La Vagabonde et Sarrasine sont deux oeuvres très différentes. L'une est du début du dix-neuvième siècle et raconte une histoire du milieu du dix-huitième, l'autre date de la Belle Epoque. Sarrasine a été écrite par un homme, romancier célèbre et certains experts la considèrent comme le sommet de son oeuvre. L'auteur de La Vagabonde est une femme, c'est un roman presque autobiographique. Ainsi, tout sépare ces deux oeuvres, l'époque, l'auteur, l'histoire, le genre, le styleMais, toutes deux traitent à leur manière de l'ambivalence, de l'ambiguïté du sentiment d'appartenance à un sexe ou à l'autre, du désir, peut-être d'être neutre
[...] Pour finir, fossette, la chienne me semble le double inversé de Renée. Elle est tout ce qu'elle refuse désormais d'être : soumise et dépendante. Ainsi, les personnages importants reflètent une partie de Renée Néré, la mettant ainsi au centre de l'histoire. Le fait d'avoir des doubles de sexe masculin renforce son ambiguïté : ses sentiments sont retrouvés chez des personnages du sexe opposé. Ceci appuie sa masculinité. Le Nom Renée Néré a un nom en miroir, symbolisation de la recherche d'une identité. [...]
[...] A la relecture d'une de ses lettres, elle dit : Je l'ai laissé partir, avec l'étrange impression que je commettais une maladresse, une erreur, et qu'elle s'en allait vers un homme qui n'aurait pas dû la lire . Elle se situe entre ce qu'elle pense, ce qu'elle écrit et la personne à qui elle adresse ses écrits. Toutes ses contradictions ne cachent-elles pas la crainte de Renée de devenir Madame Ma Femme ? Je ne mentais pas quand j'écrivais il y a deux jours : Je vous vois si bien, à présent que je suis loin ! [...]
[...] La poudre de riz, le koheul, le bâton de raisin . Oh ! là, sous l'oeil, ce sillon nacré, attendri. Après une crise de larmes devant Max : Ne me regardez pas, mon chéri ! Je suis laide et le noir de mes yeux est parti, j'ai le nez rouge . Elle répare son visage avant de sortir avec lui faire une promenade : Je le quitte pour refaire à mes yeux le cerne bleuâtre qui les veloute et qui les moire Renée Néré est très coquette et attachée à son apparence. [...]
[...] Le suspens Dans la Vagabonde, le suspens est lié au mystère du désir amoureux. Renée est consciente que le désir existe, demi-dieu impérieux, faune lâché qui gambade autour de l'amour et n'obéit point à l'amour. Le désir amoureux est indépendant de la raison, Colette le compare à un brasier dans lequel Renée va choir, après une période d'intolérante chasteté. Elle sent sa fermeté vaciller, elle réfléchit lucide dans le refus comme dans l'acceptation inévitable de l'amour. Au-delà de sa pénitence intérieure elle sait qu'elle prendra l'autre parti : l'abandon et la soumission dans les bras de Max. [...]
[...] En effet, Balzac parle de deux hommes à tendance féminine et tous deux sont punis. N'est-ce pas une façon de dénier l'homosexualité ? Quant à Colette, elle nous raconte l'histoire d'une femme dont la masculinisation mène à l'émancipation. Ils ne sont pas impliqués de la même façon dans leur oeuvre. [...]
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