Mémoire de maîtrise analysant l'amour passion dans l'oeuvre de Stendhal. Qu'est-ce que l'amour passion ? Comment la passion naît entre Julien Sorel et Mme de Rénal, entre Julien Sorel et Mathilde ; entre Lucien Leuwen et Mme de Chasteller ? La passion existe-t-elle vraiment entre ces personnages ? ...
[...] La passion se pose en réalité comme une fatalité dans le cadre social. Craignant les affres du mépris public et du manquement religieux, Bathilde, quoique passionnée in extremis pour Leuwen, apprend ainsi à fuir pour éluder toute occasion de faiblesse devant la tentation amoureuse. Chez elle, la quête de l'estime public et du salut céleste, mieux vaudrait dire de la tranquillité et du repos de l'âme, s'associe incontestablement à une négativité de la passion. Elle est par ce fait confrontée à un tête à tête bouleversant avec soi-même lié à l'affrontement perpétuel entre le désir et le savoir. [...]
[...] p.84 Chapitre : La déviance du cadre social . p.87 La réclusion . p.88 L'occultisme . p.93 Chapitre II : La déviance du temps- présent . p.99 La diversion . p.99 Le délire . p.101 CONCLUSION . [...]
[...] Tel ce beau sous-lieutenant qui éprouve envers elle une passion dévorante, Bathilde a beau désirer les atouts de l'amour de soi, elle en est détournée par l'affection sentimentale. Disposée tout d'abord au désir de la gloire par l'application d'une rigoureuse vie vertueuse, l'attachement amoureux opère en fait de profonds changements dans l'orientation de sa vie quand, à sa fierté orgueilleuse, se substitue sa fascination pour Leuwen qui l'entraîne dans la situation de Vénus toute entière à sa proie attachée.»[46] La capacité à s'enchanter de l'autonomie de l'affectivité envers Leuwen fait de celui-ci le nouvel objet de prédilection de sa rêverie. [...]
[...] Dénier la réalité spatiale, ouvrir la porte de la prison, tel sera le travail du rêve.»[122] Défigurés dans l'imbrication mondaine Lucien, Bathilde, Julien et Madame de Rénal se projettent constamment dans l'ailleurs utopique où ils donnent forme à l'amour idéal en fournissant un contenu à l'immensité des désirs. Par la solution de l'occultisme, ils se créent donc un monde où le de l'amour trouve enfin sa place. Cette attitude caractérise une sorte de sublimation, quand le transport de l'âme pourvoit la satisfaction de la pulsion amoureuse par des substitutions chimériques. Telle est l'idée qui ressort de la pensée de Jeanne Bem qui écrit : le désir de se toucher, de toucher, a été refoulé mais non supprimé. [...]
[...] L'avenir se peignait sous des couleurs terribles. Elle se voyait méprisable. Son déplaisir est donc une conséquence de son refus de compromettre l'idéalisme vertueux. Ainsi, convient-il de relever qu'elle et Bathilde se créent leur propre malheur quand, chez elles, l'accomplissement de la morale vertueuse s'accompagne de la volonté de refoulement de la passion par la bonne domestication des désirs qui exprime une sorte de sacrifice de soi, voir même un stoïcisme très prononcé. Leur désagrément naît du fait qu'elles font de leur amour un amour à distance sous l'influence de l'élancement vertueux qui fait que, chacune d'elles, en voyant son amant, s'abandonne à la joie d'aimer mais en est désagréablement tirée si celui-ci entame la moindre conversation, car il lui faut quitter tous les plaisirs pour rechercher la maîtrise de soi afin de ne point avoir l'embarras de la déchéance morale. [...]
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