Dans ses fonctions de directeur de cabinet d'Aristide Briand et de secrétaire général des Affaires étrangères, l'Antillais créole, devenu au fil de sa vie citoyen du monde, s'est trouvé au coeur des bouleversements de son temps, là où les dimensions du drame étaient internationales. Par la diversité de ses origines, de ses périples, de ses voyages, de ses rencontres et des problèmes qui lui furent posés, Alexis Leger a été en symbiose avec le poète, qui est, par nature, lui aussi au seuil de son monde. À l'origine et au terme de son aventure humaine et de son poème se trouve le monde, scène embrasée de la ferveur où se mêlent au vent, à la pluie, à la pierre, à la mer, une célébration des mythes, des couleurs, des éléments, des aventures humaines. Il s'y trouve aussi l'homme, dans la diversité de ses origines, de ses traditions, de ses inventions, de ses exploits, des drames de son histoire, l'homme, homérique dans la solitude de sa destinée, refusant le doute et la sujétion. Ce poème dédié à la vie, à la nature, à l'Homme et au Temps, le diplomate l'élabore au contact de cultures multiples que leurs chants poétiques sacralisent et maintiennent. Et le poète les a chantés en leur donnant son propre souffle, ce souffle dont il imprègne la langue qu'il invente (...)
[...] Il suffit en quelques sores de se laisser porter par le souffle qui anime les textes et l'on pénétrer alors dans un univers authentiquement poétique. Il ne s'agit que du monde réel transfiguré et comme sacralisé par le pouvoir des mots. Le message se trouve donc en permanence doublé par une référence au médium qui le véhicule : le langage a. La simplicité, le maitre mot adjectival : Moins prononcé est sans doute l'emploi des adjectifs pleins dans l'œuvre de Perse. [...]
[...] De même, ce genre d'énoncé ne se produit au subjonctif que dans : que je sache, expression figée qui garde le mode subjonctif même dans une principale. On dit d'un verbe qu'il est gnomique quand il exprime un procès universel, vrai d'après l'expérience commune à tous les hommes. Tel est le cas dans les énoncés scientifiques, les proverbes et les maximes. Xavier Darcos : poète aime ces mots un peu précieux et sonnant anciens en –ance ou –ante et , de même, il recourt souvent aux inchoatifs qui rendant plus sensible l'expression de la couleur, et plus vivante l'image d'après la citation de Caillois Victor Vasarely, peintre d'origine hongoise, célèbre par son art de l'illusion (d'optique) qui engendre à partir d'une seule cellule géométrique répétée un mouvement infini des perspectives. [...]
[...] Le recours au mot choses vient par son timbre flou renforcer l'équivoque créée par l'emploi inattendu d'un adjectif peu commun. Le bourdonnement des toiles que l'on plie, l'accord des eaux vives et chantantes, le son émis par le nuage violet et jaune appelant les servantes, tout cela parait, au même lieu, éloge. D'ailleurs, chez Saint John Perse, les adjectifs élogieux sont d'une grande banalité. Il parle aussi et de façon complémentaire de corps à corps avec la langue, avec le dictionnaire et le papier. Le parti-pris des choses est aussi le compte- tenu des mots. [...]
[...] Eloge implique par conséquent une réminiscence. Le lieu de l'origine, c'est ainsi toujours un peu l'exil, la marge, le décalage : une frontière dont la limite n'est autre que le songe et l'espoir onirique : J'ai fait ce songe, il nous a consumés sans reliques (Pour fêter une enfance Car il y à la fois, trace, inscription et effacement ; conjointement mémoire et oubli comme les deux phases d'un même mouvement, d'un même rythme poétique, comme le battement même du poème : enfance, mon amour, n'était-ce que cela ? [...]
[...] (Pour fêter une enfance En parallèle, il est compréhensible qu'un nom propre n'aie point besoin d'apposition, vu qu'il trahit par sa notoriété sémantique une complétude déterminative, voire prédicative. Toutefois, divers type de séquences subsistent : Crusoé ce soir prés de ton Ile, le ciel se rapproche louangera la mer (La ville) Crusoé ! tu es là ! et ta face est offerte aux signes de la nuit, comme une paume renversée (Ibid) Vendredi !que la feuille était verte, et ton ombre nouvelle, les mains si longues vers la terre, quand, prés de l'homme taciturne (Vendredi) b. [...]
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