incapacité à déterminer si ce que l'on vient de voir ou de vivre est réel ou imaginaire. Le but de Zola est d'expliciter ce qui n'a jamais été expliqué et compris. Le fantastique, est donc un genre intéressant pour lui, car même s'il est, a priori, le jaillissement d'un événement inconcevable dans le réel, d'une rupture du monde vraisemblable, il peut donner lieu à des explications réalistes dans les contes et nouvelles de Zola. [...]
[...] Le narrateur de ces nouvelles serait alors un manipulateur qui développerait une observation provoquée dans le but d'expliquer au lecteur la nature et le monde. En effet, d'après Zola, tout le raisonnement expérimental est basé sur le doute, car l'expérimentateur doit n'avoir aucune idée préconçue devant la nature et garder toujours sa liberté Opus cit. Ibid, p Ibid, p - 32 - d'esprit. Il accepte simplement les phénomènes qui se produisent, lorsqu'ils sont prouvés. Contrairement aux personnages et aux lecteurs de contes et nouvelles merveilleux, ceux des contes et nouvelles fantastiques ne peuvent accepter de façon certaine les évènements que quand ceux-ci sont explicités. [...]
[...] Par ces exemples de jeunesse, mais aussi en étudiant les nouvelles et les contes plus récents, on remarque la ténacité de Zola à mettre en pratique les éléments qu'il théorise. Mais si pour Zola, le naturaliste ne doit pas chercher à comprendre les causes des phénomènes mais à - 54 - seulement assimiler les moyens de réalisation, le lecteur, quant à lui, doit interpréter les conséquences et les fondements des faits surnaturels. A travers ces éléments surnaturels, on remarque donc qu'un point commun avec Les Rougon-Macquart reste tout de même notable : Zola écrit pour dénoncer et décrire le monde tel qu'il est. [...]
[...] Des cris se font entendre et les reîtres partent au fur et à mesure chercher l'origine de ces horribles hurlements. Ensuite, le conte se constitue de récits de rêves, ou plutôt de cauchemars, qui ont été vécus par les guerriers. Comme l'explique Colette Becker Gneuss et Clérian sont menacés d'être submergés par un flot de sang grossissant. Elberg et Flemm revoient toutes les violences et les horreurs accumulées depuis le premier crime commis par l'homme contre son semblable. En effet, Zola développe dans ces quatre rêves un univers intriguant et angoissant en utilisant des mythes incontournables et qui recouvrent la problématique de la domination et du pouvoir, comme le mythe de Caïn et Abel, du Déluge, de la Passion du Christ, de l'Eden, de l'Enfer. [...]
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