- Nous allons étudier un extrait de Souvenirs pieux de Marguerite Yourcenar (1974), tiré de son oeuvre autobiographique qui tient en trois volumes : Souvenirs pieux est le premier de la trilogie, vient ensuite Archives du Nord (1977), puis L'Eternité (posthume, 1988) : cette trilogie a été regroupée sous le nom de Le Labyrinthe du Monde.
- C'est une oeuvre autobiographique très longue, car Marguerite Yourcenar ne se contente pas de raconter sa vie, mais l'inscrit en permanence dans l'Histoire (l'Histoire de son pays, de sa société ; et de sa famille, maternelle surtout). Ce que fait Marguerite Yourcenar est plus qu'une autobiographie, c'est un véritable travail d'historien. Le regard qu'elle porte sur elle est celui d'un historien, d'un biographe.
- Dans ce premier chapitre, Marguerite Yourcenar récapitule la difficulté qu'elle a rencontrée en voulant raconter son enfance en essayant d'être le plus près de la réalité possible.
[...] - Le fait qu'elle ancre son récit dans le XXème siècle montre bien que son histoire personnelle se définit dans un contexte historique plus général, qui amène forcément une vision plus globale, plus objective des choses : pour illustrer ce désir de généraliser : « l'être chrétienne et de l'Europe du XXème siècle » (l.14) (...)
[...] - Que cet enfant soit moi (l. 18) montre bien cette difficulté, de même que l'expression cet enfant et moi ainsi que la ligne 28 : Je n'ignore pas ( ) individus différents - Une autre question se pose aussi à Marguerite Yourcenar : elle s'interroge sur son travail accompli, sur l'aboutissement de ses recherches : C'est avec curiosité ( ) assemblage (l.35) - Dans l'énumération ligne 36 à elle met en évidence, avec le verbe rejointoyer les différents éléments qu'elle va devoir assembler pour reconstituer l'histoire de sa famille ( cela ressemble à un puzzle : plusieurs éléments de sa vie qu'elle doit assembler pour en faire un livre). [...]
[...] "Ayant ainsi consigné ces quelques faits qui ne signifient rien par eux mêmes, et qui, cependant, et pour chacun de nous, même plus loin que notre propre histoire et même que l'histoire tout court, je m'arrête, prise de vertige devant l'inextricable enchevêtrement d'incidents et de circonstances qui plus ou moins nous déterminent tous. Cet enfant du sexe féminin, déjà pris dans les coordonnées de l'ère chrétienne et de l'Europe du XXème siècle, ce bout de chair rose pleurant dans un berceau bleu, m'oblige à me poser une série de questions d'autant plus redoutables qu'elles paraissent banales, et qu'un littérateur qui sait son métier se garde bien de formuler. Que cet enfant soit moi, je n'en puis douter sans douter de tout. [...]
[...] Problèmes liés à l'écriture autobiographique I. Recherche d'objectivité Distanciation : - M.Yourcenar se désigne dès la première ligne comme L'être - Elle utilise la 3ème personne du singulier pour parler d'elle, se désigne comme quelqu'un d'autre parce qu'elle a du mal à dire je : L'être que j'appelle moi vint au monde (l.1) - Elle emploie également des adjectifs démonstratifs qui renforcent l'éloignement, la distance qu'elle prend vis-à-vis d'elle-même : cet enfant (l.13-18-33). La triple répétition de ce groupe nominal insiste bien sur la distance entre l'enfant qu'elle était et la femme qu'elle est devenue. [...]
[...] Des points de repères tels que l'heure, le jour, le lieu de sa naissance, nous amènent alors à en savoir un peu plus sur son passé, mais toujours avec la même objectivité. - Enfin, l'auteur généralise ses propos, elle ne parle pas uniquement d'elle, mais des gens en général, comme nous le montrent des expressions comme chacun de nous (l.10), nous déterminent tous (l.13). De plus, on remarque dès le début un recours à la généralisation, ligne 5-6 : cet événement ( ) près Point de vue : - Le point de vue adopté par Marguerite Yourcenar est celui de l'historien, comme elle le dit ligne 20-21 : je suis forcée, tout comme je le serais pour un personnage historique que j'aurais tenté de recréer Elle aborde donc son histoire selon un point de vue externe. [...]
[...] Ces bribes de faits crus connus sont cependant entre cet enfant et moi la seule passerelle viable ; ils sont aussi la seule bouée qui nous soutient tout deux sur la mer du temps." - Commentaire composé - ( Introduction - Nous allons étudier un extrait de Souvenirs pieux de Marguerite Yourcenar (1974), tiré de son œuvre autobiographique qui tient en trois volumes : Souvenirs pieux est le premier de la trilogie, vient ensuite Archives du Nord (1977), puis L'Eternité (posthume, 1988) cette trilogie a été regroupée sous le nom de Le Labyrinthe du Monde. - C'est une œuvre autobiographique très longue, car Marguerite Yourcenar ne se contente pas de raconter sa vie, mais l'inscrit en permanence dans l'Histoire (l'Histoire de son pays, de sa société ; et de sa famille, maternelle surtout). Ce que fait Marguerite Yourcenar est plus qu'une autobiographie, c'est un véritable travail d'historien. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture