autobiographie, Rousseau, imaginaire, conscience, souvenir, Sartre, Sarraute, Yourcenar
On peut imaginer que tous les autobiographes adhèrent au projet de J J. Rousseau : « J'ai dit le bien et le mal avec la même franchise », c'est-à-dire un engagement de sincérité (« Préambule » des Confessions). En apparence, la tâche est aisée puisque l'autobiographe a tous les matériaux sous la main ; il n'a qu'à solliciter sa mémoire ; il n'a aucun effort d'imagination à faire, juste un effort de remémoration. J J. Rousseau ne semble pas considérer comme un obstacle un éventuel « défaut de mémoire » : il propose aussitôt une solution sous la forme d'un « ornement indifférent » pour remplir le vide ! Il ne met pas en doute non plus le fait qu'il se connaisse lui-même : « Je sens mon coeur ». De telles certitudes laissent les lecteurs du XXIe siècle sceptiques.
[...] Pour ce qui est du troisième obstacle, la sélection, on peut citer la fin des Mots, où J.P. Sartre oublie de dire que sa mère s'est remariée. A l'heure actuelle, LA TENDANCE PORTE A PREFERER LES ECRIVAINS QUI FONT DE LEURS DOUTES ET DE LEURS DIFFICULTES UNE METHODE D'ECRITURE . comme le font M. Yourcenar, N. Sarraute ou G. Pérec. II. Le poids des conventions Le poids des conventions sociales pèse sur l'autobiographe ; orgueil (pourtant fréquent lâcheté ou hypocrisie sont au fond inavouable. [...]
[...] Une question encore plus délicate à résoudre est celle qui concerne l'écriture d'un temps de vie, d'une époque qui se caractérise par un autre rapport au langage, un autre rapport à l'imaginaire, un autre rapport à la conscience. Je n'ai pas vraiment approfondi la question, mais il me semble que J.J. Rousseau, J.P. Sartre et N. Sarraute utilisent leur langage travaillé, élaboré d'adulte pour évoquer leur état d'esprit d'enfant. Seul, Jules Vallès apporte une réponse à la question en n'écrivant pas exactement L'Enfant dans la même langue que Le Bachelier. [...]
[...] Il risque d'autre part de fausser les matériaux en voulant les trier, les ordonner pour donner une cohérence au récit ; l'écrivain cherche souvent à donner un ordre et même un sens aux fragments ; il s'expose à l'accusation de réinventer sa vie . Les contraintes auxquelles est soumis un autobiographe risquent toujours de fausser son propos. Les critiques littéraires ont remarqué que J.P. Sartre se renie en tant qu'écrivain dans Les Mots, mais qu'en revanche dans Les Carnets de la drôle de guerre il n'a pas honte de reconnaître qu'il est bel et bien un écrivain. Dans le récit d'enfance plus particulièrement, l'autobiographe doit se plier aux conventions ; après J.J. [...]
[...] Les difficultés et les risques liés à l'autobiographie On peut imaginer que tous les autobiographes adhèrent au projet de J J. Rousseau : J'ai dit le bien et le mal avec la même franchise c'est- à-dire un engagement de sincérité Préambule des Confessions). En apparence, la tâche est aisée puisque l'autobiographe a tous les matériaux sous la main ; il n'a qu'à solliciter sa mémoire ; il n'a aucun effort d'imagination à faire, juste un effort de remémoration. J J. [...]
[...] Caractère instable du moi Une dernière difficulté (mais il y en a sans doute d'autres . cherchez- les) tient au caractère instable du moi Quels rapports existent entre l'enfant qui a été et l'adulte qui est et qui écrit ? 11 peut y avoir une continuité (vous avez jeté un coup d'œil sur la photo de l'actrice Anny Duperey, à l'âge de six ans, qu'elle commente ainsi : Mon père m'a saisie dans une de ces secondes où l'être est rassemblé. [...]
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