"L'érotisme est l'approbation de la vie jusque dans la mort". Toute la pensée de Bataille résonne dans cette phrase itérative, tirée de son ouvrage L'érotisme. Une phrase clé, qui, dirait-on, par son effet concentrique conceptualise l'érotisme, tout en délimitant ses propres frontières. Il est comme le versant d'une pente, acheminant un corps, dans son appesantissement, vers le point le plus bas de la vallée. Chez Bataille l'érotisme est le propre de l'homme, puisqu'il présuppose le phénomène de conscience.
Mais l'érotisme semble s'épanouir surtout dans l'infraction. Il appelle à la transgression de la norme, ou plutôt il est la transgression même. C'est pour cela que le mariage, cadre licite de la sexualité, n'implique pas nécessairement de rapport érotique. L'érotisme peut être envisagé comme un fait de culture, de civilisation (...)
[...] L'image est répétitive dans la mesure où les cheveux de Nana sont comparés à "une toison de bête p26". A l'époque médiévale, la chevelure dénouée était considérée comme un élément à "forte valeur érotique La seconde métaphore bestialise la partie postérieure du corps : "Nana était toute velue, un duvet de rousse faisait de son corps un velours; tandis que, dans croupe et ses cuisses de cavale . p218". La seconde métaphore, précède le moment de la fusion du corps sous l'effet du sexe, qui semble commander la pesanteur, précépitant le mouvement de la description en bas. [...]
[...] Le sens de l'érotisme s'exprime dans la nudité, qui devient elle-même parure. Le corps se disloque dans la perception; le comte, regardant à travers un trou Nana évoluer nue sur la scène, voit ses "reins tendus", "ses bras ouverts", "sa longue chevelure" lui tombant sur le dos, pareille à la crinière abondante d'une jument, pendant sur les encolures. "Les cheveux dénoués ont une forte valeur érotique depuis que la femme a commencé à prendre conscience de son propre corps et que les soins, les remèdes, les baumes et les bains incessamment perfectionnés, rénovés, la rendèrent plus soucieuse de sa beauté dans une société, qui ne lui donne que le statut d'une machine à procréer, subissant le pouvoir du mâle. [...]
[...] Toutefois le miroir ne reflète pas seulement la beauté comme on l'a vu précédemment; Nana se regardant dans la glace voit aussi la mort. Elle a peur de son propre corps réfléchi : " . Une glace l'arrêta, elle s'oublia comme autrefois, dans le spectacle de sa nudité. Mais la vue de sa gorge, de ses hanches et de ses cuisses redoublait sa peau p380". Le miroir, paradoxalement, instaure un rapport d'opacité, la vue du corps nu, auparavant, plaisir et désir solipsiste, source d'admiration et de jouissance, inspire Zola, Documents littéraires, PP 310-311. l'angoisse : "on est laid, quand on est mort p380". [...]
[...] Le dédoublement du corps, en corps statique et en mouvement en face de son propre reflet, est une condition sine quanon de l'auto séduction. La scène pourrait être découpée en trois séquences qui sont les suivantes : Le corps en mouvement Le corps statique Onanisme Le regard déclenche l'éros, puisque c'est dans le miroir, que Nana prend davantage conscience de la beauté de son corps. La nudité fonctionne comme un spectacle pour soi. Par ailleurs, le reflet de l'image peut aboutir à la méconnaissance. [...]
[...] semble dire Zola. On gage que Léon Daudet, virulent détracteur du naturalisme, et particulièrement écœuré par les romans de "l'égout" zoliens, n'aurait pas manqué l'occasion de le railler, en zézayant comme lui : Refte comme fa, f'est un tableau fafinant ! Ainsi donc, le projet de l'écriture se veut peinture, ou encore sculpture du corps. La description, s'acclimatant à ce corps, suit un mouvement descendant, de la tête jusqu'aux cuisses, une fuite voluptueuse vers le bas, sur les rondeurs glissantes des parties du corps. [...]
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