Entreprendre une étude des divertissements dans l'univers balzacien ressemble fort à une entreprise risquée : on a déjà beaucoup écrit sur la vie mondaine dans La Comédie humaine. Pourtant, les conclusions que nous avons tirées de notre travail de maîtrise sur les bals balzaciens nous ont donné à penser qu'il y avait tout intérêt à persister dans cette voie. Intuitivement, nous sentions qu'il y avait là encore matière à réflexion – et à divertissement, précisément. En somme, que, malgré les apparences, tout n'avait pas encore été dit sur le sujet.
Lors de notre étude des bals balzaciens, force fut de constater que ceux-ci se définissaient surtout par un étrange paradoxe : la musique et la danse y avaient disparu – ou presque. Les bals fleuriraient donc dans bons nombres de romans, mais comme vidés de leur substance. Aussi avions-nous été tentés de les considérer sur les seuls plans sociologique et moral lorsqu'une étude détaillée de leur composition nous donna à voir l'importance de la dimension esthétique. Si la musique avait disparu de la représentation romanesque, c'était pour mieux reparaître sur le plan de l'écriture. Les bals ressemblaient ainsi à des compositions musicales, à des variations. En effet, il n'est pas indifférent de constater que les bals n'apparaissent jamais seuls dans une œuvre, mais fonctionnent en écho. Et scandent le rythme de l'intrigue.
C'est donc cette intuition qui nous a amenés à élargir notre recherche au thème du divertissement en général. Qu'entendre par là ? Fallait-il inclure les réunions mondaines ? Non, pensions-nous car bien qu'elles fassent parties des distractions de la bonne société, elles n'impliquent pas un spectacle (artistique). Qu'il soit un spectacle musical ou corporel dans le cas du bal. Curieuse discrimination, sur laquelle nous allons bien entendu revenir. Nous avons donc limité notre champ de recherche aux seuls bals et opéras et au produit de leur union, le bal à l'Opéra. Car il y avait là matière suffisante. Et d'ailleurs, comme en témoigne la citation que nous donnions en exergue, la vie du monde se résume principalement à se rendre « un soir aux Italiens, l'autre au grand Opéra, de là toujours au bal » . Dans un double souci de cohérence et de variété, nous avons aussi limité volontairement notre sujet aux divertissements parisiens. En effet, la donnée parisienne apporte un éclairage intéressant, tout à la fois topographique et éthique.
[...] Le texte semble placé sous le signe du singulier, de l'irréel même, il emprunte des thèmes du récit fantastique qu'il réadapte dans sa nouvelle sociale. En outre, c'est à un véritable moment onirique que l'on assiste. Or, si l'on met en relation le désordonné, le singulier et l'imaginaire, le rêve, on songe immanquablement à la fantaisie et à la fantasmagorie. La fantaisie doit beaucoup à la fancy, c'est-à-dire à l'imaginaire, au fantasme et, sur le plan de l'écriture, au fragment. [...]
[...] La joie bascule ici dans la souffrance intérieure, la symphonie héroïque laisse place à la symphonie pathétique, selon les titres de Beethoven. César entonne lui-même son grand finale, son chant du cygne. A ce moment, le sens de l'irruption du motif dans le premier bal se révèle clairement : l'air apparaît comme un souvenir, dans une coda, profondément lié à l'imaginaire du héros lui-même, car la réalité de cette musique est tout intérieure. César est seul à la jouer et à la percevoir. [...]
[...] Quant aux bals publics, pourtant forts à la mode sous Louis-Philippe, il faudra attendre 1841 pour que Balzac les mette en scène et encore sous la forme d'un bal Musard qui n'occupe que quelques lignes dans La Fausse Maîtresse. Loin de décrire ce divertissement, l'auteur semble plutôt vouloir rendre compte, de manière allusive la scène dure moins d'une demi-page d'un phénomène social. Preuve du sérieux d'un Balzac historien des mœurs. Quant au terme opéra il appelle quelques éclaircissements : le mot désigne aussi bien le spectacle musical chanté que le lieu où il se déroule. [...]
[...] En metteur en scène b. En deus ex machina c. En maître de ballet 2. Le bas carnavalesque II. Les intermèdes balzaciens : poétique des divertissements A. La poétique musicale des divertissements 1. De la construction circulaire du Bal de Sceaux aux variations sur un thème : une composition plus musicale qu'architecturale 2. L'orchestration des scènes de bal de César Birotteau a. [...]
[...] Ce passage est net d'une nouvelle à l'autre mais il l'est également au cours d'une même nouvelle. Ainsi Une fille d'Eve met successivement en scène un bal luxueux chez lady Dudley, bal relativement développé, bal qui fait l'objet d'un tourbillon descriptif ; puis, deux scènes de loge à l'Opéra plus elliptiques avant de s'achever, tambour battant, sur un bal masqué à l'Opéra, d'un goût plus que douteux. Le couple Vandenesse y côtoie le monde des artistes, monde symbolisé par le couple Florine-Raoul Nathan. [...]
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