Dès l'entame de la poésie, Voltaire fait un pied de nez aux mythes antiques. S'il évoque l'âge d'or au début de son poème, c'est pour mieux le contester. Les auteurs antiques divisent en effet l'histoire de l'humanité en périodes successives : l'âge d'or sous Saturne et Rhée est un âge de justice et d'équité. A partir de la prise de pouvoir par Zeus, viennent des périodes de plus en plus sombres : l'âge d'argent, d'airain et de fer. C'est à l'âge de fer que l'homme commence un commerce qui ne peut que le perdre. Voltaire retourne donc le mythe en valorisant l'âge de fer et le commerce qui sont, selon lui, propices au bonheur (...)
[...] En effet, l'univers est une source féconde de plaisirs sensuels, d'où l'exaltation du poète d'être né dans ce siècle de bonheur. Notons d'ailleurs cette assonance que l‘auteur se plaît à faire résonner dans ses vers: abondance v.14, immonde v.13, ronde v.14. Le rythme binaire traduit, une fois de plus, le caractère inépuisable, sans cesse renouvelé, des douceurs offertes à celui qui sait les recevoir. S'ouvrir à la beauté du monde qui nous entoure est pour Voltaire la condition pour être heureux. [...]
[...] Mais ce concept est également contraire aux valeurs religieuses. En effet, Voltaire défie en quelque sorte la religion en prônant une vie matérialiste basée sur les plaisirs. Alors que l'Eglise défend un concept du bonheur, tel que celui-ci est fondé sur une vie d'austérité et de sacrifice. De plus, il évoque de manière implicite certains des péchés capitaux comme la gourmandise: Nos vins de France v.29, le goût v.11, l‘abondance à la ronde v.14. Voltaire va même plus loin dans la provocation en déclarant être satisfait de vivre dans un monde profane Cette affirmation péremptoire s'inscrit d'ailleurs juste avant l'énumération de biens matériels. [...]
[...] De plus, syntaxiquement, la partie du poème consacrée à l'époque antique est seulement axée autour d'un verbe: veut v.1. Alors que la partie consacrée à l'âge de fer en est, au contraire, très riche: naître v.6, aime v Enfin, Voltaire se contente d'énumérer par le lien de la conjonction de coordination et les principales divinités de l'âge d'or. Cette simple énumération affaiblit les symboles de l'antiquité car l'auteur n'y prête pas intérêt. Volontairement, Voltaire ne s'attarde sur aucune d'entre elles, rendant cette description monotone et non propice au bonheur. [...]
[...] Cela montre une ouverture du monde au commerce ainsi qu'une époque de progrès favorable au bonheur. Voltaire a donc, ici, utilisé une argumentation astucieuse. En effet, en faisant une démythification de l'âge d'or au profit d'un éloge de l'âge de fer, il prépare le terrain pour un concept du bonheur singulier et provocateur. Selon Epicure, le bonheur est une vie fondée sur les plaisirs. Mais pour y accéder, il faut d'abord se débarrasser de ces maux que ce sont la crainte de Dieu et la peur de la mort. Voltaire va s'inspirer de cette philosophie. [...]
[...] Ensuite, on décèle un champ lexical de l'abondance et de la richesse, tels que les ornements» v.11, l‘abondance v.14, v.18, les trésors v.18, le superflu v.22. De plus, le mot luxe apparaît deux fois dans le poème: vers 9 et 2O. Voltaire nous dessine donc une époque de luxe, propice au bonheur. On décèle également un lexique mêlant plaisirs des sens et plaisirs esthétiques : la propreté v.11, le goût v.11, les ornements v.11. Le mot plaisir apparaît même trois fois: vers et 2O. [...]
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