Comme le disait Samuel Johnson, « les mots sont les vêtements de la pensée ». Comme les vêtements, votre vocabulaire peut être terne, coloré, élégant, voyant, vulgaire. Il existe même des fashion victims de la parole orale ou écrite, qui cherchent à inclure tous les tics à la mode du moment dans leur vocabulaire, au risque de ne pas être compris, de perdre en précision et d'être assez rapidement… démodé. « La mode, c'est ce qui se démode, » disait Cocteau avec une fulgurante simplicité. Les mots sont à la fois le tissu et l'outil qui sert à le couper pour confectionner la robe ou le costume de votre discours ou de votre article ou mémoire.
Personne ne peut faire du bon travail avec de mauvais outils. Pourtant combien de fois lit-on ou entend-on utiliser des mots creux, émoussés, imprécis, rouillés ? Bien sûr, c'est un crime de tuer ou de mutiler une belle langue comme la nôtre – quelle que soit votre langue maternelle d'ailleurs – et pourtant on n'aide pas beaucoup les gens de l'écrit ou de l'oral dans le choix de leur vocabulaire. Peu de temps est dévolu à la sélection des mots dans les formations à ce sujet ou dans les séances de training ou de coaching journalistiques.
Les idées et les mots sont interdépendants. Je vous épargnerai le quart d'heure philosophique sur la poule et l'œuf, qui consiste à se demander si la parole précède la pensée ou si c'est plutôt l'inverse. Un vocabulaire étriqué limite la création et l'expression d'idées. D'où la nécessité d'élargir son vocabulaire afin de donner une plus grande liberté à votre esprit et à votre expression. Un discours (écrit ou oral) efficace exige une pensée claire, c'est-à-dire la capacité à développer des idées précises, puis à ouvrir l'esprit à un flux naturel de mots qui saisit les idées pour les porter dans la bouche ou sous la plume en un courant régulier, fluide et sans effort particulier. Le volume de la voix, à l'oral, est contrôlé par le nombre et la magnitude des idées à couvrir et il est automatique si votre esprit dispose d'une réserve suffisante de mots disponibles.
Les esprits paresseux saisissent les mots les plus immédiats, ceux qui apparaissent en surface parce que c'est plus simple et plus rapide, sans se demander s'il existe un terme plus exact, plus subtil, plus nuancé ou plus adapté. Il s'agit donc d'augmenter votre stock de mots seuls, de termes associés par paires, puis de les regrouper pour vous familiariser avec les synonymes, les termes alternatifs et les mots associés.
[...] Utilisez-les avec sagesse et économie, assurez-vous de leur pertinence et restez en permanence conscient de leur pouvoir. L'argent est le symbole de la richesse matérielle. Les mots sont les symboles de la richesse d'esprit. Je crois que l'esprit ne meurt pas. Il continue de brûler, comme un feu sous la cendre, et un vent soufflant d'ailleurs vient le ranimer[1] Maîtriser la phraséologie Si les mots constituent le matériau avec lequel vous habillez les idées, leur usage nécessité évidemment une certaine coupe et un certain style. Votre coupe et votre style, bien sûr. [...]
[...] Pour éviter cette crainte, testez-les donc plutôt dans vos conversations, là où vous savez que vous ne prenez aucun risque. C'est quand vous les aurez véritablement intégrés, véritablement faits vôtres, qu'ils viendront naturellement sur vos lèvres dans vos interventions publiques ou sous votre plume. Là, vous aurez le sentiment d'un petit accomplissement, d'un modeste triomphe. La lecture de biographies et d'autobiographies permet de découvrir le fonctionnement interne d'autres esprits que le vôtre. C'est un autre moyen de stimuler la pensée. [...]
[...] Mais elle est aidée par l'intonation de la voix. Si une ponctuation juste n'est pas respectée, le lecteur peut ne plus comprendre le sens de la phrase, surtout si cette phrase est complexe dans sa structure, longue, et comprend des mots peu clairs. Phrases courtes, simples, genre sujet-verbe-complément, sans parenthèses ou sans incises au sein du discours, faciliteront la compréhension de vos idées par le lecteur. Essayez de lire ce texte à haute voix en marquant la ponctuation pour lui donner sens. [...]
[...] Sélectionnez quelques mots chaque week-end et faites un effort pour les introduire dans votre conversation dans la semaine qui suit : c'est le meilleur moyen de les retenir. Au début, vous le ferez timidement, vous hésiterez, vous finirez par employer un bon vieux mot bien banal, mais peu à peu vous prendrez confiance et vous parviendrez sans peine à glisser un terme précis et adapté au moment choisi. Une de mes amies dresse ainsi chaque dimanche une liste de sept mots nouveaux qu'elle décide d'intégrer à raison d'un par jour dans sa conversation au cours de la semaine qui suit. [...]
[...] Pour la pureté et la force de la langue, tournez- vous vers Borges, Marguerite Yourcenar, Yukio Mishima. Pour la finesse et la séduction des mots, la dentelle verbale et le tricotage méticuleux de la phrase, voyez Yasunari Kawabata ou Thomas Mann. Pour l'énergie, l'élan vital, le courage : Hemingway, Klaus Mann, Hervé Guibert. Mais enfin, voyez par vous-même, et suivez votre chemin, votre vie, vos rencontres. Ce ne sont là que quelques suggestions pour l'étude et l'élargissement de votre vocabulaire. Très peu de choses si vous y prenez goût. Mais évidemment, l'œuvre d'une vie. [...]
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