Les romans de Dhôtel ouvrent les portes à un monde tout à la fois troublant et envoûtant, où se multiplient rencontres et événements étranges et où rêve et réalisme s'entremêlent si bien que cette hybridité empêche toute classi cation générique en même temps qu'elle apporte un charme tout particulier. Le Pays où l'on n'arrive jamais (publié en 1955 et lauréat du prix Fémina) et L'Honorable Monsieur Jacques (1972) illustrent bien cette problématique ; c'est pourquoi nous avons choisi de les étudier.
Puisque nous serons amenée à évoquer différents épisodes de ces récits, nous les résumons brièvement pour plus de clarté. Le Pays où l'on n'arrive jamais rapporte l'histoire d'un jeune garçon dénommé Gaspard. Celui-ci grandit à Lominval où il travaille à l'hôtel de sa tante, échappant ainsi à la vie désordonnée qu'il n'aurait pas manqué de mener avec ses parents extravagants. Un jour, un enfant fugueur que Gaspard prendra d'abord pour un garçon, jusqu'à ce qu'il apprenne son prénom, Hélène arrive à Lominval. À la recherche de ce qu'elle prétend être sa vraie famille (Maman Jenny) et de son pays d'enfance (le grand pays), Hélène fuit son père adoptif, Drapeur, et le secrétaire de celui-ci, le rustre et désagréable Parpoil (...)
[...] (HMJ, 217) 26 voir chapitre Quête initiatique latente J.-Fr. Grégoire décrit ces personnages qui savent voir de la manière suivante : semble qu'il existe de gens qui non seulement veulent ou peuvent voir mais qui SAVENT voir, comme s'ils avaient acquis une connaissance singulière qui leur permît de sonder les c÷urs, au-delà même de ce qui se montre et, en se montrant, souvent bloque le regard et l'empêche d'accéder à une vision en profondeur pour le dire autrement, de relier la lumière du dehors à celle du dedans) ! [...]
[...] Jouve l'exprime de la manière suivante : Le principe même du récit, qui consiste, à travers un jeu de retards et de relances, à combler progressivement l'écart entre le sujet de la quête et l'objet visé, associe l'intérêt de la lecture à l'intérêt pris à la cause du personnage Ibid PAJ, pp. 32- Conclusion Lorsqu'un lien de sympathie nous unit au protagoniste, il devient d'autant plus dicile de ne pas le soutenir dans son entreprise. 34 Ainsi, le texte valorise la marginalité en faisant des marginaux ses porte-parole, en les présentant comme les détenteurs de vérité. Mais cette valeur étant contraire à ce que nous acceptons généralement comme norme, l'auteur a dû mettre en oeuvre des stratégies incitant le lecteur à adhérer à son point de vue. [...]
[...] La renaissance a réellement lieu à la du roman, lorsque Gaspard retrouve sa vraie famille. Le narrateur souligne la nouveauté de cette vie qui s'ouvre devant le héros : Mme Fontarelle apparut au milieu de ces propos, sans que Charles Fontarelle les interrompît le moins du monde. Elle serra dans ses bras Gaspard qui voyait maintenant s'ouvrir une vie neuve. (PAJ, 156) Le changement s'incarne littéralement chez Gaspard, puisque le garçon reçoit dans son regard l'éclat qu'il avait déjà observé chez Hélène : En ces jours, en cet automne éblouissant des contrées du sud, Gaspard comprit donc l'éclat étrange des yeux d'Hélène, car lui-même, ainsi qu'elle le lui dit, eut cet éclat dans son regard. [...]
[...] Une amitié inutile comme la vie. Jacques voulut dire : " Je vous remercie. " Mais il lâcha une parole qui le surprit vivement : Viviane est belle, murmura-t-il. (HMJ, 94) . et arrive à tirer parti de ce genre de conversation. En eet, il comprend qu'il lui faut écouter la conversation selon le même principe que celui que son interlocuteur observe : il s'agit de se laisser porter où son esprit le guide, en fonction de ces paroles lancées en l'air. [...]
[...] Il n'y mettrait pas tant d'obstination Mais [sic ] en admettant que M. Drapeur ne soit pas son père, comment cet enfant songerait-il à rejoindre ses parents s'il ne les connaît pas et s'il ignore même son pays d'origine ? (PAJ, 55) Niklaas apparaît réellement comme la personne de bon conseil : sa connaissance et sa sagesse en font un personnage clé du roman. Il éclaire les autres en leur dispensant ses sages conseils et en les instruisant sur les beautés et les mystères du monde. [...]
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