Pour ces deux écrivains, ces deux femmes auteurs, l'écrit a pris possession de tout. L'écriture est la seule identité qu'elles se concèdent. Celles qui ont vécu à travers les mots, à travers leurs histoires et leurs romans, renferment cependant un mythe qui nous tourmente : peut-il exister une écriture féminine ? Par écriture féminine, il faut entendre écriture qui entretient des rapports particuliers avec le monde qui l'entoure et qu'elle renferme (...)
[...] Elle est aussi le prisme de l'amour vécu au féminin comme au masculin. Elle est le témoin et le journal de la douleur liée à ce sentiment qui éclate dans chacun des romans de Duras et Woolf. II. La violence et la force de l'amour troublent l'écriture L'amour est une trame nécessaire à l'écriture du roman, il est un passage obligé qui unit les mots, les pages de l'œuvre. Cependant, il est vrai que l'amour trouble le récit encore plus qu'il ne l'unifie : l'amour est une destruction du récit. [...]
[...] Ce paradoxe d'amour (la vie) et de mort est ce par quoi Duras et Woolf, dans Le ravissement de Lol V. Stein comme dans Les vagues, ont choisi d'illustrer la force de l'amour et son constant au-delà. Néanmoins, la mort et la douleur liée à l'être aimé renferment quelque chose d'insuffisant qui ne parvient pas à décrire l'amour avec des mots. C. L'amour par delà les mots En effet, ce que ni les mots ni la mort n'arrivent à faire transparaître, c'est l'essence même de l'amour, c'est ce pourquoi l'on agit, ce pourquoi l'on vit. [...]
[...] Elles ont eu de l'amour à vivre, matière à écrire. Elles se sont aussi confrontées à des douleurs, à des tragédies. Elles se sont faites par l'amour et ont vécu avec. Elles nous demeureront à jamais des modèles et leur écriture, un témoignage de véracité et de juste discernement d'un sentiment qu'aujourd'hui, l'on enterre trop facilement. L'amour est là, dans chacun de leur livre, même s'il est tu. Là est leur force, mais aussi là est leur complexité. Là est l'amour : au-dessus de tout. [...]
[...] Dans Hiroshima mon amour comme dans Le ravissement de Lol V. Stein, les actes de chair sont des étapes décisives, des tournants dans la trame de l'écriture. En effet, Hiroshima s'ouvre sur cette scène de proximité avec deux corps, étrangers. On remarque que l'au-delà de la femme plurielle qui est retranscrit dans l'écriture féminine trouve, avec le corps, sont opposé : l'ailleurs des mots, l'ailleurs des femmes et l'ailleurs de l'amour se ramènent à l'acte amoureux, celui de chair, celui de corps. [...]
[...] Ce trou c'est Duras qui en a conscience. Woolf paraît comprendre, mais ne le dit pas explicitement et trouvent toujours une image à nous décrire pour que l'on comprenne. Si Duras en est consciente, ce n'est pas pour autant qu'elle rencontre cette immensité vide cet inconnu qu'elle semble si bien décrire dans Le ravissement de Lol V. Stein. Aussi, l'univers que construit le livre, uni à l'amour, persiste, malgré le non-dit. C'est une atmosphère qui se dégage des œuvres, qui ne peut se dire ni ne s'écrire. [...]
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