Voltaire (1694-1778) est un des grands philosophes de l'époque des Lumières, auteur de contes, de pamphlets, d'essais et d'une oeuvre assez engagée où la satire est omniprésente.
Dans ses Mélanges, pamphlets et oeuvres polémiques (1759-1768), il traite de nombreux sujets, argumente et propose une réflexion souvent polémique pour faire ressortir le bon sens, la justice et la tolérance.
(...) a) une situation cocasse : le dialogue occupe une large place dans ce récit, donnant à cette péripétie un caractère théâtral. Le comique de situation provient du fait qu'elle s'adresse à un abbé pour remettre en cause les Épitres de Saint Paul. Le caractère entier de cette aristocrate déterminée qui s'emporte, "rouge de colère", avec un emploi important des exclamations pour montrer son dépit et sa réprobation, et les réactions prudentes de l'abbé qui n'ose pas la "contredire", avec l'allusion ironique à sa politesse, offrent une opposition plaisante des personnages. Le comique de mots est également présent avec des paroles qu'on attendrait davantage d'une servante, "je lui aurais fait voir du pays", "élevée par des imbéciles". L'évocation de son infidélité et de celle de son mari, de leur libertinage, est aussi amusante (comique de moeurs) puisqu'elle s'adresse à un religieux qui doit valider les serments du mariage.
b) les personnages : la Maréchale domine le dialogue. Elle pose les questions. Elle argumente. Elle propose même sa thèse dans le passage suivant : "la nature (...) a fait des organes différents de ceux des hommes, mais en nous rendant nécessaires les uns aux autres..." Comme souvent à l'époque des Lumières, la raison s'appuie sur la nature. Elle emploie aussi de nombreuses questions rhétoriques afin de convaincre : "Sommes-nous des esclaves ?" Elle met en parallèle sa situation et celle de la femme de l'évangéliste, "une bien bonne créature", qu'elle méprise ironiquement. L'abbé est d'abord outré, comme le montre l'exclamation, mais il se "soumet" très vite. La maréchale fait donc un plaidoyer en faveur des femmes, mais elle blâme aussi le comportement des hommes (...)
[...] Les procédés oratoires comme les nombreuses formes interro-négatives, les parallélismes et les anaphores, N'est-ce pas assez . N'est-ce pas assez . Ne suffit-il pas . renforcent son plaidoyer. Elle utilise également de nombreux euphémismes, maladie de neuf mois incommodités très désagréables douze maladies afin d'insister sur le fait que les femmes ont une destinée plus difficile et qu'elles ont donc plus de mérite que les hommes. Les mises en parallèle et les oppositions, dans tout le texte, soulignent la validité de sa thèse : elle oppose Saint-Paul et son mari, au profit de ce dernier, elle décrit longuement la souffrance des femmes et ridiculise l'attitude des hommes, elle met enfin en parallèle ceux qui gouvernent, au profit d'une princesse éclairée. [...]
[...] Mais voilà une plaisante raison pour que j'aie un maître ! Quoi ! Parce qu'un homme a le menton couvert d'un vilain poil rude, qu'il est obligé de tondre de fort près, et que son menton est né rasé, il faudra que je lui obéisse très humblement ? Je sais bien qu'en général les hommes ont les muscles plus forts que les nôtres, et qu'ils peuvent donner un coup de poing mieux appliqué : j'ai bien peur que ce ne soit là l'origine de leur supériorité. [...]
[...] Encore s'il s'était contenté de dire : Soyez douces, complaisantes, attentives, économes, je dirais : Voilà un homme qui sait vivre ; et pourquoi soumises, s'il vous plaît ? Quand j'épousai M. de Grancey, nous nous promîmes d'être fidèles : je n'ai pas trop gardé ma parole, ni lui la sienne ; mais ni lui ni moi ne promîmes d'obéir. Sommes- nous des esclaves ? N'est-ce pas assez qu'un homme, après m'avoir épousée, ait le droit de me donner une maladie de neuf mois, qui quelquefois est mortelle ? [...]
[...] L'abbé est d'abord outré, comme le montre l'exclamation, mais il se soumet très vite. La maréchale fait donc un plaidoyer en faveur des femmes, mais elle blâme aussi le comportement des hommes, or elle est face à un homme qui est mal à l'aise parce qu'il n'a rien à lui objecter, et on sent bien que l'auteur s'en amuse dans la dernière phrase. la satire : Par l'intermédiaire de son personnage, l'auteur indique l'origine de cette inégalité ; leur supériorité provient de leur force et de leur brutalité. [...]
[...] Commentaire composé : Introduction : Voltaire (1694-1778) est un des grands philosophes de l'époque des Lumières, auteur de contes, de pamphlets, d'essais et d'une œuvre assez engagée où la satire est omniprésente. Dans ses Mélanges, pamphlets et œuvres polémiques (1759-1768), il traite de nombreux sujets, argumente et propose une réflexion souvent polémique pour faire ressortir le bon sens, la justice et la tolérance. Ce texte narratif propose un dialogue amusant entre Madame de Grancey et un abbé, par le fait qu'elle remet en cause avec autorité les saintes écritures pour défendre la condition féminine. [...]
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