Kundry est un personnage important dans le drame de Wagner, elle est la symbiose de plusieurs personnages des histoires écrites sur Parsifal ; notons que, dans Perceval de Chrétien de Troyes, les femmes n'ont pas un caractère si complexe que Kundry ; Wagner a uni les deux personnages féminins trouvés chez Wolfram en un seul. La Kundry de Wagner est donc double, elle peut franchir la frontière de deux mondes opposés et, dans chacun, elle est différente. Tout ceci fait qu'elle est le seul antagoniste possible à Parsifal car Amfortas souffre et se plaint tandis que Klingsor, qui fait partie du monde du mal, incarne une puissance diminuée : rappelons que, craignant de succomber à ses désirs, il s'est volontairement castré et a choisi ainsi de prendre une voie où il n'a pas à lutter contre lui-même. Au contraire, Kundry est en lutte avec elle-même d'où la complexité de ce personnage. Comme nous allons le voir, dans un premier temps, Kundry est une femme mystérieuse douée de pouvoirs sibyllins. Puis, nous étudierons l'aspect maléfique qui est en elle. Et, enfin, la peur de Kundry de faire le mal et sa quête de rédemption.
[...] Elle qui parle peu, ou par des phrases coupées, hésitantes qui marquent sa fatigue, révèle le passé et le présent de Parsifal avant de retomber dans un état d'abattement et d'épuisement. Comme tous les oracles, elle est traitée de menteuse (on pense alors à Tirésias que Créon traite d'imposteur dans Antigone de Sophocle ou, plus encore, à Cassandre) cependant Gurnemanz précise à Parsifal que Kundry ne ment jamais (page 95 du livret), c'est un moyen détourné pour affirmer les pouvoirs sibyllins de Kundry. [...]
[...] ce ne sont pas les jeux des filles - fleurs mais un jeu plus dangereux et fascinant : elle joue avec l'excitation qu'elle peut provoquer chez les hommes : elle est couchée sur un lit de fleurs et vêtue d'un voile transparent. En effet, elle trouble les sens pour faire succomber Parsifal. Elle est d'une sensualité extrême mêlant à l'odeur des fleurs, la beauté de son corps. Elle utilise tous les moyens de séduction pour faire succomber Parsifal: - tout d'abord, elle noue son bras autour du cou de Parsifal, elle est comme le serpent qui s'enroule autour de sa victime. [...]
[...] Klingsor se dit son maître mais il est comme le magicien qui a le pouvoir de faire apparaître les démons et les commander sans jamais les dominer. Klingsor ne peut pas être la victime de Kundry car Kundry est l'incarnation du désir sexuel et il s'est castré volontairement mais il ne peut pas la dominer et il le sait ) Femme - Tentatrice La puissance de Kundry réside dans l'attirance qu'elle exerce et le désir sexuel qu'elle suscite chez les hommes. [...]
[...] A la fin du livret, elle tombe morte aux pieds de Parsifal : la malédiction a été levée mais Kundry n'a pas été libérée. Le Mal a été vaincu chez Klingsor car Parsifal n'a pas succombé à l'épreuve imposée et c'est pour cette raison que, lorsque Kundry revient dans le monde du Graal, elle a perdu sa sauvagerie, comme elle a perdu, dans le monde opposé, ses attraits aux yeux d'un homme : Parsifal. Le Bien a été victorieux dans le monde et Kundry, retrouvant une incarnation du sauveur qu'elle cherchait, fait preuve d'un désir de rédemption: elle lave les pieds de Parsifal, les oint et les essuie avec ses cheveux ; elle répète l'acte de Marie-Madeleine pour le Christ. [...]
[...] Il y a en Kundry, une pluralité de personnage : sibylle païenne et prisonnière chrétienne du Mal qu'elle incarne. II ) Kundry, femme damnée Kundry est donc porteuse du mal, elle a un aspect de démon, elle est aussi dominée par le désir sexuel - et c'est là que réside le mal en elle - et pour satisfaire son désir, elle utilise tous les arguments possibles ) Femme - Démon Wagner, dans une lettre à Mathilde du 20-12-1858, montre l'importance qu'il accorde au personnage de Kundry : Je sens monter en moi en particulier, et de façon chaque jour plus vivante, plus attachante, une créature tout à fait singulière: une femme qui caractérise étonnamment la démonie même du monde Kundry représente le Mal dans lequel vit aussi ce monde du Graal, elle le représente physiquement car elle est vêtue avec une ceinture en peau de serpent (on connaît tous la symbolique du serpent dans le monde chrétien), ses tresses sont défaites, elle a une chevelure noire - dans les romans de Chrétien de Troyes, la femme belle, bonne et vertueuse est, la plupart du temps, blonde et pâle - et son regard - miroir du cœur” selon Chrétien de Troyes, Cligès, la fausse morte - n'est pas tranquille, elle a un regard aigu et parfois immobile comme la mort. [...]
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